Paillourte, 5 ans après

Je poursuis dans la même dynamique, celle de fournir des retours d’expérience pour faire avancer (trop de récits de construction s’arrêtent à la fin du chantier ; alors que moi ce qui m’aurait intéressé, c’est le X ans après, les regrets, les fausses bonnes idées…), je fais suite à mon article La paillourte ~2 ans après.

Même si j’ai pas grand chose à rajouter de plus que ce qui avait été dit dans l’article « 2 ans après… » ça vaut le coup de dire aussi « ça va, on est globalement très content » et dans le détail :

Les plinthes en terre-chaud : c’était globalement une bonne idée sur du rond, pas trop pénible à faire… et ça tient dans le temps. On a juste 2 petits points ou ça s’effrite sous le bureau, ou les pieds traînent souvent…

Peinture cuisine . Sur les meubles, on avait fabriqué une peinture à base d’œuf, vin, lait, et pignent (issue du livre « peinture – recettes maison »). On a fini par acheter une peinture dans un magasin de matériaux écologiques, qui promet 99,9% de produits naturels… ça tient mieux avec les 0,1% de trucs cochon, parce que notre peinture 100% naturelle ne tenait pas très bien (surtout autour des poignées : avec les ongles, il y a de l’abrasion…) et n’était pas lessivable (au bout d’un moment, aux points de contact, ça noircit un peu…)

Avant :

Après :

Plan de travail de la cuisine : il était « trop court ». La poignée du tiroir allait au-delà du plan de travail, ce qui fait que les miettes avait tendance à tomber dessus lorsqu’on le nettoyait.

Retouches fraîches de tempera, dans 3 semaines on ne les distingue plus…

La dalle en terre : on est toujours aussi content de la tempera dont nous avions parlé ici. La dalle terre c’est toujours fragile, mais ça se retouche bien… tous les 2 ans il y a ~2h de rebouchage terre et ~1h de petite retouches de tempera… Au bout de quelques semaines, on ne voit plus les retouches du tout.

Tomettes : c’était de l’occasion et, en plus, on a fait les cochons à la pose (frapper dessus alors qu’un peu de sable était en surface, ça marque…) donc on dirait qu’elles ont 40 ans :-/ bon, ça vit…

Portes : je regrette de ne pas avoir mis le prix dans les portes. Le slogan de la marque achetée, c’est « y’en a pas deux », mais on sait bien pourquoi… Elles sont difficilement réglables et je pense qu’entre l’été et l’hiver, la paillourte bouge, légèrement mais suffisamment pour dérégler les portes… ça frotte un peu quoi… Bon rien de dramatique, c’est juste pas satisfaisant des portes qui frottent. Un jour, je changerai peut être les charnières pour des charnières réglables ou tournevis, ça évitera des heures à dégonder, régler, re-gonder…

Globalement ça va…

Oui parce que ce qui est dit, ce sont des points de détails, globalement : tout va bien, la Paillourte est en « bonne santé »…

  • On a pas trop chaud en été ;
  • On a pas trop froid en hiver (l’hiver dernier, 0,7 stère de bois brûlé, 5cl de suie au ramonage annuel..) ;
  • La maison est belle (c’est aussi le retour des gens qui passent…) ;
  • … bref on est content…

Si vous voulez un retour sur un point particulier, dites le en commentaire.

La paillourte ~2 ans après

Cela fait presque 2 ans maintenant que nous avons emménagé dans notre paillourte.

Globalement on est hyper content, c’est confortable, agréable à vivre, rien n’a bougé, ça ne nous est pas tombé sur la tête (c’était une peur, exprimée ici).

État des lieux

Les enduits

Hyper content des enduits, ça n’a pas bougé d’un iota, c’est beau… Autant ceux de l’intérieur que ceux de l’extérieur.

On m’avait venté les bienfaits de la terre pour la régulation hygrométrique. Ça par contre, je ne l’ai pas constaté. Notre maison est même plutôt humide… mais c’est peut-être (certainement) dû à l’environnement marécageux où nous nous sommes installés (l’eau est à 20cm sous le niveau du sol l’hiver, alors tu peux drainer autant que tu veux, c’est humide…).

La paille

Juste avant de revendre mon humidimètre pour paille (re – c.f. article « après 1er hiver« ), j’ai fait des trous dans les murs pour être sûr :-p (le parano…) et c’est (encore) plutôt positif : ~14% d’humidité (encore plus sec qu’avant)

Il aurait été vraiment bien que je retourne voir sous l’EPDM du toit, pour tester l’état de la paille en toiture. Mais c’est pas mal de travail de virer couche par couche la toiture végétalisée, je n’avais pas le courage… Je l’avais déjà fais après le premier hiver, et c’était aussi plutôt hyper encourageant.

Les portes

C’est mon principal regret sur cette maison : ne pas avoir mis le prix dans de bonnes huisseries. Ce sont des portes Lapeyre parce que c’était les seuls à faire des portes en bois non exotique (en chêne en l’occurrence) pas trop chères. Sauf que « Lapeyre y’en a pas deux » et on sait pourquoi…

Résultat : elles ont beaucoup bougé/travaillé, le bois est « si fin » qu’on avait de la condensation qui se formait (principalement sur le dormant) et qui venait tremper le seuil en douglas.

Pour palier partiellement à ce problème, j’ai isolé le dormant des portes par l’extérieur. J’ai vissé des morceaux de plaques de liège, que j’ai tramé puis enduit d’une petite couche d’enduit de finition directement.

Depuis, le problème de condensation sur le dormant a complètement disparu. L’ouvrant condense lui un peu mais beaucoup moins. La conception de ces portes reste tout de même à revoir. Le seuil est en alu, il condense, et là je ne sais pas bien ce que je peux y faire… Du coup on a aussi protégé le douglas sur le seuil. Mais cet hiver, on a pas remis de serpillière en bas de nos portes donc ce qui reste de condensation est acceptable…

Le sol

Le sol, c’est compliqué de faire quelque chose de pérenne (sans trop d’entretien) et d’écologiquement soutenable…

Dalle terre

C’est le GROS GROS point noir/pénible. Déjà la mise en œuvre n’a pas été chose simple (grosses fissures). Et elle s’est dégradée à vitesse grand V… Pourtant on est toujours en chaussettes/chaussons/pieds nus dessus… La couche de protection finissait toujours par disparaître très vite. A noter que la cire, option de protection choisie en n°1, demande de nombreuses passes pour constituer une protection résistante. Deux ou trois ne suffisent vraisemblablement pas. Résultat : plus d’étanchéité ET l’abrasion faisant (à force de marcher dessus), de petits grains de sable contenus dans la terre finissaient par se détacher puis accélérer l’abrasion du reste de la dalle… bref une sorte de boucle pas chouette… Donc après plusieurs tentatives de réparation + cire à nouveau, nous avons choisie l’option n°2 : la tempera. Nous avions fait des tests, des petits carrés de chaque option, restés cachés depuis tout ce temps sous notre paillasson. Les tests à la cire ont souffert de l’abrasion (la poussière et la terre coincés sous le paillasson qui entrent en frottement à chaque essuyage de pied). La tempera, elle, n’a pas bougé. En gros c’est de l’huile de lin, de l’œuf et des pigments (bien choisis). La recette a été tirée du livre « Les sols en terre » et les pigments on été acheté… chez Av Jord, fournisseur suédois, selon les conseils du livre.

Mise à jour 11/2021 par Marion :

Initialement, nous avions traité la dalle à la cire – en quelques couches, mais pas assez. Peut-être qu’avec 15 couches ça aurait été, mais on n’a pas testé, et la cire c’est pas donné.

Alors que ce premier essai de traitement de surface nous avait vite amenés à vivre sur de la terre presque battue – en tout cas et passés les 6 premiers mois, on avait les chaussettes oranges systématiquement – la tempera paraît bien plus prometteuse. Après une dizaine de mois :

  • nos chaussettes gardent leur couleur,
  • la serpillière peut être passée sans abîmer le traitement de surface ;
  • pas de creusement de la surface (avant, les endroits passagers étaient bien plus marqués que les autres : ils poudraient, et nous emmenions la matière derrière nos passages répétés, ce qui avaient pour effet d’accentuer le phénomène)
  • c’est facile et agréable à appliquer, en une couche d’huile de lin chauffée + 2 couches de primaire + 2 couches de finition.

C’est pas magique non plus :

  • Difficile d’éviter les poques, si un objet lourd tombe sur la dalle, il y a de grandes chances pour qu’elle s’enfonce à cet endroit.
  • Si reprise il doit y avoir, il faut éventuellement reprendre avec un peu de terre pour réparer, puis préparer la tempera à nouveau (primaire + finition) pour parfois un rien du tout. Pour m’éviter des surprise de différence de teinte, j’ai utilisé des sachets de pigments prêts à l’emploi de chez Avjord (bémol, c’est pas local, et c’est en suédois :-)), dont la créatrice semble une référence en la matière.

Conclusion : à ce jour, je pourrais bien plébisciter une dalle en terre auprès des nouveaux constructeurs… ce qui n’était pas le cas les 6 premiers mois de sa vie…

Tomettes

Nos tomettes se portent mieux que la dalle terre. Ceci-dit, par certains aspects, elles ne sont plus bien neuves. Au départ nous avons essayé de les saturer de lait entier pour éviter qu’elles ne tâchent, mais on s’est vite aperçu qu’il fallait y revenir souvent, très souvent, trop souvent….. On est donc passé à l’huile dure. Deux couches avec entretien au savon noir. Après quelques mois, la tomette nécessite une nouvelle protection. Marion, qui a traité les tomettes : « si c’était à refaire, je crois que je passerais de la bonne vieille huile de lin en un bon nombre de couches (10 ? 15 ?), une bonne fois pour toutes, pour imbiber les tomettes et ne pas les traiter qu’en surface ».

C’est sûr qu’avec une couche d’acrylique (comme c’est beaucoup pratiqué), ça n’aurait pas trop bougé… mais bon c’est cochon…

Le toit

La charpente est toujours aussi belle. Le bois (certainement plutôt les voliges) craquouillent de temps en temps, mais c’est la vie du bois, il faut s’y faire.

La toiture végétalisée a pris, tranquillement, chaque saison apporte sont lot de changements, le premier printemps, on a eu beaucoup de coquelicots, maintenant quasi plus, les plantes grasses ont pris le dessus / occupent l’espace… C’est chouette, c’est beau, voilà quelques photos :

Et si c’était à refaire

On me pose souvent cette question, et je ne sais jamais vraiment quoi répondre… C’est sûr que je ne referai pas de paillourte, mais c’est aussi parce que j’en ai déjà fait une… et j’en suis fière, je la trouve belle, c’était une aventure enrichissante. Je pense en tout cas que je mettrais les bottes à plat plutôt que sur champ comme j’ai fais (dans les livres, c’est plutôt de la paille à plat) parce que ça a occasionné beaucoup de peurs / de déformations du mur pour gagner quelques m2… le jeu n’en vaut pas la chandelle. La charpente réciproque serait aussi à questionner. Je lui trouve autant d’avantages que d’inconvénients :

  • C’est magnifique (c’est la première chose sur laquelle bloquent les gens quand il rentre dans la maison…)
  • C’est cohérent avec la paille porteuse et le fait de ne pas mettre de lisse haute (pour un rond seulement) car elle tolère de grosses différences de hauteur entre 2 perches (~1m), ce qui lui donne souplesse et tolérance par rapport au mur.

MAIS :

  • C’est très pénible à couvrir/isoler parce que plutôt tordu…
  • Cela impose beaucoup de contrainte par rapport à la couverture / l’étanchéité… d’ailleurs je ne sais pas bien ce que j’aurai pu faire d’autre qu’une toiture végétalisée là-dessus (et je ne suis pas du tout convaincu de l’aspect écologique/durabilité d’une telle toiture).

MAIS : je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre / de mieux qu’une charpente réciproque dans ce contexte…

Résultat : j’en sais rien… C’est fait !

Bonus, la paillourte sous la neige

Petit bonus exceptionnel (tous les ~10 ans), de la neige en loire atlantique :-o, ça valait bien quelques photos :

Enduits de finition

Les enduits de corps étant secs, on attaque les enduits de finition.

Pour l’intérieur comme pour l’extérieur nous avons un enduit de finition d’1cm d’épaisseur. Pour un enduit d’1cm, selon une règle de maçon, il ne faut pas que la charge la plus grosse excède 1/3 de l’épaisseur de l’enduit. Donc ici la charge la plus grosse devait être de ~3 à 4 mm maxi. Les implications :

  • Tamiser la terre à 0-3 et là c’est toute une histoire, compter entre 1,5 et 4heure de travail (dépend de celui qui le fait) pour ~7,5L de terre à tamiser à 0-3. Pour notre petite maison ça a été ~2 semaines de préparation…
  • Trouver du sable 0-2 (c’est plus fin, ça fait de suite plus joli)
  • Trouver de la paillette (paille hachée très très fin). On a pas réussi à obtenir un truc suffisamment fin avec la tondeuse / le rotofil… Donc on l’a acheté. Au final on a eu besoin d’1/2 m3 pour tous les enduits intérieur/extérieur. Mais ça n’a pas été simple à trouver. C’est utilisé dans l’agriculture pour les logettes des bovins. La notre vient d’Il-et-Vilaine. Merci Charlène.

Comme pour les enduits de corps, plusieurs tests on été faits afin de trouver le bon mélange avec notre terre (qui ne fissure pas trop, qui ne poudre trop…). Attention à bien faire des tests de 1m x 1m, on s’est fait avoir avec un test plus petit, ça semblait ok mais en plus grand ça tire pas de la même façon… Nous on a fait un bout de mur test carrément après les petits tests.

Juste avant de commencer les enduits, on oublie pas de bien mouiller le mur pour l’accroche.

Enduits de finition intérieur

Voici la composition du mélange que nous avons appliqué :

  • 5 volumes de terre tamisée à 0-2
  • 1 volume de paillettes (paille hachée très fin)
  • 1 volume de sable 0-4
  • De l’eau

A ne pas reproduire sans test, lisez le début de cet l’article pour comprendre…

L’application s’est faite à la truelle. L’enduit à ensuite été resserré à la lisseuse / au platoir.

On avait tellement peur que sa poudre que là il a été clairement trop chargé en liant, du coup il a fallu passer plusieurs heures à resserrer le mur à la lisseuse, car il y avait plein de micro fissures. C’est pas dramatique pour l’enduit intérieur parce qu’il est en terre et qu’il n’y a pas de chaux, ça reste souple longtemps, on a le temps de repasser pour resserré… Mais pour l’enduit extérieur (avec chaux), on va être plus vigilant parce qu’on pourra pas resserrer….

Temps passé : 21 jour-homme

Il y aura un traitement de surface mais ça sera l’objet d’un futur article…

Enduit de finition extérieur

Voici la composition du mélange que nous avons appliqué :

  • 4 volumes de terre tamisée à 0-2
  • 1,5 volumes de chaux
  • 2 volumes de paillettes (paille hachée très fin)
  • 3 volume de sable 0-4
  • De l’eau

A ne pas reproduire sans test, lisez le début de cet l’article pour comprendre…

L’application s’est faite à la truelle et on a adopté la taloche éponge pour la finition. Ça fait ressortir le grain du sable.

Temps passé : 17 jour-homme

Merci à Bérangère, Emmanuelle, Emmanuel, Japy, Juan, Mijo, Véronique, Sarah, Olivier, Anne-Laure, Noëlla, Audrey, Martin, Robin, Nathan, pour leur aide à ce bel ouvrage !

Dalle terre de finition

A lire : retour d’expérience 2 ans après : https://david.mercereau.info/la-paillourte-2-ans-apres/#Le_sol

La dalle terre, suite : après la couche de corps nous voilà aux finitions.

Retour couche de corps

D’abord un petit retour sur la dalle de corps : elle manquait cruellement de liant (argile) et était beaucoup trop chargée. En effet, du sable pouvait partir indéfiniment en passant le balai… Ceci étant, on l’a maltraitée parce que c’était encore « chantier » et qu’il y avait à faire dans la paillourte et que, de toute façon, on savait bien qu’on allait faire une couche de finition, donc qu’importe.

La recette

  • 5 volumes de terre tamisée à 0-10mm
  • 2 volumes de sable 0-4

Le tout mélangé au malaxeur… Pas trop humide. J’ai même fait le mélange 3 jours en avance pour qu’il ait le temps de sécher un peu (c’est plus facile de tamiser bien humide et on veut un mélange qui ne le soit pas trop…).

A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…

Pour la mise en œuvre, on s’y est pris de la même façon qu’avec la dalle de corps (voir le schéma ici) : on a placé des plots (3 volumes de sable pour 1 volumes de chaux) en périphérie, bien de niveau, ainsi qu’un plot central. Ensuite on est venu poser une plaque de bois en « lune » sur ces plots. Le haut de la plaque de bois correspond au niveau fini. Ensuite, on tire à la règle de maçon le mélange.

Pour couler les plots je dépose une « bousée » de mélange, je pose un morceau de bois et mon niveau, je tapote jusqu’à arriver au niveau souhaité et voilà…

Merci à Bérengère, Florian, Jérôme, Anne-Laure, Emmanuel, José, pour leur aide précieuse

Temps passé : 15 jour-homme

Mais mais mais… ça fissure…

Oui parce qu’autant la couche de corps manquait cruellement d’argile pour que ça se tienne convenablement (que du sable ne se détache pas indéfiniment quand tu passes le balai), autant pour la couche de finition il y a eu la dose en argile. Deuxième écueil : plus le granulat est fin, plus l’épaisseur doit l’être (la granulométrie max ~1/3 de l’épaisseur). On était juste juste, ce qui a pu amplifier la fissuration.

Après de multiple tests pour boucher ces fissures (et qu’elles ne réapparaissent pas) la méthode a été d’injecter de la barbotine dans la fissure, puis de taper à la massette sur celle-ci, et enfin d’ajouter de la matière par dessus et de lisser le tout…

Voilà ce que ça donne après 4 semaines de tentative de réparation / réparation…

Ensuite, elle a été cirée à la « cire punique » (cire d’abeille sans résidus saponifiée) pour la rendre étanche (pouvoir passer la serpillière sans que ça redevienne de la gadoue…).

Observation / retours expériences

C’est fragile ! Peut être un peu plus qu’un parquet en sapin (quoi que…) c’est donc fait pour marcher sans chaussure.

Si vous faites des tests, le durcissement est long, au bout de 2 mois c’est vraiment plus dur.. On a essayé avec un peu de chaux pour la durcir, la rendre moins fragile, mais ça a l’inconvénient de poudrer s’il y a un poc, alors qu’avec la terre ça marque mais pas plus ET ça se retravaille facilement si elle s’abîme. Avec la chaux, c’est irréversible et donc plus difficilement réparable….

Quelques tests à l’huile de lin & autres additifs mais rien de concluant : séchage plus lent, pas plus solide, altération de la couleur…

On nous a déconseillé d’ajouter de la paille dans cette finition terre au sol par crainte de pourrissement.

Faites des tests « en grand » (pas juste des carreaux de 40cmx40 comme nous…) c’est pas significatif sur les fissures parce que ça travaille pas du tout de la même manière en grand…

Pour la dalle de finition 3cm c’est trop : 1,5 à 2cm ça aurait été suffisant. La couche de finition c’est plus long à préparer – tamisage fin – et à mettre en œuvre que la couche de corps.

Chantier dalle terre crue, couche de corps

Dans notre paillourte, nous avons réalisé une dalle en terre crue. Cet article traite de la couche de corps (~7cm). Une couche de finition (~3cm) sera appliquée dans quelques mois, elle recevra un traitement naturel de surface durcissant. Si vous voulez découvrir la dalle en terre, une petite vidéo bien montée de la revue « la maison écologique » est disponible ici même.

Préparation

Tests

Des tests sont indispensables pour ce type de réalisation : la teneur en argile variant énormément d’une terre à l’autre, il me semble périlleux d’utiliser une recette trouvée dans un bouquin ou sur internet sans l’avoir testée préalablement (minimum 10 jours avant pour avoir une idée du résultat sec). Nous avons réalisé 3 tests de recettes en « maquette » (1m x 50cm). Il me semble judicieux de sélectionner celui qui n’a pas fissuré et qui a quand même une bonne cohésion (pas trop de grain de sable qui se détache en passant la main une fois sec).

Mise à niveau

Sous la dalle, il y a le Misapor (dont j’ai déjà parlé ici), nous l’avons mis de niveau avec mon super niveau à eau numérique (dont je me suis beaucoup beaucoup servi durant ce chantier), puis damé avec une plaque vibrante thermique louée 20€ la journée pour l’occasion.

Plots pour le lit mezzanine ++

On va se faire un lit mezzanine ++ en torchis. Vu que ça risque de peser et que les dalles en terre ne sont pas réputées pour la tenue à la compression, on a coulé des plots de béton chaux-sable-gravier dans des coffrages à l’endroit où descendront les poteaux. Les plots sont larges car pas si profonds (40cm x 40 cm x 20cm) parce que je voulais qu’il reste du Misapor en dessous, histoire d’avoir une continuité dans l’isolation et d’éviter les remontées capillaires.

Plots pour tirer la dalle de niveau

Pour poser une dalle de niveau, on le fait généralement à la règle de maçon. Pour une maison ronde, rien de plus naturel que de tirer la dalle en rond toujours… On s’est servi de chutes de la lisse basse, qui avaient la bonne courbe du mur, comme support pour la règle. On a coulé des plots (toujours en béton de chaux) – au niveau du sol attendu pour cette couche moins l’épaisseur de la lisse – qui servent de support à notre chute de lisse. Au centre un petit plot avec un rond (toujours découpé dans une chute de lisse pour avoir la même épaisseur partout).

C’est parti !

Notre recette :

  • 2 vol 8-16 graviers
  • 1 vol 4-10 graviers
  • 2 vol 0-4 sable
  • 1,5-2 vol de barbotine (eau+terre argileuse tamisée à 0-20) la barbotine était de texture crème dessert
  • Un peu d’eau mais pas trop

A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…

En sortie de bétonnière on prend une boule dans sa main, on la sert fort : les cailloux doivent se coller les uns aux autres, mais le mélange doit être à peine humide (on doit quand même sentir de l’eau dans sa main). En lâchant cette boule (~50cm de haut) :

  • Si ça se désagrège en 4, 5 morceaux c’est parfait
  • Si ça s’aplatit c’est qu’il y a trop d’eau
  • Si ça se pulvérise en autant de morceau que de gravier c’est que c’est trop sec

On vient déposer une 1ère couche au sol de 3-4cm, damée au pisoir, puis on remet une autre couche pour arriver aux 7cm. Ensuite la dalle est tirée à la règle (on bouge la règle de droite à gauche et on avance doucement). On en remet si on est en dessous et on retire le surplus. De là, on taloche pour resserrer / refermer les imperfections.

A noter que ce sont des dalles plutôt fragiles, pas très résistantes au poinçonnage, ni à la compression. On peu pas trop y marcher en talons hauts quoi, il vaut mieux y marcher pieds nus, ça tombe bien, j’aime bien l’idée de garder les pieds sur terre.

Merci à Diane, Wiwi, Tiphaine, Aurélie, Pierre, Robin, Irma, Philippe, Thomas, Charlène, Max et Jess pour leur aide à ce belle ouvrage ! 🙂

Temps passé : 21 jour-homme

Enduit terre, couche de corps

Les enduits en terre c’est magique, c’est beau, c’est doux (courbe) c’est agréable à faire, à vivre (ça régule l’hygrométrie d’une pièce), c’est LE matériau écologiquement soutenable (pas/peu de transformation, si la maison est démolie, la terre retourne à la terre)… Mais pourquoi est-ce qu’il n’y en a pas partout ?

Pour la paillourte le choix qui a été fait c’est :

  • Enduit terre-paille sur les murs intérieurs
  • Enduit terre-paille-chaux sur les murs extérieurs

Ajouter de la chaux dans le mélange pour les enduits extérieurs garantie une plus grande résistance aux intempéries et donc une plus grande longévité des enduits dans le temps. De plus, des débords de toit importants (entre 80cm et 1m20) sont prévus, toujours pour des raisons de longévité.

Pour qu’un mur fonctionne bien au niveau de la circulation de la vapeur d’eau (perspirance), il faut qu’il soit plus perméable à la vapeur d’eau à l’extérieur qu’à l’intérieur (afin que l’eau soit encouragée à sortir…). La chaux, en NHL2, (et selon plusieurs sources verbales) semble être quasi aussi perspirante que la terre. Par sécurité, nous avons fait un enduit terre-paille intérieur plus épais que l’enduit terre-paille-chaux à l’extérieur, afin de maximiser ce phénomène de circulation de la vapeur d’eau vers l’extérieur.

La terre que nous avons utilisée n’est pas la terre du terrain, elle arrive de chez des amis qui on creusé une marre. Après test, cette terre était suffisamment argileuse, mais pas très homogène. Il aurait été (encore plus) pertinent d’utiliser la terre des fondations mais nous l’avons étalée pour relever le niveau du sol. Nous aurions pu nous faire une cave mais notre terrain est gorgé d’eau ou creuser une marre mais nous n’en avions ni la place ni l’envie. Si vous êtes dans ce type de cas, il est aussi parfois intéressant de s’acoquiner avec un terrassier ou un constructeur de piscine pour le dépôt d’un semi de terre (quand on creuse une piscine ça fait pas mal de terre…). Eux doivent payer le dépôt donc si vous êtes pas loin d’un chantier, ça arrange tout le monde…

Mise en œuvre

J’ai entendu je ne sais plus où qu’en paille porteuse, il est pertinent de faire les enduits des 2 côtés du mur (intérieur-extérieur) en même temps, afin d’éviter qu’en séchant le mur tire d’un côté et donc se déforme. Après réflexion et si le risque de déformation existe, il serait plus pertinent de faire les enduits intérieurs bien avant les enduits extérieurs car les enduits intérieurs mettent beaucoup plus de temps à sécher.

Pour faire nos mélanges, on a utilisé un malaxeur (oui des esclaves énergétiques). J’ai même essayé à la bétonnière mais sans succès, le mélange est trop fibreux, trop collant, c’est hyper pénible. Je parvenais à le faire à la bétonnière mais en mouillant beaucoup (trop) le mélange, si bien qu’il fallait attendre qu’il sèche avant application, avec le malaxeur plus de problème. Notez qu’on peut se passer d’outil et le faire avec les pieds (ou les mains qui sait..)

Notez qu’il y a autant de façon d’enduire en terre que de gens qui enduisent, voilà comment nous on a fait.

Les tests

Tests d’enduit intérieur

Des tests sont indispensables pour ce type de réalisation : la teneur en argile variant énormément d’une terre à l’autre, il me semble périlleux d’utiliser une recette trouvée dans un bouquin ou sur internet sans l’avoir testée préalablement (minimum 10 jours avant pour avoir une idée du résultat sec). Nous avons réalisé des tests de recettes en petit (20cm x 20). Il faut sélectionner celui qui n’a pas fissuré et qui a quand même une bonne cohésion (pas trop de grains de sable qui se détachent en passant la main une fois sec). Quand vous avez « la bonne recette », faire un test d’1m x 1m me semble judicieux. On l’a pas fait et on a eu des surprises (des fissures) les premiers bouts de murs, en effet la rétractation n’est pas le même sur une grande surface que sur une petite.

Préparation

La préparation au malaxeur c’est (très) physique. Les recettes d’enduits sont annoncées juste après. Mais je voulais aborder le dosage en eau. Pour avoir un enduit chouette à appliquer, j’avais 2 critères. Je prenais une poignée d’enduit que je « splatchait » dans ma main celle-ci devait :

  • Paume vers le ciel : rester ferme. Si la boule s’affaisse d’elle même c’est qu’il y a trop d’eau
  • Paume vers le bas : coller à la main. Si la boule ne colle pas c’est qu’il manque peut être un peu d’eau (ou pas assez d’argile mais ça normalement c’est une constante qui a été testée…)

Attention, quand vous ajoutez de l’eau au mélange, ça peut très très vite être trop avec pas grand chose… Allez y petit à petit, mélangez, testez…

Application

Si on applique la 1er couche d’enduit, il faut appliquer de la barbotine (mélange terre + eau bien liquide) sur le support (ici des bottes de pailles). Dans notre cas, on a veillé à ce que la barbotine pénètre bien dans les fibres de la botte.

Si on applique la 2ème couche d’enduit, on mouille la 1ère couche juste avant.

On commence le mur depuis le haut pour aller vers le bas. C’est pertinent notamment parce que si on fait l’inverse, on peut avoir tendance à faire porter l’enduit qu’on est en train d’appliquer à celui qu’on a posé juste avant, sans vraiment chercher à le faire coller sur le mur. En commençant d’en haut, on est obligé de bien coller sur le mur si on veut avancer / que ça tienne…

Le geste c’est :

  • On prend une poignée d’enduit dans la gamate
  • On la « splatch » sur le mur en l’accompagnant (on ne lance pas la boule à 3m du mur pour les copains autour…)
  • La paume de la main l’étale vers le haut puis l’étale vers le bas afin de « refermer » l’enduit. Il ne doit pas y avoir de « creux » mais un dégradé d’épaisseur

Un bon enduiseur ne touche que 2 fois son enduit… (dans les faits, c’est balaise…). Il faut par contre éviter de trop le « patouiller » (comprenez lui appliquer des petites pressions avec le bout des doigts) sous peine de faire entrer de l’air, et donc de décoller celui-ci.

On attend légèrement que ça tire (que ça sèche) et on taloche pour rattraper les creux/les bosses et ça referme encore un peu plus l’enduit.

Ensuite quand c’est encore plus sec mais encore un peu tendre on vient griffer l’enduit (nous ça a été fait au râteau) pour que la couche suivante accroche mieux.

Intérieur : Terre paille

Ce qui est bien avec les enduits terre-paille, c’est qu’on peut les préparer à l’avance et même si ça sèche un peu, on remouille et c’est reparti… 🙂

Le corps d’enduit est constitué de 2 couches de 2cm chacune (Attendre le plus possible entre 2 couches. Quand la couleur change et que l’enduit durcit, c’est ok pour la seconde couche. Chez nous, ça a pris 2 semaines). Une couche de finition de 2cm viendra mais plus tard, au petit printemps, quand ces 2 premières couches seront bien sèches à cœur (2, 3mois).

Notre recette :

  • 3 volumes de terre tamisée à 0-10
  • De l’eau
  • 1 volume de sable 0-4
  • 4 volumes de paille hachée à la tondeuse (2 passes)

A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…

Nous avions une terre amalgamée en bloc plus gros que 10mm avec un bon pourcentage de cailloux. Pour limiter les pertes, je mettais plutôt 4 seaux de terre à tremper dans l’eau le plus longtemps possible (pour que les blocs d’argile se délitent) avec quelques coups de malaxeur de temps en temps pour accélérer le travail. On tamisait donc la terre mouillée (barbotine épaisse), ce qui est plus lourd mais qui permet de limiter le « déchet » (toutes proportions gardées, on parle de terre et de cailloux). J’avais environ 1 seau de déchet, d’où mes 4 seaux de terre au lieu de 3 initialement prévus.

Extérieur : Terre paille chaux

C’est plus compliqué de préparer les enduits extérieurs à l’avance, la chaux hydraulique commence sa prise trop rapidement.

Notre recette :

  • 3 volumes de terre tamisée à 0-10
  • De l’eau
  • 1 volume de sable 0-4
  • 1,5 volume de chaux NHL2
  • 4 volumes de paille hachée à la tondeuse (2 passes)

A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…

Retour d’expérience

De l’air…

La 1ère couche a subi quelques déboires… En effet, un mauvais geste à l’application (et une préparation du mur pas assez rigoureuse en amont) a eu pour conséquence de laisser de l’air sous l’enduit. Donc à certains endroits, l’enduit n’accrochait pas le mur… Heureusement pour nous, le mur nous l’a dit : il a fissuré très rapidement à ces endroits-là, et une pression de la main suffisait à se rendre compte qu’il n’y avait rien derrière… Du coup on est passé partout pour vérifier, et on a gratté les bulles d’air. On a ensuite rebouché avec de l’enduit.

Le mauvais geste, c’est qu’on ne refermait pas l’enduit en bas (juste en haut) et comme on monte le mur de haut en bas, la bousée du dessous laissait parfois un peu d’air à l’application entre l’enduit et la paille.

Rattrapage de mur

On peut pas dire que nos murs étaient les plus droits du monde. Il y avait de la courbe, du creux, de la bosse (avant l’enduit). Il y avait beaucoup trop à rattraper avec de l’enduit pour arriver à un truc joli. Du coup, une amie spécialiste de la terre nous à conseillé de faire des « galettes ». On parle pas ici de galette au sarrasin, mais à la terre hein… C’est ce qui est utilisé pour retaper les maisons en bauge.

La galette c’est :

  1. Sur une table, poser de la paille (non hachée), les brins à l’horizontal
  2. Tartiner ça d’enduit
  3. Poser une autre couche de paille mais cette fois à la vertical (histoire d’armer le tout)
  4. Maroufler la paille dans l’enduit sur chaque face de la galette
  5. Face au mur, appliquer une fine couche d’enduit
  6. Appliquer la galette comme on appliquerait de l’enduit (on referme bien sur les côtés, on veille à ce qu’il n’y ait pas d’air en dessous…)

Ficelle des bottes sur champs

Nos bottes dans les murs sont sur champs. J’ai déjà évoqué les plus et les moins du choix sur champs/sur plat. Mais, en rond, sur champs j’avais sous estimé l’aspect pénible surtout pour l’enduit intérieur. En effet les bottes prenant le rond, elle se courbent, la ficelle « baille » à l’intérieur et ne touche plus la paille. Pour l’enduit c’est parfois pénible car il faut bien mettre la dose d’enduit sous la ficelle sinon il y a un trou d’air, ça veut dire fissure, ça veut dire mur mou à cet endroit, ça veut dire on gratte cet endroit et on recommence…

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