Extension de la Paillourte

Après pas mal de tergiversations, on s’est décidé : on fait une extension à notre Paillourte ! Et ce pour faire une chambre (un vrai espace séparé d’une porte) à notre fille.

On en profite pour y accoler un cellier de 4m2, espace non chauffé et non isolé au Nord. Principalement pour :

  • Mettre les toilettes sèches (qui auront leur propre ventilation en circuit fermé)
  • Un garde-manger (qui aura sa propre ventilation en circuit fermé)

Pourquoi tergiverser ?

Dans le monde, quelle est la part d’enfants ayant accès à une chambre individuelle ? Une camarade m’a dit une fois 7 % (je ne parviens pas à trouver de source là-dessus). Ce qui est sûr, c’est que c’est peu. C’est un confort récent de nos riches sociétés occidentales. Récent, car si vous regardez dans le passé, à l’échelle de nos grands-parents et même de nos parents, rares étaient ceux qui avaient accès à une chambre individuelle. Alors pourquoi désormais n’imaginons-nous pas cela possible ?

Ceci-dit, nous acceptons notre condition de riches occidentaux bourgeois 🙂 Et on passe le cap de séparer l’espace parent de l’espace enfant (actuellement, nous n’avons qu’une seule pièce).

Aussi, pour moi, le principal critère qui définit une maison « écologiquement soutenable« , c’est sa taille. J’ai déjà fait un article qui s’intitule « Ode aux petites maisons : C’est la taille qui compte !« , je vous propose de vous y référer. Ici, on parle d’une extension de 11 mètres carrés habitables, ce qui donnera un espace de vie à chauffer de 51 mètres carrés pour 3 personnes… On est encore loin de la moyenne nationale…

Le cheminement de la réflexion

Démontable ?

On s’est d’abord dit : parce qu’on ne détruit jamais les bâtiments, on a qu’à faire démontable ! En général, quand les enfants partent, on continue d’entretenir, chauffer des pièces vides… ou avec un rameur dedans… Là, nous aurions l’opportunité de lui offrir une seconde vie, ou même de laisser notre fille partir avec sa chambre comme première maison…

Sauf que démontable, on s’est dit :

  • Est-ce qu’on va le démonter? Parce qu’on a quand même cette tendance à remplir le vide et à se créer des besoins… Si c’est là, c’est difficile de s’en séparer…
  • Faire démontable, c’est souvent moins bien isolé qu’un bâtiment en dur / définitif (pour des raisons de poids, la structure et l’isolant sont minorés), donc il allait très probablement falloir un moyen de chauffage dédié pour cet espace. Ça implique aussi des contraintes techniques qui, selon moi, rendent plus difficile l’utilisation de matériaux brutes/écologiquement soutenables (terre, paille…) parce qu’il faut du léger…
    • La laine de bois, par exemple, n’est pas biodégradable. Parce que du bois ça ne pousse pas sous forme de panneaux souple, pour arriver à ce matériau, il y a transformation, ajout de petits produits non biodégradables. Pour moi, ce n’est donc pas complètement satisfaisant. Oui, ça stocke du carbone, mais est-ce le seul critère?
  • Faire démontable (du léger donc), c’est aussi s’exposer à de la surchauffe en été, car il est très difficile d’obtenir de l’inertie dans un habitat démontable (l’inertie: c’est du poids, de la masse…). Demandez à quelqu’un qui vit en Tiny ou en yourte s’il passe un bon moment pendant les canicules… Je l’ai fait, et je peux témoigner qu’on est mieux sous un arbre que dans son habitat léger.

Pourtant, j’aime beaucoup cette idée que la chambre de ma fille soit adossée à la maison quand elle est petite. Et que cette chambre puisse être déplacée au fond du jardin à son adolescence pour plus d’indépendance…

Mais ça sera : non démontable, en dur, en lourd !

Usage future de cette chambre

Un enfant grandit, et un jour s’envole… Si on part sur un bâtiment en dur (non démontable), on s’est attaché à réfléchir aux usages futurs de celui-ci, et donc à penser le bâtiment aussi pour ces usages futurs (mettre des gaines, réseaux en attente un peu partout…).

Bon, des usages c’est pas les idées qui manquent : Accueillir un parent vieillissant, un migrant…

Contraintes techniques

Parmi les contraintes avec lesquels il fallait jouer, il y a :

  • La limite de propriété avec le voisin. Notre terrain est une sorte de grand couloir étroit (c’est pour ça qu’il était pas cher), et nous avons posé notre Paillourte en plein milieu. Ce qui fait que nous étions à 3 m du premier voisin et 3 m de l’autre voisin. Et il faut construire soit à 3 m, soit en limite de propriété (0 m). Et cette limite de propriété ne dessine pas une ligne droite :-/ il a fallut donc composer un truc un peu biscornu…
  • La jonction avec la charpente réciproque ne s’annonce pas des plus aisées. En effet, le plus simple aurait été de prolonger le toit par en dessous de la toiture existante. Mais on se serait retrouvés avec une hauteur sous plafond plutôt faible et moi je suis plutôt grand…

Le plus simple pour résoudre le deuxième point (et peut-être le premier) aurait été de faire un bâtiment non mitoyen et de relier ces deux bâtiments par un couloir. Sauf que thermiquement, ça n’est vraiment pas la panacée. On augmente la surface de contact des murs avec l’air et c’est cette surface de contact mur-air extérieur qui fait les déperditions thermiques, et qui augmente notre besoin de chauffage. Thermiquement, il est plus pertinent de limiter les surfaces de mur et adosser une extension sur la maison existante par trois murs est donc le plus pertinent. C’est ce que j’ai cherché à faire, et j’espère ainsi ne pas avoir besoin de chauffer cet espace supplémentaire. J’espère que le MiniMasse suffira (l’avenir nous l’apprendra). En effet, il n’est pas simple de chauffer de – très – petits espaces avec un chauffage au bois.

Choix techniques

Pour cette extension de Paillourte, nous avons choisi :

  • Technique « poteau poutre » avec un mix bois rond, bois carré (pour gagner de la place à certain endroit).
  • Pour la partie chambre (11m2) : Murs en paille enduits en terre-paille intérieur, terre-paille-chaux à l’extérieur (on change pas une équipe qui gagne)
  • Pour la partie cellier (4m2) : Murs en briques d’adobe
  • Pas de fondations sous les murs, juste du gravier drainé « à la Gurun« , d’autant que les murs ne supportent que leur propre poids. La toiture est portée par l’ossature poteau poutre.
  • Toiture isolée en paille avec bac acier de couleur ~beige et une belle lame d’air entre la paille et le bac acier pour augmenter le confort d’été (qui est à mon avis désormais prépondérant au confort d’hiver car il est plus facile de chauffer un espace que de le refroidir..)
  • Dalle en terre isolée en Misapor (pareil, on change pas une équipe qui gagne)

Vidéos témoignages

J’ai participé au MOOC d’Hameaux Léger, si vous ne l’avez pas suivi, il est encore temps 🙂

Ces vidéos sont extraites des témoignages du MOOC, je les mets ici, car je trouve qu’elle résume le chemin « de la yourte vers la paillourte« . Si jamais ça vous intéresse et que vous n’avez pas envie de parcourir tout le blog ça tien en quelques vidéos ci-après.

Retrouvez tout le contenu du MOOC ainsi que d’autre témoignage à l’adresse : https://mooc.hameaux-legers.org/

Introduction

Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA

Architecture et aménagement

Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA

Réglementation

Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA

Budget, financement & assurance

Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA

Construction & autonomie

Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA

Conclusion & ouverture

Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA

Retrouvez tout le contenu du MOOC ainsi que d’autres témoignage à l’adresse : https://mooc.hameaux-legers.org/

La paillourte cherche son poêle : Le poêle de masse « Petit abitat » d’Agir Low-Tech ?

Le 15 février 2025 formation comprendre et dimensionnement un poêle de masse le 15/02 dans le 44


Pour vos questions poêles de masse : un forum dédié aux poêles de masse open source existe ! Venez discuter du MiniMasse, du poêlito et compagnie…
forum.poeledemasse.org

Licence CC BY SA 4.0 – Agir Low-Tech

Mise à jour : Le poêle de masse d’agir low-tech a été fabriqué et installé dans la paillourte

Agir Low-Tech travaille actuellement sur la conception d’un poêle de masse open source pour les petits habitats (la nécessité première pour avancer vers la sobriété). Contrairement au poêlito, il serait à foyer fermé (ce qui laisse présager un meilleur rendement) & certifié. Côté points communs : ça restera un poêle de masse open source, documenté, accessible financièrement, avec plaque de cuisson et dans le futur il chauffera peut être même de l’eau… Donc si tu es (ou envisages) de vivre en Yourte, en Paillourte, en TinyHouse, ou autre petit habitat, Agir Low-Tech travaille pour toi ! (pour nous 🙂 ).

Pour que ce projet puisse se concrétiser, il leur faut des € car il y a du matériel, des instruments de mesure et des centaines d’heures de travail… alors je vous encourage à donner, parce que développer un poêle ça ne s’improvise pas et pour connaître des acteurs du projet : ça bosse bien et ça partage !!! (merci !)

Page d’appel aux dons du projet : https://agir.lowtech.fr/t/pdm/projets/tiny/fiche-de-presentation/

Il n’existe pas/peu de poêles de masse documentés / auto constructibles pour les petits habitats. Souvent, ceux-ci utilisent donc un poêle qui n’est pas correctement dimensionné pour leur habitat. Hors un poêle à bois bien dimensionné, c’est important pour éviter toute pollution de l’air. Un poêle en sous tirage (faire traîner une flambée) ou en sur tirage (trop d’oxygène) fait baisser le rendement du poêle et augmente l’émission de particules fines.

Le feu dans la cheminée, c’est ce qu’il y a de pire. Seulement 15 % du bois brûlé sert réellement à chauffer. À 85 %, il part dans les fumées, produit des gaz polluants et des émissions de particules fines très élevées. Ce mauvais rendement entraîne une surconsommation de bois importante et encrasse vite le conduit. À titre de comparaison, se chauffer une seule journée avec du bois dans la cheminée émet autant de particules fines que parcourir 3 500 km avec une voiture diesel.

Source quechoisir.org

Retour sur le premier hiver dans la paillourte

Graphique de ~24h dans la paillourte sans chauffe le soir en hiver (jaune = température extérieure, rouge = température intérieure, bleu = température local matériel solaire)

La température baisse de 1,5° à l’intérieur de la paillourte (20° à 21h, 18,6 le matin à 9h) alors qu’il fait 0,5°C dehors à 9h ce matin là… Une mini flambée le matin à 10h30 : on a brûlé des chutes de bois (environ 1 petit seau de maçon, ça fait monter la température (trop fort) à 25 en 3/4 d’heure…).

Observations

La température est stable (dû a un habitat bien isolé avec de l’inertie – enduit terre) mais le poêle (un petit mais vieux poêle à bois de 4kW en fonte CHAPPEE qu’on m’a donné) est trop puissant : il chauffe trop vite/trop fort.

On a vraiment pas besoin de beaucoup chauffer dans l’hiver on a brûlé ~2/3 de stère de bois, et quand je dis bois c’est du bois de palette et des morceaux de charpente vermoulue – donc du très léger, peu calorique.

La masse de la paillourte (enduit terre crue, dalle terre crue…) de la maison n’a pas le temps de chauffer : la masse de la maison se réchauffe par rayonnement, hors le poêle n’a pas le temps de chauffer/rayonner qu’il faut déjà l’éteindre car l’air est déjà trop chaud (en moyenne, je dirais que le poêle est allumé à peine 1 heure / jour). Le fait d’éteindre rapidement le poêle n’est pas une bonne chose en terme d’émission de particules fines, mais le poêle n’est pas arrivé à température pour avoir un rendement correcte que nous l’éteignons car il fait trop chaud…

Pourquoi un poêle de masse ?

Avec un poêle de masse la montée en température sera plus douce, il n’y aura pas de surchauffe :

Avec un poêle de masse, les murs se réchaufferont avec le rayonnement de celui-ci, la chaleur sera mieux répartie dans l’habitat et le confort s’en trouvera bien meilleur.

Merci Agir Low-Tech pour ce travail de développement, impatient de le tester dans la paillourte 😉

Fin de chantier 2019 : Bilan humain/financier 2

J’avais déjà fais un bilan humain et financer après la grosse saison de chantier participatif 2018. En 2019 il le bilan n’a pas beaucoup évolué parce qu’on avait fait le plus gros du boulot en 2018 :-). Mais quand même :

Bilan humain

  • En 2018 : ~4 mois de chantier participatif avec ~90 personnes différentes qui sont passé sur le chantier durant ce temps
  • En 2019 : ~2 semaines de chantier participatif et une petite dizaine de nouveau participants (en plus des anciens qui sont repassé…)

~100 personnes sont passées donner de leur temps pour apprendre/échanger sur notre chantier MERCI A VOUS !

Dans les grandes lignes, j’ai estimé à plus de 411 jour-homme le temps de travail en chantier participatif. A ça j’ajoute notre temps hors chantier participatif à préparer/tester les techniques/faire des trucs qui ne ce fond pas en groupe, j’estime ça à 270 jour-homme. Sans parler du temps de lecture, de formation, de préparation, de récup’ des matériaux… c’est inestimable et pour donner une louche on va mettre aussi 270 jour-homme. Ce qui nous fait un total de 951 jour-homme de travail pour cette paillourte. c’est vertigineux mais ça doit pas être loin de la vérité, ça vous donne une idée de ce qui vous attends avant de vous lancer… 😉

Bilan financier

Sans grosse surprise, on a pas acheté grand chose de plus qu’au dernier bilan, donc on reste autour des ~17 000€ (juste la maison de ~40m² habitable) et je le répète, j’ai certainement oublié plein de petites choses, mais l’essentiel est là, j’ai pas non plus poussé le vice à garder les tickets d’essence quand on faisait les courses matériaux… hein…

Le détail c’est par là :

Questions fréquentes sur la paillourte

Le permis de construire

Beaucoup de questions autour du permis de construire :

« Est-ce que tu as fait une demande de permis de construire ? »

Oui, la paillourte est déclarée, elle est en zone constructible, donc cadastrée et tout le bazar…

« C’est conforme à la RT2012 » (RE2020)

Oui et non. La réglementation thermique en vigueur pour les bâtiments neufs au moment de ma construction est bien la RT2012. Cependant depuis le 1er janvier 2015, les bâtiments <50m² n’y sont plus soumis. Ils sont soumis à la RT Bâtiment (source) dont voici le texte. C’est une réglementation beaucoup plus souple, sans contrôle obligatoire payant (le test d’infiltrométrie en l’occurrence, donc pas d’obligation d’étanchéité à l’air parfaite), chauffage au bois possible car pas non plus d’étude thermique obligatoire payante… Du coup notre paillourte fait 49,5m² au nu du mur extérieur (ce qui ne fait plus que ~40m² intérieur avec l’épaisseur des murs en paille).

Mise à jour 2023 : Depuis la RE2020 est en vigueur, mais il est toujours possible d’avoir une déclaration (pas d’étude/calcul) sous les 50m2. (source). Certaine exigence de construction demeure tout de même (minimum d’isolation par exemple…) et il faut une attestation pour le permis qu’on peut générer gratuitement par ici.

« Est-ce que tu as eu des difficultés à l’avoir ? La mairie n’a pas été trop pénible ? »

Pas de difficulté. Avant d’acheter et d’envisager la paillourte j’avais éplucher le PLU de ma commune et j’avais rencontré la chargée de l’urbanisme pour lui parler du projet, voir si j’avais rien oublié dans le PLU…

Le PLU s’intéresse à l’aspect esthétique / extérieur uniquement. Du coup, inutile de parler de paille ou terre… Dans tous les cas, il y a, je pense, extrêmement rarement des contraintes de forme (rond, carré, rectangle…). Les points bloquants pourraient être :

  • Des restrictions sur la toiture : par exemple obligation de couvrir en tuile dans certain village typique… Mais depuis la loi grenelle 2, il est interdit d’interdire tout dispositif « favorisant la retenu des eau pluviales » (Inscrit dans le code de l’ubanisme L111-16, article R111-23 (source)
  • Des restrictions sur la couleur des murs : Toutes les maisons doivent avoir les murs blancs… ça va ajouter un sur-coût mais il n’est pas impossible de teinter l’enduit extérieur avec des pigments d’ocre, ou de faire un lait de chaux (même si ça peut être dommage parce que la couleur de la terre c’est tellement beau…).

Mes propos deviennent caduques si le terrain se trouve hors zone constructible ou près d’un monument protégé. Il y a un paquet d’églises en France, faut pas trop s’en approcher sinon il y a les architectes des bâtiments de France qui étudient aussi le sujet et leur regard est plus « personnel » que l’interprétation d’un texte…

« Est-ce que tu peux me transmettre les documents donnés pour le permis ? Ça serait vraiment une super base pour faire la notre sans être obligé de faire appel à un architecte. »

Pour une maison de moins de 150m² il n’est pas obligatoire d’avoir recours à un architecte. C’est moi qui ai rédigé le permis de construire, fait les plans, etc… C’est du boulot, du gros boulot même, mais le faire soit même c’est une grosse économie.

Voici le dossier de permis de construire avec PCMI1, 2, 3, 4, 5, 6, 8 :

Mais ça ne va avancer personne… Les permis sont très « personnalisés » en fonction de là où on est en France, du PLU, de la zone de construction sur le cadastre. Tout ça fait varier le nombre de pièces à fournir. Les contraintes esthétiques, combien de portes, de fenêtres vous voulez… bref ça sert à rien de copier, ça sera différent. Mais je vous le mets quand même pour avoir une idée….

Combien ça coûte une paillourte ?

Je ne sais pas pour « les paillourtes » (il doit y avoir autant de paillourtes différentes que de constructeurs), mais pour la mienne, je sais le dire : le détail est sur cette page : Bilan humain/financier

Tu es du métier ?

Non du tout, j’ai une formation en électronique/informatique. Par contre, je ne me suis pas lancé comme ça. J’ai fais BEAUCOUP de chantiers participatifs (pendant un temps, je ne faisais quasiment que ça de mon temps libre/mes vacances…). J’ai suivi des petits modules de formation/stage par ici ou par là, j’ai lu beaucoup de livres, rencontré des auto-constructeurs qui avaient un projet similaire pour avoir des retours d’expériences sur leur vécu… Bref ça ne s’improvise tout de même pas.

T’as pas peur que ça brûle une maison en paille ?

Avez-vous déjà essayé de mettre le feu à un annuaire téléphonique ? C’est très difficile, parce qu’il n’y a pas d’oxygène entre les pages. Et bien c’est pareil avec la paille en bottes (utilisée dans la construction ici). C’est de la paille compressée au même titre que les pages de l’annuaire, la paille se consume donc très doucement.

Une vidéo ou des pompiers mettent le feu à une maison en paille terminera de vous convaincre :

T’as pas peur que les rongeurs mangent toute la paille ?

Les rongeurs mangent les céréales, pas les brins de paille. Les céréales ont été moissonnées avant la mise en botte, il n’y a donc normalement plus (ou quasi) à manger pour les rongeurs. Ceci étant, ils peuvent vouloir venir se mettre au chaud l’hiver (comme dans tout les isolants), il faut donc soigner les enduits et les faire d’au minimum 3, 4 cm pour éviter les intrusions.

Retour d’expérience à chaud sur l’auto-construction

Alors ces 4 mois d’expérience d’auto-constructeur, de chantier participatif, de chantier ou tu construis ta maison, c’était comment ?

J’ai trouvé ça : éprouvant, stressant, fatiguant, exténuant physiquement… mais j’ai quand même appris plein de trucs, c’était hyper riche humainement et surtout hyper satisfaisant. Dans le détail :

  • Stressant : Parce que prendre seul des décisions techniques qui ont de l’importance (que la maison ne nous tombe pas dessus par exemple) et bien ça a été stressant pour moi. Prendre ces responsabilités sur un truc qu’on fait pour la première fois (faire une maison) et qui a une forte incidence financière, moi ça m’a stressé (pourtant je suis pas d’une nature « boule au ventre »). Mon truc à moi pour calmer mon stress par rapport aux choix techniques ou aux problèmes potentiels qui surviennent sur le chantier, c’est de toujours avoir un plan B. Tant que j’ai pas de plan B, je suis pas bien ; dès que j’en ai un, je me sens soulagé. Un exemple : je constate que les murs de paille porteuse ont été trop contraints, le faux aplomb est important, ça peut nous tomber dessus. Dans ma tête, le plan B c’était de me dire que si ça merde, on met 24 poteaux sous les 24 perches de la charpente réciproque et la maison tiendra (tant pis, ça sera plus en paille porteuse). Heureusement, on n’a pas été obligé de faire ça, on a réussi à ajuster le mur (explication ici). Mais le simple fait d’avoir imaginé une solution face au pire, ça allait mieux.
  • Fatiguant : parce qu’à des moments, c’est difficile de s’arrêter : parce que la paille n’est pas protégée, parce qu’on veut être hors d’eau, parce que je veux pas que le chantier s’éternise sur 10 ans… bref il y a toujours une bonne raison. Un grand truc qui m’a aidé là-dedans c’est le chantier participatif. Savoir qu’il y avait du monde au matin qui venait sur le chantier me motivait pour sortir du lit, le plaisir de la rencontre, de la discussion… Leur mots en voyant le chantier aussi me portaient, quand j’entendais des « houaaa trop bien », « génial », ça m’encourageait à continuer sur la même voie.
  • Exténuant physiquement : Il y a des étapes qui sont particulièrement rudes : les fondations cyclopéennes, le chargement des bottes de paille (j’ai jamais eu des courbatures aussi longtemps dans ma vie). Je suis quand même satisfait de ne pas m’être fait trop mal, rien de cassé à part un ongle mais bon ça repousse. Le moindre bobo peut être dramatique, ça peut vous immobiliser et donc stopper net le chantier.
  • Riche humainement : parce qu’on a rencontré ~90 personnes durant ces 4 mois, qui nous ont donné du temps, parfois sur plusieurs jours… ça créé du lien, on en ressort avec des nouveaux copains 🙂
  • Hyper satisfaisant : Quand je me retourne et que je vois ce qui a été fait, je ressens de la fierté de l’avoir fait, même si c’est pas parfait, même si il reste un peu de boulot.

Avant de me lancer dans le projet j’ai tâché de rencontrer plusieurs auto-constructeurs pour discuter technique mais pas que… Discuter de tout ce qui va autour du chantier, intendance, gestion… Voici les trucs principaux qui m’ont été dits ou que je conseille avec le recul :

  • Se ménager du temps de repos / d’intimité au cours du chantier pour la vie de famille, pour souffler. Pour moi ça a été très compliqué de m’en accorder. Quand j’étais pas sur le chantier il fallait coordonner les participants, communiquer pour faire venir du monde, gérer les stocks de matériaux, avoir toujours une étape d’avance en tête pour être sûr qu’il y ait tous les outils et fournitures nécessaires à la suite du chantier… Bref je passais mon temps à organiser. Sur le papier, on s’était aménagé un temps de repos le mercredi et le jeudi. Dans les faits, entre les aléas météo, les participants qui sont parfois là le mercredi / jeudi et puis plus rien le reste de la semaine… Le planning était souvent modifié. En plus, à partir du moment où on a reçu les bottes de  paille et qu’on a commencé à monter les murs, c’était la course pour mettre le toit et pouvoir protéger la paille. Ensuite, ça a été la course pour finir le toit et être hors d’eau, ensuite mettre la première couche d’enduit pour finir de protéger la paille… bref il y a eu pas mal de semaine à bosser 7/7. Pourtant je suis sûr que c’est un bon conseil 🙂
  • Épreuve pour un couple (s’il y a): on dit que chez les auto-constructeurs, 2 couples sur 3 se séparent à la fin (ou avant) du chantier. Certains disent même 3/3 :-p. Je peux témoigner que c’est effectivement très difficile, justement parce qu’on est fatigué, exténué, stressé… De notre côté, on avait prévu un chantier court, (une petite maison) aussi pour cette raison.
  • Ne pas avoir d’enfant en bas âge sur le chantier : Raté il y en avait un… Je m’étais dit qu’on était 2, qu’on était tous les 2 disponible à plein temps… on  allait s’organiser. Et bien non, un enfant a besoin d’attention, et pendant ce temps-là, le chantier n’avance pas… Du coup, on a fini par lui trouver une nourrice 2 jours par semaine, sinon elle a été pas mal chez papy/mamie…
  • Pas d’alcool sur le chantier : parce que ça peut être dangereux un chantier, alors si on n’a pas toutes ses aptitudes, c’est encore plus risqué. On s’accordait quand même une petite bière en fin de journée, je vous rassure…
  • Ne rien faire quand il y a du monde, juste encadrer : pas simple de laisser les autres bosser. Mais c’est vrai qu’on a ré-intégré ce point à nos dépends quand il a fallu défaire le travail d’une journée parce que le groupe de bénévoles n’avait pas été suffisamment bien encadré. Il faut être là, présent, faire avec, montrer, remontrer, mais laisser aussi la place à l’erreur (c’est formateur).
  • Si tu as besoin de maîtriser, fait le seul, pas en chantier participatif. Si vous avez une grosse exigence de finition, de planéité par exemple ou autre, éviter le chantier participatif, ça va vous être plus désagréable qu’autre chose.
  • Ne pas avoir trop de bénévoles à la fois : Au delà d’un seuil, ça n’est agréable pour personne. Encadrer un chantier avec 4, 5 personnes, ça peut être déjà complexe selon les niveaux d’autonomie en bricolage.
  • Si c’est trop technique fait le tout seul : Le chantier participatif ça marche bien pour faire des trucs simples. Par exemple, ça ne me parait pas intéressant d’apprendre à projeter de l’enduit à la truelle sur un mur à des débutants, le geste est trop technique et s’acquiert avec le temps. A la fin de la journée le chantier n’aura pas avancé et ça risque de frustrer tout le monde (organisateur & participants). Préférer des techniques simples et facilement reproductibles.
  • Ne pas négliger le temps d’intendance / repas : la gestion des repas est très importante (ça bouffe un ouvrier qui s’est dépensé au soleil). Faire de la bouffe pour 6,7 personnes ça peut mobiliser du temps. De notre côté on essayait d’en faire au max en avance, et sinon on déléguait un petit groupe de 1, 2 personnes volontaires quelques heures avant de manger pour préparer le repas collectif. Nos familles nous ont aussi beaucoup aidés dans la préparation des repas (merci les mamans).

En espérant que ces conseils / retours d’expériences vous soient aussi profitables qu’ils m’ont été…

Fin de la saison de chantier 2018 : Bilan humain/financier

Se faire sa maison, c’est une expérience ! mais la faire en chantier participatif c’est une sacrée expérience humaine. Pas toujours simple, souvent fatiguant mais sans regret.

Bilan humain

Sur notre chantier en ~4 mois (début juin à fin septembre), il y a eu plus de 90 personnes différentes qui sont venues nous donner un coups de main et qui sont restées entre 1 et ~10 jours. On n’a pas bougé de notre chantier de l’été, mais on a rencontré plein de gens chouettes 🙂

91 personnes sont passées donner de leur temps pour apprendre/échanger…

Dans les grandes lignes, j’ai estimé à plus de 340 jour-homme le temps de travail. Ce temps est approximatif, et prend seulement en compte le temps de travail sur chantier, il ne prend pas en considération le travail de recherche, de formation, lecture, recherche de matériaux et les temps de transports/logistique, qui sont pourtant non négligeables.

(Je me lance, je vais tâcher de n’oublier personne) Un grand merci à Jean-Yves, Brigitte, Françoise, Sergio, Nicolas, Juliette, Céline, José, Charlène, Guy, Diane, Irma, Philippe, Martin, Julie, Paul, Simon , Angélique, Hervé, Véronique, Robin, Max, Oscar, Laura, Bertrand, Sylver, Guillaume, Thomas, Sylvie, Mireille, Martin, Bernadette, Pascale, aurélie, Bencho, Alice, Toto, Erwan, Fred, Barth, Lolo, Antoine, Margot, Flo, Julie, Flavien, Clément, Didier, Louis, David, Loris, Pierre, Clément, Sarah, Audrey, Jess, Céline, Lalla, Patrice, Lidy, Pierre, Pauline, Barth, Jean-Marie, Romain Pineau, Camille P, Lionel, Mathias , Céline, Julien, Paule, François, Camille, Yuna, Franck, Louise, Hugues, Romane, Jean-Marc, Ambroise, Jérome, Christophe, Manu, Wiwi, Tifène, Aurélie, Cécile, Nico, Lucile, Rachel, Aurélie pour votre participAction, on n’en serait pas là sans vous ! MERCI !!!!

Petite stats (parce que faut bien en apprendre des choses) : voici par quel biais (la provenance) arrivent les gens et les durées sur chantier :

Bilan financier

A l’heure où j’écris ces lignes, le chantier n’est pas complètement terminé mais les achats sont faits à 98%. Il reste encore le clocheton à faire mais le plus cher (les fenêtres) est déjà dans le bilan, et pour les enduits de finition on a déjà tout ce qu’il faut, donc on est bon de ce côté-là. Du coup, je peux déjà dresser un bilan financier et j’ajusterai dans le futur…

Nous en somme à ~17 000€ TTC pour 40m² habitable

Bien sûr j’ai certainement oublié plein de petites choses, mais l’essentiel est là, j’ai pas non plus poussé le vice à garder les tickets d’essence quand on faisait les courses matériaux… hein…

Le détail c’est par là  :

Ce qui nous fait du ~425€/m² habitable. Là où une « maison contemporaine » en France est donnée pour 1200€/m² à  16000€/m² (source).  On m’avait conseillé de tabler sur 800€/m², donc je suis content. D’autant plus que j’ai pas fait de concession sur les performances du bâtiment. Les raisons pour que ce soit si peut cher :

  • Utilisation au maximum de matériaux bruts. Le bois de charpente par exemple est en bois rond, on a été le choisir en forêt, on a été le chercher, on l’a écorcé, huilé… ça fait une charpente à moins de 300€ on peut difficilement faire mieux. Idem pour la paille, les fondations, les enduits terre c’est quasi gratuit, la récup de tuile pour la toiture..
  • La forme ronde c’est 11% d’économie comme je l’ai déjà démontré dans cet article.
  • Quasiment pas d’engin : la mini pelle pour la tranché des fondations c’est un voisin et c’est le seul engin qui est intervenu sur le chantier.
  • Auto-construction de A jusqu’à Z. Choix de conception, permis de construire, construction… Très peu de pro son intervenu,

On peut faire moins cher ? Bien sûr, on peut toujours, faites-le :-p ! Par exemple : ça aurait été moins cher (gratuit) de mettre de l’enduit sous les bottes à la place des voliges (-2500€). Et on aurait pu faire beaucoup d’autres économies, mais peut-être au détriment des performances thermiques du bâtiment…

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