Fondations
C’est pas ma partie préférée : c’est plutôt physique, pas très valorisant parce que quand tu as terminé, tu es juste au niveau 0 (rien ne s’est élevé, c’est invisible…) et en même temps, faut pas se louper non plus, parce que pour intervenir sur des fondations en cas de pépin c’est pas simple.
Pour reprendre en partie le détail des murs, sur cette extension, il n’y a pas vraiment de « fondations » sous les murs. Les murs reposent sur des fondations « à la Gurun » (détails en vidéo). D’autant que les murs ne supportent que leur propre poids. La toiture est portée par l’ossature poteau poutre. La peur que le toit me tombe sur la tête est présente chez moi… du coup, j’ai voulu jouer la carte sobriété/diminuer l’impact des fondations, mais en concédant certains points pour répondre à mon besoin de sécurité (chez moi on est à 7m au dessus de la roche, sur de l’argile, ça bouge… surtout avec les sécheresses qu’on a ces dernières années).
Donc j’ai commencé par creuser à la mini-pelle une tranchée de 60cm de profondeur sous les murs. Cette tranchée fait l’épaisseur du mur + ~10cm à l’intérieur + 40cm à l’extérieur de celui-ci. Sur l’extérieur de la tranchée, on place un drain type « bati drain » qui sera raccordé au réseau d’eau pluviale.
A noter que c’était la première fois que je conduisais une mini-pelle. C’était marrant et ça se prend vite en main. Au bout d’1/2h, tu arrives presque à faire ce que tu veux ; 3h, tu réfléchis plus trop et le lendemain, c’est quasi automatique. Bon, j’ai quand même abîmé l’enduit de la Paillourte avec le godet :-o.
Sous le sol intérieur, j’ai décaissé que de 30cm, parce que je suis moins frileux du mouvement du sol sous la dalle en terre de la future chambre et aussi parce que par chez moi c’est les marais, et qu’on a pas mal de pentes de prairie qui se déversent dans le terrain. Comme pour la Paillourte, on a donc cherché à remonter le niveau du sol intérieur par rapport au niveau extérieur.
Tant que tout était décaissé, j’ai coulé mes plots pour mes poteaux d’ossature. Par facilité (et parce que je n’en avais pas beaucoup), j’ai pris des regards en béton. C’était plus simple pour moi que de coffrer. J’ai pris des regards de 40×40 qui descendent aussi à 60cm de profondeur, et j’ai coulé du ciment dedans (caca boudin, j’ai alourdi mon bilan carbone de 4 sacs de ciment 😮 ). J’ai conservé une réservation de 20cm au centre du plot parce que mes poteaux auront un support « à sceller ». Ma réservation a été faite « à la mode poêlito » avec du carton et du film étirable de cuisine autour :-).
J’en ai profité d’avoir les mains dans la terre pour raccorder le drain au réseau d’eau pluviale, les évacuations à la phytoépuration….
Ensuite, j’ai mis du géotextile partout (300g/m2 sous les murs, 180g/m2 ailleurs), positionné le drain d’eau et on a commencé à déverser nos 19T de cailloux 20-40… ça a été long, fastidieux, douloureux… :-p mais ça s’est fait en 3-4 jours de brouettes. On a commencé par mettre les 30 premiers cm dans le fond, que j’ai damé (location d’une dameuse thermique), puis la seconde couche de 30cm, de nouveau damée.
Entre ces 2 couches de cailloux, j’ai pris le temps de faire circuler le drain d’air, pour ventiler la dalle (explication ici).
Sous-bassement
Enfin, ça commence à « sortir de terre » 🙂
Pour la partie isolée (chambre), j’ai opté pour un sous-bassement de brique creuse type mono’mur de 37,5 (Rth = 3,25). Sur cette tranchée de cailloux 20-40, le risque de remonté capillaire est faible. De plus avec 37.5cm de large ça fait une bonne assisse pour la botte de paille.
Pour le premier rang, j’ai fait une arase en mortier bâtard pour conserver une certaine souplesse du mélange.
Ensuite, j’ai collé le 2ème rang avec leur mélange « joint mince » (conseillé par le fabriquant des briques). Ce mortier « Bio Bric » n’a de « bio » que le nom : ça sent la résine…. Ceci dit, c’est plutôt bluffant d’efficacité et la consommation de ce mortier est très très faible si on l’applique avec un rouleau applicateur (conseillé par le fabricant). On a monté ~90 briques avec 1,5 sac de 25kg.
Pour les angles, il existe des accessoires. Mais n’ayant pas « grand » (donc pas moyen de faire venir 1 palette accessoire), j’ai préféré faire un trou et ferrailler l’angle.
Les découpes c’était pas simple. Normalement, ça se fait à la scie croco. Mais encore une fois, vu que j’avais pas grand, j’ai découpé au disque diamant la périphérie et j’ai fini avec une vieille vieille scie égoïne à grosse dent (qui m’a servie pour découper les bottes de pailles). C’est jouable, mais c’est quand même costaud…
Un joint de dilatation avec la Paillourte a été ménagé avec des chutes d’EPDM (que j’ai toujours de la Paillourte). Celui-ci me permet une rupture capillaire (mon sous-bassement de Paillourte étant sujet aux remontées capillaires). Aussi, dans les petits coins, j’ai utilisé le même mortier que pour l’arase, et j’ai ajouté du liège en vrac pour limiter les ponts thermiques.
Pour la partie non chauffe (cellier, toilettes sèches, garde-manger), j’ai monté 2 rangs de parpaings (encore caca boudin mais on parle de 20 parpaings). Ils font 20cm de large et c’est pas mal pour nos adobes de 15 de large. On avait l’intention de récupérer des parpaings d’occasion, mais ça part vite par chez nous…
Au final, même si ce sous-bassement ne portera « que le mur » et pas le toit, je me dis qu’il risque quand même de bouger, et que tout ça n’est peut être pas suffisamment « souple » par rapport à mes « non-fondations ». Mais bon, même si le sol bouge, le 20-40 bouge, que le sous-bassement fissure ; il y a la lisse qui va encaisser, la paille qui est très souple… bref je ne penses pas que ça mette en pérille l’ouvrage… Je vous dirai 🙂
Timelaps
11 jours (et encore tout était pas filmé) en quelques minutes :
Merci à : Jean-Yves, Jimmy, Charlotte et Thierry qui nous ont aidés sur cette étape.