Chantier charpente réciproque

La charpente réciproque (aussi appelée toit mandala) est une charpente auto-portée. Pour notre paillourte nous l’avons faite en châtaigner, c’est un bois qui pousse bien prêt de chez nous et qui pousse (plutôt) droit.

Notre charpente est constituée de 12 perches principales et 12 secondaires (qui reposent sur les principales). Elles font toutes entre 12 et 14 cm de diamètre au point de contact (au plus haut / au plus fin). Le diamètre fait ~8m (mur extérieur) et le rond central fait 1m50 de diamètre.

Voilà le résultat :

On trouve beaucoup plus de ressources en anglais qu’en français sur la mise en œuvre de la charpente réciproque. Donc si vous voulez vous documenter sur le sujet, préférez rechercher « Reciprocal Roof  »

Préparation

Nous avons choisi nos perches de châtaigner par une belle matinée de Février chez Marco (un voisin) qui entretien un petit taillis. Le transport s’est fait avec une grande remorque plateau, c’était une grosse journée car chaque perche pèse plus de 100kg et mesure ~6m50 de long.

Nous les avons écorcées à la plane. On a essayé d’autres outils (pelle bêche aiguisée, racloir à béton…) mais rien n’était aussi ergonomique et plaisant que la plane, donc on a plané :-). On a ensuite passé un léger coup de papier de verre pour atténuer les coups de plane.

Au départ, après écorçage, nous les avions stockées sur des bastaings de bois, sous bâche. Mais il y a eu une période très humide et il y a eu énormément de remontées tanniques :

Du coup, on a dû les rependre légèrement et on a décidé de les protéger directement. Donc on a appliqué un primaire anti-tannique et une couche d’huile de lin rapidement après écorçage afin de protéger le bois. On a aussi amélioré le stockage, on a mis une bâche en dessous (pour éviter les remontées d’humidité du sol), et une bâche par dessus (pour éviter que le bois ne grise trop rapidement avec le soleil) et on a aménagé une lame d’air pour que ça respire… Comme ça, nos perches (qui seront apparentes) sont restées belles.

Temps passé : 21 jour-homme

Mise en oeuvre

Le chantier charpente réciproque a été encadré par Gurun, car je n’avais jamais réalisé de charpente de ce type, c’était donc sécurisant d’avoir quelqu’un pour nous accompagner dans cette étape.

Étant donné que je me suis pas mal reposé sur son savoir (et que donc je ne l’ai pas complètement acquis) cette partie ne sera pas très étayée (notamment la partie calculs) mais je vais mettre des ressources en bas d’article si vous voulez approfondir…

Dans l’ordre, les étapes pour la réalisation :

  1. Tracer au sol le cercle central, y marquer les emplacements des perches principales et les reporter/projeter sur le mur avec un cordeau ;
  2. Placer un poteau à la vertical sur lequel va reposer la première perche (la perche est tangente au cercle central, le poteau est placé légèrement à l’extérieur de celui-ci);
  3. Placer la première perche en position, appuyée sur le mur et en repos sur le poteau vertical
  4. Vérifier la position de la poutre avec un fil à plomb de façon à ce que son point le plus proche du centre soit bien tangent au cercle central dessiné au sol.
  5. Ficeler le tout pour éviter que ça glisse et pour se laisser la latitude de re-régler au besoin.
  6. Fixer la perche sur le mur : nous avons mis une broche de châtaigner dans le 5ème rang de botte de paille, en haut du mur, que nous avons encerclé d’un bout de feuillard métallique (lame de fer plate pré-percée), vissé à la perche de charpente.
  7. Puis on place la seconde perche qui repose sur la première perche et qu’on fixe au mur
  8. Puis la 3ème perche qui repose sur la 2ème….et ça continue jusqu’à la 12ème perche principale
  9. Retirer le poteau central et voilà, ça tient !

La théorie c’est que ça « tient comme ça », certain font des entailles aux points de contact entre les perches pour éviter qu’elles ne glissent, d’autres mettent des tiges filetées… Nous avons choisi de mettre un tirefond au point de contact. Une fois que les voliges sont posées, le toit forme un ensemble, pas grand risque que ça bouge.

Ensuite, on place les 12 perches secondaires. Les secondaires répartissent la charge sur le murs et permettent d’avoir moins d’entraxe pour poser le toit.

Pour hisser les perches nous avons fait une « rampe » avec un tréteau/échafaudage de maçon, de façon à ce que la perche passe au dessus du mur.

On a eu quelques difficultés, les perches principales ont glissé, notamment au moment ou nous avons cherché à mettre la dernière. Le poteau vertical était peut-être mal placé, du coup quand on a cherché à la rentrer, ça a forcé et ça a tout fait bouger. On a mis un peu de temps à tout remettre. Peut-être que c’était dû au fait que nos perches étaient huilées. En tout cas, Gurun à conclu que pour une grosse charpente comme ça il faudrait peut-être s’affranchir des ficelles et mettre directement les tire-fonds pour éviter que ça bouge…

Temps passé : 10 jours hommes

Merci à Louis, Sergio, Jean-Yves, Gurun, Charlène, Franck, Yuna & Louise pour cette belle mais grosse journée de chantier !

Faux aplomb du mur en paille

Notre mur en paille n’était pas bien d’aplomb, on avait entre 5 et 15cm de faux aplomb parfois. Et après la pose de la charpente et les problèmes de glissement de perche qu’on a eu, ça c’était largement accentué (10 à 30cm). Une fois qu’on a eu posé la charpente, on a retravaillé le mur en désolidarisant les pieux de la charpente, et en tapant dessus au persuadeur. Une fois le mur « revenu », on refixait le tout ensemble. On a vraiment réussi à bien le redresser, on est maintenant entre 0 et 5cm. C’est pas parfait, mais on est content !

Ressources

Chantier mur en paille porteuse

C’est le temps de la moisson qui annonce les murs en paille.

Aller hop au champ, chargement, déchargement

Au départ nous devions avoir des bottes d’un champ bio mais celui-ci s’est fait enherbé, ça n’aurait pas fait de la bonne botte de construction.

Nous sommes allés chercher nos bottes qui avaient été bottelées la veille. Nous avions mobilisé un tracteur avec plateau pour transporter les bottes jusque chez nous.

Nous étions 7 et c’était pas de trop. Les petites bottes se chargent à la fourche. Il faut les piquer, lever la fourche avec la botte au dessus de la tête, bras tendu vers le haut, et les déposer sur la remorque du tracteur. J’ai pas pris de photo du chargement mais c’était sport. Voici une vidéo pour vous montrer comment ça se passe en temps normal. Sauf que là, l’agriculteur qui nous a fourni les bottes avait réglé (sur notre demande) sa machine pour faire des bottes de forte densité (nécessaire pour monter des murs en paille porteuse). Du coup les bottes ne faisaient pas ~10Kg comme en temps normal mais plutôt entre ~16 et 20… A bout de bras, quand il faut les monter à 2m50 tout en haut du chargement et au bout de la 370ème botte je peux vous dire qu’on était fatigué :-p A la fin on se mettait 2 par botte, synchronisés de la fourche, c’était plus reposant. On a mis 2h à charger nos 370 bottes de paille à 7.

Le déchargement était tout aussi fatiguant car le soleil commençait à taper fort…

Pour le stockage nous avons utilisé une structure de barnum de 40m² (ça rentrait juste juste) que nous avons bâché avec une bâche agricole. Nous avions préalablement installé un lit de palettes pour que les bottes ne soient pas en contact avec le sol. Pour le stockage il est primordial d’accorder de l’attention à l’étanchéité de l’édifice mais aussi à la ventilation. En effet la condensation qui ruisselle sur les bottes les fait pourrir tout autant que la pluie… Il faut donc veiller à ce que la bâche ne soit pas en contact avec les bottes pour que la condensation puisse ruisseler.

Sélection des bottes pour les murs

Avant de commencer à monter le mur il faut choisir les meilleures bottes. En effet en paille porteuse il nous faut de la bottes très dense pour porter les murs. Les autres bottes seront utilisées pour isoler le toit.

Nous avons utilisé pour le mur uniquement des bottes :

  • de plus de 16kg (entre 16 et 20kg pour nous)
  • de moins de 12% d’humidité (entre 8 et 11% pour nous)

Pour ça nous avions un humidimètre pour foin et paille (merci Jean-Marc pour le prêt) et un peson (merci Pascal pour le prêt)

L’humidité fait varier considérablement le poids d’une botte. Une botte de paille à 14% d’humidité c’est limite, au delà de 18% il ne faut pas la mettre en œuvre (elle finira par pourrir et faire pourrir ses voisines etc… en paille porteuse ça peut être très problématique…)

En paille porteuse il faut que la densité des bottes soit comprise entre 96 et 120Kg / m³ sèche. Pour calculer cette masse volumique voici la formule :

masse de la botte / [ volume de la botte x (1 + % d’humidité / 100 ) ]

Nos bottes font 90*45*35cm, pour une botte de 16Kg à 11% d’humidité j’ai :

16 / 0,14175 x (1 + 11 / 100) ] = 101,69 kg/m³

Voici un petit tableur pour le calcul de la formule.

101 kg/m³ c’est une bonne densité pour nos murs ! et 11% c’est un taux d’humidité acceptable, c’est parti !

Cette formule est extraite du livre « Concevoir des bâtiment en botte de paille ».

Montage des murs

Nous avons mis 5 rangs de bottes pour arriver à la hauteur de mur de ~2m20. Les bottes sont posées sur champ (sur les 35cm).  Sur champ ou à plat c’est le grand débat :

A champ c’est mieux, on a besoin de moins de bottes…

oui MAIS, à plat on peut casser les ficelles et miser sur l’effet contreventant de la paille…

oui MAIS, à champ les murs sont moins épais, on ne perd pas autant de SHON

oui MAIS, à plat c’est bien, on a une meilleure surface d’accroche pour les enduits..

oui MAIS à champ les brins de paille de la botte supérieure pénètre la botte inférieure et il y a moins de risques de ponts thermiques…

oui MAIS à plat le mur est plus épais donc plus d’isolation…

oui MAIS à champ les fibres sont verticales et donc perpendiculaire au sens des transferts de chaleur…

…etc   (source)

De notre côté, les bottes sont toutes cousues et brochées les unes aux autres :

  • Cousues : la première est cousue au pré-cadre de porte, la seconde à la première, etc.
  • Brochées : le premier rang est broché sur la lisse, ensuite (les autres rangs) chaque botte (posée en quinconce) est brochée au deux bottes d’en dessous.

La 1ère broche (celle qui est sur la lisse) est faite en châtaigner (~4 cm de diamètre) qu’on a taillé en pointe à la scie sauteuse avec une équerre de fixation faite en chute de contreplaqué marine issu de la lisse basse.  Cette première broche est vissée au dernier moment sur la lisse à 1/3 du début de la botte (les bottes ayants des longueurs variables) afin qu’au moment de la couture elle puisse « prendre une courbe » avec la tension de la ficelle dans les 2/3 restants… Des petits cache-vis en plastique on été utilisés afin d’éviter tout contact entre la vis et la paille (par rapport au point de rosée).

Les autres broches sont en bambou (c’est solide, ça se trouve partout, c’est gratuit et c’est bien droit…) Les bambous font environ ~3 à 5 cm de diamètre, ~85cm de longueur (hauteur de 2 bottes de 45 sur champ). Ils sont biseautés pour une meilleure pénétration dans la paille et on a essayé de faire la découpe à l’extrémité frappée près d’un nœud, pour une meilleure résistance quand on va le faire rentrer à la massette. Les bambous n’ont pas besoin d’être complètement secs pour être mis en œuvre dans la paille visiblement (source).

Il y a aussi des broches en châtaigner à l’horizontal au niveau des pré-cadres aux rangs 2, 3 & 4.

Les bottes sont cousues avec de la ficelle de big ball. On attache la ficelle sur la précédente botte (ou sur le pré-cadre de porte), on fait une boucle, et avec la seconde ficelle, on vient serrer. Dans la théorie, je devais faire le nœud à l’intérieur de la maison pour maximiser la tension et faire prendre la courbe. Dans la pratique, mes bottes avait déjà un galbe suffisant par rapport à la courbure du mur (je ne sais pas si ce galbe était dû aux manipulations / à la forte densité des bottes en sortie de machine). Quoi qu’il en soit, on a même fini par faire le nœud à l’extérieur du mur pour ne pas trop accentuer le galbe. Une entaille est faite dans le pré-cade de porte pour accueillir les ficelles, c’est purement esthétique, ça permettra de les cacher avec un habillage par exemple…

Retour

Les broches à l’horizontale, dans les pré-cadres ne sont pas simple à mettre en œuvre, vue qu’on est pas dans le même sens que la fibre, il faut pré-percer avec une tige en fer ou autre… et encore ça reste pas compliqué.

Il ne faut pas chercher à trop rentrer les bottes en force sinon ça déforme le mur et ça met le bazar. Une fois qu’il est en tension excessive si on tente de le reformer, ce qu’on pousse à gauche on le récupère à droite et on s’en sort pas…

Il faut être très vigilant à l’aplomb du mur dès le début. Nous on en a un petit bout qui ne l’ai pas vraiment mais c’est pas dramatique structurellement sur du rond.

Nos pré-cadres de porte étant de biais à l’inverse de la courbe du rond pour faire entrer la lumière, on a une boursouflure/bosse avec la 1ère botte de paille autour de celui-ci, c’est pas dramatique mais c’était pas simple de faire mieux.

Si c’était à refaire, je ne ferais pas le chantier mise en œuvre de la paille le lendemain d’avoir tout chargé/déchargé, même si on diminue les risques climatiques… c’était épuisant :-p

Temps passé : 3.5 jour-homme de transport de botte + 15 jour-homme de montage de mur

Merci à Sergio, Alice, Toto, Aurélie, Julie, Martin, Jean-Yves, Brigitte, Françoise, Jean-Michel, Charlène, Nico, Juliette, David, Antoine, Hugues pour votre participation à cette belle étape.

 

Chantier pré-cadre de portes

Dans une maison en paille (molle), pour pouvoir fixer les menuiseries, il faut du dur, un pré-cadre en bois en l’occurrence. Dans mon cas (paille porteuse) il faut qu’il soit suffisamment résistant pour porter le bout de charpente qui lui reposera dessus (c’est rond, donc la charge est bien répartie, mais charge il y a quand même…)

Nous n’avons que des portes vitrées (2 simples à l’Est et à l’Ouest, et une double au Sud). Ça simplifie la mise en œuvre par rapport à des fenêtres (surtout en paille porteuse), et dans un petit espace, on cherche la lumière et la circulation. Les portes seront fixées en applique extérieure sur le pré-cadre. C’est à dire pas à l’intérieur du pré-cadre. Si jamais le bois du pré-cadre travaille trop, qu’on ne peut plus ouvrir la porte, on peut potentiellement démonter la porte pour la remettre correctement. Le fait de la mettre à l’extérieur fait gagner quelques m² et simplifie la gestion de l’eau sur le seuil de la porte… (l’eau/les infiltrations, c’est l’ennemi de la paille…)

Les pré-cadres ont été faits en douglas de section 8cm x 20cm. Un angle cassé à été fait pour « ouvrir » vers l’intérieur. Ça permettra d’ouvrir la porte plus grand qu’à 90° (confortable) et ça fait entrer plus de lumière…

Au dessus des pré-cadres sera fixé un linteau (même morceau de 8×20 mis sur la tranche). Le linteau permet de répartir la charge du toit :

  • Au dessus de la double porte il dépassera de ~40 cm de chaque côté du pré-cadre pour que le mur reprenne une partie de la charge
  • Au dessus des 2 portes simples il ne dépassera pas. Il est là uniquement pour simplifier la mise en œuvre de la paille (pas de rajout à faire à cette endroit), et on tâchera de faire tomber les poutres de charpentes sur le côtés des pré-cadres (pour que la portée se fasse au dessus d’un montant vertical)

Les pré-cadres sont tenus avec des triangles d’OSB (de la poubelle du menuisier) le temps du transport, de la mise en œuvre de la paille, pour bien maintenir à l’équerre. Ils ont été assemblés avec des vis inox 8×160.

Sous le pré-cadre, comme pour la lisse : bande d’arase pour la rupture capillaire, compribande pour compenser les irrégularités, goujon pour fixer…

Les pré-cadres seront isolés après la mise en œuvre de la paille.

Merci à Sergio pour son aide précieuse !!!

Chantier lisse basse

La lisse basse est constituée de contreplaqué marine 22mm sur 2 étages, en quinconce. La lisse sera fixée au sous bassement à l’aide de goujons (inox). Les goujons sont fixés dans les joints entre les blocs ponce, étant donné que ceux-ci sont creux. Entre le sous bassement et la lisse, il y a une bande d’arase (pour éviter toute remontée capillaire) ainsi qu’une compribande (~bande de mousse) pour compenser les irrégularités du sous bassement, ça évite les courants d’air 🙂

La marche que nous avons suivie :

  1. Assemblage des ‘lunes’ de contreplaqué au dessus du sous bassement en poncebloc, histoire de suivre celui-ci. Elles sont posées sur 2 étages, en quinconce, vissées (inox 4*40) et collées (colle à bois) entre elles. Les vis sont mises sous la lisse pour éviter autant que faire se peut le contact avec la paille (point de rosée)
  2. On perce la lisse (trou + chapelle) au niveau des joints de béton
  3. On retire la lisse
  4. On pose notre bande d’arase découpée en trapèze (j’ai du scotch pour faciliter la pose)
  5. On place la compribande
  6. On met les goujons, un petit joint de silicone autour (c’est peut être du zèle mais dans ma tête ça confirme l’étanchéité de la bande d’arase)
  7. On replace la lisse, on sert les goujons
  8. Bonus : casser le filetage du goujon avec une pointe pour éviter qu’ils ne se dévisse + un petit coup de silicone sur les têtes en inox (toujours pour le point de rosée)
  9. Apéro ! (c’est plus vite écrit que ça n’a été fait…)

Temps passé : découpe des « lunes » 1 jour-homme + 3,5 jour-homme pour la pose

A l’arrachement, le joint de béton isolant (pierre ponce) c’est pas foufou… Juste au serrage je penses que je pouvais quasi sortir un goujon sur trois mais bon c’est pas fait pour l’arrachement, c’est plutôt fait pour les déformations horizontales (glissements), donc ça va tenir la route. Et vu le nombre que j’ai mis (un tout les 45cm, à chaque joint), ça devrait tenir.

Merci Sergio pour ton aide sur ce petit chantier 🙂

Hérisson, isolation du sol, ventilation

Sous notre dalle (qui sera en béton de terre coulée), nous avons choisi de faire un hérisson isolé.

Selon Wikipédia, un hérisson :

En construction, un hérisson est une couche de moellons placés sur chant, ou de pierres concassées ou roulées sur une épaisseur avoisinant les 25 cm, posé sur un sol en terre battue recouvert d’un centimètre de chaux hydraulique.

Il sert d’assise à une dalle sur terre-plein.

Il sert également à bloquer les remontées d’humidité, en remplacement d’un vide sanitaire.

On appelle cette technique « hérisson » parce que les pierres sont dressées à la verticale un peu comme les piquants d’un hérisson. Les vides entre les pierres, le faible nombre de points de contact entre elles fait que l’eau, s’il y en a un peu sous la maison, ne peut pas remonter par capillarité

Ventilation

Ce hérisson est ventilé par un drain d’air. Il y aura une entrée basse et une sortie haute, noire, pour favoriser le tirage naturel. Le drain d’air permet d’éviter les remontées capillaires dans les murs. Il libère les soubassements d’un excès d’humidité. Le drain d’air doit être placé largement au dessus du drain d’eau afin qu’il ne devienne un drain d’eau. Le drain d’air doit se trouver sous la couche isolante (sinon c’est comme si on avait pas isolé…) Il existe une très bonne documentation sur le drainage air/eau sur le site d’alliance4. Des baissières seront installées en amont de la maison afin de canaliser le ruissellement des eaux (l’eau venant des champs situés en amont).

Des petits schémas :

La mise en œuvre du drain d’air  :

Ce drainage d’air limiterait aussi le risque de gaz Radon dans l’habitat (valable dans les zone à risque).

Isolation

Ce hérisson sera aussi isolé avant de poser la dalle. Pour ceux qui doutent de la pertinence d’isoler le sol en pensant que c’est bien de profiter de l’inertie de la terre : oui c’est vrai, mais ça se fait pas comme ça, il faut mettre beaucoup d’isolation en profondeur sur la périphérie pour que ça fonctionne (du détail dans cette discussion), c’est pas simple. Et après avoir discuté avec des gens qui n’avaient pas mis d’isolation du tout au sol, ils m’ont avoué que c’était peu confortable l’hiver…

Pour faire un hérisson et l’isoler, la méthode la plus conventionnelle, c’est : cailloux + polystyrène. La méthode plus conventionnelle avec des matériaux moins cacaboudin, c’est cailloux + liège ou dalle chaux chanvre.

De notre côté nous avons choisi de le faire en Misapor. C’est un produit issu du recyclage du verre. Il a l’avantage d’être drainant, non capillaire et isolant. Du coup ça m’évite d’avoir à mettre des cailloux + du liège, et économiquement je m’y retrouve… Le Misapor arrive de Suisse, le liège du Portugal, là encore niveau bilan carbone, ça doit être kiff kiff bourricot…

Pour le comparatif prix Misapor VS Cailloux + liège:

  • Prix Misapor  (40m² x ~0,30 d’épaisseur) = ~1 400 € pour un R > 3
  • Prix Cailloux + panneaux liège 12cm R de 3 : (43,7€ * 50m² = ~1700€ pour le liège) + 60€ de gravier…

La mise en œuvre en est très simple, on balance le misapor, on dame, c’est fait. En plus c’est beaucoup plus léger que le cailloux (~200Kg/m3) donc à brasser, c’est plus chouette.

Pour remplir nos 40m² sur ~30cm il nous en a fallu 12m3. On l’a acheté en big bag de 2m3 et on a été chercher ça avec une petite benne qu’on a louée (c’était bien moins cher qu’un transporteur) :

On a loué une petite plaque vibrante 30€ la journée à un maçon, et voilà le travail. Reste plus qu’à faire la dalle en terre mais ça, c’est une autre histoire et ça sera plus tard…

Chantier sous bassement, drain

On ne s’est pas arrêté aux fondations, on continue… 🙂

On a fait venir une petite pelle pour décaisser la terre végétale qui se trouve à l’intérieur des fondations, histoire que notre future dalle en terre ne se tasse pas trop… Elle en a profité pour creuser la tranchée périphérique extérieure pour poser un drain. Cette tranchée descend sous le niveau de la fondation, afin que celle-ci reste au sec. La terre décaissée sera utilisée pour le toit végétal.

Pour remplir l’intérieur, j’ai fait venir du rebut de carrière (un truc dont personne ne veut visiblement vu le prix, mais qui va très bien pour remplir un trou et faire du dur pour accueillir le hérisson puis la dalle). Ce rebut de carrière va être damé. J’en ai fait venir 15m3 pour remplir mon trou, soit 22 tonnes, qu’il a fallu étaler… Une grosse journée & un paquet de coups de pelle plus tard, c’était fait :

Le temps passé pour cette étape : 1.5 jour-homme + 1 heure de mini pelle pour décaisser

Drain périphérique

Sur notre terrain, l’eau vient surtout du sol – des nappes, nous avons donc opté pour la pose d’un drain agricole (tuyau percé). Si vous n’avez pas un sol gorgé d’eau, et que vous voulez drainer l’eau de ruissellement, il faut préférer un drain routier (rainuré uniquement sur le dessus). Autour de ce tuyau, nous avons mis un peu de gravier drainant (granulométrie 8-16), le tout enveloppé dans un géotextile. Il faut ici privilégier du géotextile non tissé, afin d’évité qu’il ne s’obstrue. Par dessus cette poche, nous avons mis du gravier jusqu’au niveau du sol fini afin que l’eau de ruissellement finisse aussi dans la tranchée et soit captée par le drain.

Le temps passé pour cette étape : ~8 jours-homme + 1 heure de mini pelle pour la tranchée

Mise à jour : c’est une erreur ! Le drain agricole est maintenant déconseillé (pas conforme à la NF P16-379 et au DTU 20.1) il aurait tendance à répartir l’eau autour du bâtiment, sans l’évacuer…

Sous bassement

(comme je disais) Le sous bassement est en blocs de pierre ponce (en PonceBloc© pour être précis). Au départ, j’étais parti sur de la brique type monomur. Écologiquement parlant c’est discutable car la pierre ponce vient, au mieux d’Italie, au pire de Turquie. Ceci étant, la fabrication des blocs de ponce ne nécessite pas de cuisson, contrairement à la brique de terre cuite type monomur. La brique peut difficilement être installée au sol vue qu’elle est poreuse (risques d’éclatement avec le gel…). Le bloc de pierre ponce minimise les remontées capillaires. De mon côté, j’ai eu des blocs de pierre ponce à moins de 3€ le bloc (45x30x25), avec un R de 2,72, ce qui est moins cher qu’une monomur. C’était à un prix intéressant car le fabriquant n’arrive pas à les écouler, donc il les brade. Sinon ça peut bien coûter 8-10€ pièce. Si vous voulez relire une partie du cheminement qui m’a mené jusque là, c’est sur le forum des compaillons.

Pour la pose, Jean-Yves nous a préparé un gabarit qui a permis d’avoir quelque chose de constant, de rond, c’était bien pratique. On a posé le premier bloc sur la fondation, à l’endroit le plus haut (on avait pas vraiment fait d’arase sur la fondation cyclopéenne, c’était à 2 – 3cm près) et c’était notre référence pour tout le reste. Pour le mortier j’ai suivi les consignes du fabriquant de blocs de pierre ponce, donc dans la bétonnière, j’ai mis :

  • 0,5 volume de chaux
  • 0,5 volume de ciment
  • 4 volumes de sables (0-4)

Bien conscient que le mortier n’est pas isolant, une plaque de liège sera placée à l’intérieur – derrière le bloc ponce comme détaillé ici – pour éviter un pont thermique.

Les ‘triangles’ vides entre les blocs ont été comblés avec du béton isolant à base de pierre ponce en vrac pour (quand même) maximiser l’isolation. Ce béton de pierre ponce à été fait comme tel :

  • 1 volume de ciment
  • 3 volumes de sable (0-4)
  • 2 volumes de ponce (~4-10)

Voici le tableur pour la recette avec les quantités estimé pour notre cas : SousBassementDosage

Le temps passé pour cette étape est de ~8 jours-homme

En parallèle

On continue d’écorcer le châtaigner (préparation de la charpente), de concasser la tuile (issue de la démolition, qui servira de support drainant sous la terre de la toiture végétalisée) et d’autres trucs…

Merci à Brigitte, Jean-Yves, Juliette, Nico, Ion, Valentin, Sergio, Aurélie, Céline, Myriam, Bertrand, Émeline, Erwan, Diane, Céline (une autre) pour votre participation !

Chantier fondation à l’ancienne

Suite à mon article et les commentaires de Thierry, j’ai un peu revu la préparation du chantier.

Un petit engin est venu nous faire la tranchée. Petit problème, c’était de la terre rajoutée – donc pas trop compactée – du coup ça s’éboulait au fur et à mesure qu’il creusait. J’ai donc pris le parti de lui faire creuser plus petit (avec un godet de 40) et on a fini à la bêche.

Entre temps, il est tombé des trombes d’eau. Du coup, on a commencé par assécher la tranchée avec de la chaux vive avant de la compacter au pisoir, car comme il est dit sur chaux.durable.com :

La chaux vive permet en effet d’assécher très rapidement des sols détrempés, d’abord par hydratation de la chaux pour son extinction et simultanément par évaporation. La réaction d’extinction est exothermique et dégage beaucoup de chaleur, qui contribue à assécher le sol.

Au-delà de cette première réaction immédiate, la chaux se mélange aux argiles du sol et il y a floculation, c’est-à-dire que la chaux agit comme liant avec les particules argileuses et les agrège ensemble. Le sol devient beaucoup plus meuble. Il suffit ensuite de le compacter avec un engin lourd pour avoir un support ferme.

Pour notre béton de chaux, voilà la recette mélangée à la bétonnière :

  • 1 volume de chaux NHL5
  • 1,5 volume de sable 0-4
  • 2 volumes de gravier (nous on avait 1 volume de 6-10 et un volume de 11-22 parce c’est ce qu’on a trouvé à la carrière près de chez nous)
  • De l’eau jusqu’à ce que ce soit beau…

Des petits trucs bon à savoir, (merci Thierry) :

  • L’eau augmente l’ouvrabilité mais diminue la résistance
  • La quantité de liant augmente l’ouvrabilité et augmente la résistance
  • L’augmentation de la classe du liant n’influe pas l’ouvrabilité, mais augmente la résistance

Dans l’ordre comment ça se passe face à la bétonnière :

  1. On verse la moitié des granulats
  2. En apnée, on verse la chaux
  3. On termine de mettre les granulats
  4. Quand c’est bien mélangé, on met les 3/4 de l’eau
  5. On patiente, on met au jugé l’eau restante si nécessaire (ça dépend de l’humidité du sable par exemple) mais tout doucement.. La frontière entre un beau béton de chaux et de la soupe est très mince…

Ensuite, dans la tranchée, on a procédé de la sorte :

  1. 5-10cm de béton de chaux dans le fond de tranchée
  2. Les plus grosses pierres bien rangées à plat
  3. Du béton de chaux dans les vides/joints, remué avec une tige de fer
  4. On pose les autres pierres, de notre côté on a fait au mieux pour les caler comme sur un mur en pierre sèche mais avec un peu moins de rigueur étant donné qu’on a de la colle…
    1. Pierre les plus grosses en périphérie et on comble au milieu avec des petites
    2. Chaque pierre ne doit pas bouger, doit être bien calée
    3. … bref un mur en pierre (si vous savez pas faire, ça s’invente pas, essayez un petit édifice test, un chantier chez quelqu’un, faites vous guider…)
  5. Et on répète l’opération : du béton, des pierres, du béton, des pierres… tout ça jusqu’en haut

On lave/brosse les pierres avant de les mettre histoire qu’elles ne soient pas trop terreuses et que le mortier colle sur la pierre. On a laissé une arase grossière avec pierres apparentes à plus ou moins 3cm. Sachant qu’on va maçonner les blocs de pierre ponce par dessus, on pourra rattraper ça avec la colle des blocs ponce juste là où on a besoin. J’ai fais les réservations/passages de réseaux en chute PVC ou en coffre OSB (pour varier), et on a pris soin de faire des « ponts » de pierres au dessus pour les préserver.

Des souvenirs

Ce qui a été finalement consommé :

  • 600Kg de chaux
  • 1T de gravier
  • 1T de gravillons
  • 1,8T de sable

Sachant qu’arrivé au 3/4 de la fondation, on avait plus trop de gravier/gravillons, du coup j’ai remplacé 1 volume de gravier par 1 volume de sable.

La tranchée était moindre que ce qu’on avait estimé en profondeur (60cm à la base, là on était au alentour des 50cm). On arrivait parfois sur un sol tellement dur que la pelle avait du mal à continuer… C’était l’emplacement d’une ancienne maison en pierre, le sol avait déjà été travaillé… En largeur on était plus à 55 qu’a 60cm.

On a dû mettre ~5m3 de pierre de schiste ça fait ~13T (masse volumique schiste : 2700Kg/m3) de cailloux brassé à la brouette, aux bras… (ça c’est sans compter le mortier) Je le ferais pas tout les matins et je l’aurait pas fait pour une maison de 150m²… C’était pas une mince affaire quand même.

Si c’était à refaire je mettrait un drain au fond de la fouille (qui serait recouvert par la fondation). Parce qu’a peine c’était terminé qu’il y a eu un gros orage et mon terrain est plein d’eau (le puits de fond et il est plein) donc le fond de la tranché à les pieds dans l’eau il faut que je me dépêche de creuser autour pour drainer…

Temps passé ~18 jour-homme + 2 heures de mini pelles

  • Merci à José, Brigitte, Jean-Yves, Paul, Romain, Antoine, Julie, Guillaume, Lolo, Bart pour ce gros chantier !

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