Chantier extension : Adobe (brique de terre crue)

Merci à Andréa, Thierry, Laurent, Mélina, Coralie, Aurélie, Hervé, Amandine, José, Marie, Marion qui était présent pour ce chantier efficace et joyeux !

Pour la partie cellier (~4m2), le souhait était de partir sur des murs non isolés, pour faire une pièce type « cave ». On cherchait de l’inertie plutôt que de l’isolation, pour aller vers une température stable. Dans ce cellier, il y aura un garde-manger semi-enterré, un autre ventilé (avec prise d’air et évacuation dédiée), des étagères pour les courges, patates… Et des toilettes sèches ventilées elles-aussi (prise d’air et évacuation dédiées, séparées du côté alimentaire…).

Par chez moi (les marais), on ne construit pas de cave parce que les sols sont gorgés d’eau, et nous avons de plus en plus de mal à conserver nos aliments avec une température stable/fraîche en hiver et encore plus en inter-saison avec notre réfrigérateur low-tech.

Pour garder la fraîcheur, on a donc construit cet espace cellier au Nord (quasi aucun mur en contact direct avec le soleil l’été), isolé et ventilé en toiture (toiture froide), avec des murs en terre de 15cm d’épaisseur, ce qui devrait lui donner pas mal d’inertie.

Pour ces murs en terre, nous sommes partis sur des « adobes ». Ce sont des briques de terre « crue ».

‘«Test résistance d’une adobe

Pourquoi les adobes et pas des BTC (briques de terre compressé) ? Parce que j’avais déjà fait des BTC sur des chantiers et que je n’avais jamais fait d’adobes (faut innover 🙂 ) ; et que le côté « sans machine », au rythme des bras, ça me plaisait bien… Et puis j’ai vécu un chantier avec une presse à BTC pas top : un mélange pas simple à trouver et la production n’était pas dingue….

Format d’adobe

Pour des adobes, on peut choisir le format qu’on souhaite. Le moule est très simple à fabriquer, c’est donc très souple. Mais je suis parti sur une forme « classique » et j’ai fais une série de moules « modulaires » à la mode ©kapla où 3 briques à plat = 1 brique en hauteur, 2 briques sur champ = 3 briques à plat… Bref, un truc qui peut s’assembler dans pas mal de sens (voir illustration). Pour mon usage, ça donne des briques de 15x31x9.66cm, ce qui représente déjà un poids intéressant/conséquent.

Moules

Pour la partie moule, je suis passé par 2 étapes. L’idée du moule c’est qu’il permette le démoulage facilement… faut que ça glisse… J’avais une vieille table de caravane, c’est 2 couches de revêtement lisse (imitation bois) et du carton au milieu. J’ai découpé et isolé le revêtement lisse, que j’ai ensuite plaqué contre des planches de palettes. C’était long et moyennement « parfait » (déjà que les briques en séchant on est loin d’une tolérance au mm… si on part d’un truc pas parfait, on augmente la tolérance).

Mais mais mais… il me manquait des moules ! j’ai donc fini par acheter une feuille de contre-plaqué en peuplier filmé (pour coffrage) (~35€). C’est devenu beaucoup plus simple de faire les moules, rapide et aussi plus « glissant » pour le démoulage : c’est TOP ! D’ailleurs on a finalement utilisé que ça…

Mélange

Après plusieurs essais nous avons 2 recettes qui marchaient bien. En volume ça donnait :

  • 1 terre, 1 sable, 1 paille
  • 2 terre, 1 sable, 1 paille

La seconde, avec 2 terres, était beaucoup plus serré, ne poudrait pas… c’était beau… on était parti là dessus. Mais on devait être à la limite de « trop d’argile »… quand on a fait les tests, c’était l’hiver : le temps de séchage était long (et plus c’est long, mieux c’est pour le séchage de la terre) ; quand on a fait de nouveau tests début de printemps, lors de belles journées chaudes et ensoleillées, les quelques briques produites on fissuré très vite avec le soleil. On a donc joué la sécurité, et on a fait la version moins serrée, qui poudre un peu plus à l’abrasion mais ça reste acceptable : 1 terre 1 sable 1 paille.

On met ~1h pour faire 10 poubelles de mélange à 2 (1 personne au malaxeur et l’autre à apporter la matière). On double la recette dans une poubelle de 80L ; et une recette – 1 terre 1 sable 1 paille – avec pour volume de référence un seau de maçon de 10L nous permettait de faire environ 5 briques du format 15x9x31.

La texture pour les adobes n’est pas simple. Pour la mise en œuvre dans les moules, il faut une texture « plastique ». Si c’est trop liquide, en démoulant, la brique va s’affaisser sur elle-même ; si c’est trop sec, le moule va être difficile à remplir complètement, il y aura des trous, du vide…
Pour ma part, j’ai préparé un mélange plutôt humide pour que ça se brasse bien avec la paille au malaxeur, et je l’ai ensuite laissé sécher une semaine. Mais au bout de 3 jours déjà, c’était sec… Après une semaine, c’était trop sec, et pas l’ensemble du mélange n’avait pas séché de manière uniforme… donc il a fallu remouiller, brasser le mélange juste avant l’étape de fabrication.

Air de séchage

Autant les BTC, il faut une machine, autant les adobes il faut de la place… Dans les pays chauds, ça se pose dehors, mais chez nous il faut envisager la pluie en plus du sol plat. Avec mes tréteaux de maçon et les chutes de bois de l’ossature, j’ai créé une table sur laquelle je suis venu poser des palettes de récup et des feuilles de CP ~4mm. Idem au sol : palettes et CP. Ainsi, on avait 2 étages de briques possibles. Par-dessus, j’ai couvert d’un bac acier et d’une chute de bâche de serre agricole.

Fabrication

Pour la fabrication, on a fait un petit chantier participatif, on était 5 à 6 à faire des adobes. J’avais préalablement préparé le mélange avec des copains, donc il n’y avait pas de machine à tourner. On est face à face à faire les adobes dans les moules, c’est l’occasion de papoter tranquillement… C’était chouette !

On fabriquait, à la cool, ~30 briques par personne et par jour (journée cool : 9h-12h & 12h-17h avec des poses au milieu).

C’est long mais satisfaisant parce que le produit « fini » sort vite. L’étape du démoulage provoque beaucoup d’enthousiasme (au moins pour les premières séries !).

Il y a peu de « ratés », c’est même plus facile que des enduits terre au dire des participants du chantier.

Les briques ratées peuvent toujours repartir dans le mélange en étant ré-humidifiées. Et de mon côté, c’était le même mélange pour les briques que pour les enduits, donc la fin des adobes a fini dans l’enduit de corps.

Séchage

Les briques doivent être démoulées « en place ». Contrairement aux BTC, elles ne peuvent pas être déplacées tout de suite (ici, bon point pour les BTC sur le côté stockage post-production).

Environ 3 jours après avoir démoulé les adobes, il faut les mettre sur la tranche pour éviter qu’elles ne sèchent en « banane » (que les 2 extrémités ne remontent), et pour maximiser les surfaces d’échanges d’air.

Maçonnerie

Environ 10 jours après fabrication, elles peuvent être maçonnées (même si ce n’est pas sec à cœur, c’est manipulable). Un mélange « terre-sable » le plus proche possible du mélange qui constitue les adobes, offrira la meilleure adhésion pour faire un mortier. La terre ici a été tamisée à 0-4 pour éliminer les gros grains.

Pour le côté anti-sismique (nous sommes en zone 2/3), nous avons ajouté du « Nergalto » (trame métallique) sur la lisse basse pour augmenter la surface de frottement entre le mortier terre et la lisse.

Ensuite, ça se maçonne comme n’importe quelle brique, sauf qu’elles sont plus irrégulières… certaines avaient « banané » en séchant, d’autres non ; un peu ont eu du retrait, d’autres non… globalement pas vraiment d’angles droits :-p bref faut pas être très exigent sur la finition… On s’est donné un point fixe au milieu de la brique pour le réglage du niveau, en considérant l’ensemble du mur aligné au nu extérieur du mur. Le joint doit faire ~1cm… bon nous, on a été un peu généreux là-dessus.

J’ai mis des voliges de bois pour marquer l’angle, ça permet de se poser dessus avec les briques, de faciliter l’aplomb pour que les apprentis maçons que nous sommes en chantier participatif puissent avoir des repères simples. J’avais mis aussi d’autres repères pour l’aplomb, pour faciliter le montage.

On monte environ 30 briques par personne et par jour en chantier participatif.

Si c’était à refaire

Je suis très content d’avoir fait des adobes. Pour un aspect fini, si ça doit rester brut, c’est sûr que les BTC c’est plus « propre ». Je ne suis pas sûr qu’on aille plus vite a faire des BTC que des adobes. Le côté fibré me rassure un peu, et le côté sans machine me convient mieux (si la machine tombe en panne c’est terminé ; le coût de la location, et avant, celui de la fabrication de la machine, ne sont pas nuls). Le côté « primitif technologie » se sent dans le rendu final, mais j’aime bien l’aspect « brut ».

Pour le montage du mur, vu que les BTC sont plus constantes/régulières, ça me semble plus facile à monter.

Timelaps

Documentation

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