Une première journée de chantier pour poser les bases.
Grand merci à : Brigitte, Jean-Yves, Françoise, Hervé, Emmanuelle, Sergio, Florian, Jannick, Julie, Édith, Geoffrey, Nicolas, François, Carole, Benoit, Dario, Aurélie, Cécile, Chloé, Julien. Damien, et Sylvie pour leur participation de près ou de loin à cette journée.
La tranchée de ~100m pour l’eau & l’électricité. Pas une mince affaire, heureusement qu’il y avait beaucoup de bras, de pelles :
Nous avons aussi monté le sous-lambourdage. Il y a 29 parpaings pour soutenir notre yourte de 7m de diamètre. Le Sous-lambourdage à été monté au plus près du sol (~5, 7cm minimum) afin de bénéficier au maximum de l’inertie de celui-ci. Nous avons eu la chance d’avoir un niveau laser sur le chantier, ce qui à bien facilité le travail.
Nous avons terminé la journée par le montage du sous-plancher
Encore une semaine passée à l’atelier de la Frênaie où nous nous sommes concentrés sur ce qu’il va y avoir sous nos pieds.
Le plancher
Il est constitué (en partant du bas) d’un sous-lambourdage, d’un lambourdage vissé au sous-plancher, d’une couche d’isolant (liège 4cm) et d’un sur-plancher sur lequel est fixé le parquet.
Sous-plancher & lambourdes
Constitués de douglas pour les lambourdes & de MPF pour le sous-plancher, ils sont assemblés avec des vis.
Il a été construit sur le sous-plancher (alors que sa position sera en dessous) pour faciliter sa construction. Les morceaux de douglas qui le constituent seront ensuite boulonnés.
Sur-plancher & parquet
Le sur-plancher est constitué de panneaux de MPF sur lesquelles sont agrafées les lattes de parquet de façon à ce qu’elles soient démontables.
De retour pour une semaine à l’atelier de la Frênaie où nous nous sommes principalement consacrés à la couture de l’isolant & les perches de toits.
Couture de l’isolant (laine de mouton 12cm)
Pour l’isolant dans le toit, on a procédé presque comme pour la toile intérieure, on a fait 4 quarts de cercle avec des longues bandes préalablement coupées grossièrement puis assemblées. Nous avons ensuite tracé la courbe pour finir par découper notre « quart de gâteau ». La couture est très grossière avec une grande aiguille et de la ficelle tous les ~15cm. L’idée c’est que la couture soit suffisamment serrée pour ne pas faire de pont thermique, mais pas trop compressée pour que la laine conserve un maximum de volume (et conserve sa propriété isolante)
Pour la couture des murs, les bandes de laine faisaient 1m80 de haut. Notre mur fait 2m, il a donc fallu rapiécé… Il a aussi fallu agrafer des liens (corde cousue sur un bout de toile) pour que l’isolant soit noué en haut du mur à la corde tour.
Perches de toit
Nous avons 63 perches de toit (en frêne) qu’il a fallu poncer, tenonner (pour qu’elles rentrent toutes dans la couronne) puis traiter à l’huile de lin. Comme ça, ça parait rien, mais ça prend beaucoup de temps.
Un petit toilette sèche compact pour l’intérieur, histoire de pas avoir à sortir les nuits d’hivers… Il a été entièrement fait de récupération (hors visserie) :
Lunette récupéré : elle n’a plus d’attache pour se fixer sur un toilette, je l’ai donc fixé sur le ‘meuble’ ;
Bois de palette ;
Charnière fabriqué avec des pointes de palettes et des chutes de taule ;
Une marmite en alu d’environ 15L pour recevoir ce que notre corps refuse de garder ;
Un seau en plastique de cantine (fromage blanc) pour la bavette à pipi ;
Je passe sur l’étape de conception de la « boîte en bois » voici quelques images :
Pour vos questions poêles de masse : un forum dédié aux poêles de masse open source existe ! Venez discuter du MiniMasse, du poêlito et compagnie… forum.poeledemasse.org
Modification 02/2016 : peinture, amélioration du bouchon de cendrier & vidéo de la première flambée
La yourte a bien des avantages, mais elle a aussi l’inconvénient de ne pas avoir d’inertie, et ça pour le confort thermique c’est quand même appréciable… L’inertie/la masse permet aussi de ne pas avoir à maintenir un feu permanent, une flambée pendant 2 heures & hop 12 heures de chaleur sans feu (et donc sans risque d’incendie, pour la nuit c’est sécurisant…) Après moult recherches pour corriger ce problème, le poêlito s’est offert à moi. J’ai décidé de me lancer dans sa construction. Il s’agit d’un poêle à bois du type Rocket Stove semi-démontable & conçu pour les habitats légers.
Le chauffage au bois est la meilleure solution dans mon contexte :
Matière première abondante localement (La France possède une grande superficie de forêt, il faut quand même bien les gérer…) ;
Ressource renouvelable ;
Peu de pollution si l’appareil est performant (bonne combustion) ;
Le poêlito est semi-démontable car toute la partie haute du bidon est rempli de sable. Celui-ci est là pour ajouter de la masse tout en étant potentiellement laissé sur place pour un déménagement, ce qui le soulage d’environ 100Kg (celui-ci pèse 250Kg chargé)
Voici deux dessin (vue en coupe) pour comprendre la circulation des flux sur le poêlito :
Un manuel de construction très bien détaillé à été rédigé pour la construction du poêlito (sur le site des2mains) ! Cet article n’a pas pour but de ré-écrire le manuel, mais d’y apporter une modeste expérience, du complément… Si vous voulez en construire un, lisez le manuel.
Mon poêlito, un Pito 200
Fournitures / matériaux
J’avais largement sous estimé le temps que ça allait me prendre. C’est une étape à bien anticiper avant le début de la construction (~1mois).
Vermiculite récup’ laboratoire (ça sert de protection dans le transport). Sinon en animalerie c’est utilisé pour les reptiles. Le prix au kilo est plus élevé mais les conditionnements sont plus raisonnables pour la construction d’un poêlito (ça évite d’en acheter 100L alors qu’il n’en faut que 10L)
Chamotte réfractaire 0-5 : C’est ce qui a été le plus long. Si vous habitez dans le sud c’est plutôt simple, mais par chez moi c’est très compliqué. La livraison est plus coûteuse que la matière, il faut donc mutualiser… Personnellement j’ai trouvé à mutualiser une commande avec une fonderie près de chez moi. Un artisan poêlier était aussi volontaire. Sinon il faut regarder du côté des briqueteries autour de chez vous.
Tube en carton 100, 130, 150 : Les tube de 60, 80 ça se trouve facilement. C’est standard pour l’expédition postale. J’ai récupéré un tube de 100 mais loin sans peine. Pour le reste je n’ai pas réussi à trouvé en récup’ ou en pas cher. Parce qu’a partir de ce diamètre c’est des tubes de coffrage et un tube de coffrage 150 c’est très vite 50€. Par contre des cartons plats j’en trouve en pagaille. L’idée a donc été de partir de tubes de 60 ou 80 pour avoir une structure ronde sur laquelle s’appuyer et d’enrouler des cartons autour jusqu’à arriver au diamètre désiré. C’est plus long mais c’est plus économique et on m’aurait soufflé cette idée plus tôt, j’aurais aussi économisé du temps de recherche… A certains endroits, j’ai utilisé un tube PVC de 100 qui traînait dans le jardin que j’ai enroulé d’un papier cartonné pour pouvoir le faire glisser une fois le béton coulé. Évidement ça ne fonctionne qu’aux endroits accessibles du coffrage.
Vitre vitrocéramique : Rien a voir avec le verre posé sur une plaque vitrocéramique apparemment (des dires d’une miroiterie). Il s’agit plutôt d’un verre de porte de poêle. Ça coûte cher en neuf mais j’ai réussi a en trouver d’occasion. Il faut le prendre au minimum de 4mm d’épaisseur, c’est donc difficile (impossible ?) à découper au diamant pour un novice comme moi. L’alternative est la plaque en fonte mais l’idée d’avoir vue sur la flamme me plaisait bien…
Pour connaître les quantités de vermiculite, chamotte & ciment, le calcule est long et fastidieux. J’ai fais un petit tableur que vous pouvez ajuster / modifier pour votre poêlito :
Le bidon est récupéré chez un garagiste. C’est l’endroit où tout va se jouer, je l’ai bichonné. C’est un bidon de 200L de diamètre ~60cm. Il faut le décaper afin d’éviter toute émanation de peinture.
Usinage du bidon à la scie sauteuse, évacuation des fumées et cendrier :
Le bouchon de l’entrée de bois avec sa petite poignée en bambou :
Le bouchon du cendrier est plus travaillé, avec une petite ouverture pour gérer l’arrivé d’aire :
Fabrication du coffrage d’évacuation de fumé en carton. Comme dit plus haut, j’ai utilisé des tubes de PVC aux endroits accessibles après la coulée et j’ai roulé du carton plat pour arriver au diamètre souhaité :
Découper un tube pour lui faire faire doucement un angle de 90° c’était pas si simple. On a essayé avec des cosinus et d’autres formules mathématiques barbares sans succès. On est passé à une méthode plus triviale : on a dessiné sur papier puis placé le tube au dessus du papier et tracé la découpe à l’aide du laser de la scie sauteuse :
Et voilà l’assemblage des deux coffrages ‘hors bidon » une fois cellophanés :
Nouveau décapage & usinage d’un bidon de diamètre 350mm pour la cloche :
Test de l’ensemble dans le bidon, j’en profite pour percer le fond du bidon et passer les fils de fer qui maintiendront le coffrage à sa place pendant la coulée du béton réfractaire.
Évacuation du sable :
J’avais besoin de tester le béton isolant. C’est passé par la fabrication de 4 pieds pour le poêle. Ils seront placés sous le poêlio afin de laisser une lame d’aire entre le sol et le bidon. J’ai bien fait de faire un test. Celui-ci m’a permis de me rendre compte que je ne tassais pas suffisamment…
Après apprentissage des erreurs, la première « vraie » coulée, du fond du bidon avec un béton isolant sur 3cm (vermiculite + ciment fondu) :
2ème coulée, de fond de bidon avec 3cm de béton réfractaire (chamotte + ciment fondu). Le constat c’est que la prise est très rapide. Il va falloir se méfier pour la grosse coulée.
Préparation des réservations de sable. Celles-ci permettent une économie de béton réfractaire et permettent l’évacuation du sable par gravité. J’en ai profité pour ajouter des cales pour maintenir des écartements entres les différents éléments (3cm de béton minimum partout pour que la structure tienne)
La grosse coulée ! Là ça rigole plus, 90Kg de chamotte réfractaire à passer, 35Kg de ciment… Jonathan, de l’association APALA est venu me prêter main forte pour l’occasion, merci à lui. J’avais acheté un embout malaxeur mais ça faisait trop chauffer la perceuse et la prise est trop rapide pour faire de grosse quantité. Donc on a d’abord mélangé tout le sec (chamotte & ciment) dans une poubelle et on mettait dans la gamate au fur et à mesure avec l’eau. On était 2, un au mélange, l’autre à tasser. C’était pas de trop, on y a bien passé 3 heures.
J’ai demandé à une miroiterie, c’est ~75€ la découpe sans garantie de réussite (si ça casse c’est pour ma pomme) j’ai donc joué la carte réseau et un ami de mon père s’est dévoué. Toujours sans garantie de succès, mais là c’était gratuit.
Sortie coffrage. A cet étape je me suis aperçu que l’idée des tubes de PVC (même bien entouré) n’était pas la meilleure idée du monde. En effet la poussée du béton est telle que le PVC était bien coincé. J’ai dû faire une petite flambée (2 bouts de papier, cagette) pour le ramollir puis l’extraire.
Coulée du tube de remontée de flammes. Cette coulée se fera en béton isolé (vermiculite). L’espace entre le haut de la remontée et la vitre ne doit pas créer d’étranglement mais il doit être maximisé pour éviter des inversions de tirage. Pour calculer l’espace (ici la hauteur) à laisser il faut procéder comme suite :
Notre diamètre est de 100mm, nous cherchons h, la hauteur :
L’espace (hauteur) minimum entre la fin du tube de remontée de flamme et la vitre doit être d’au moins 25mm. J’ai mis 35…
Moule en carton et béton isolé :
La plaque fond de cendrier a été réalisé par mon père qui avait une plaque de fonte type égout à découper. Elle permet de bien faire circuler l’air :
Découpe cloche et alimentation en bois :
Découpe couvercle :
Peinture :
Assemblage
Y’a plus qu’a…
Il reste à coller les assemblages avec du mortier terre & à remplir de sables mais étant donné qu’il va déménager avant d’être utilisé je ne vais pas le faire maintenant.
En euro : hors coût d’évacuation des fumées & matériel que je n’avais pas, je m’en suis sorti pour 273€ (+30€ de peinture, parce que c’est plus joli et que ça protégera le bidon de la rouille). Il est annoncé entre 270€ et 340€, je suis dans les clous. Plus de détails :
En temps : aucune idée mais pas mal quand même. En m’en occupant de temps en temps (à l’envie) le soir, week-end il s’est passé 3 mois entre la compréhension/l’étude du manuel, la recherche de matériaux, la construction & la première flambée.
Conclusion
Je ne vais pas faire de conclusion sur son utilisation, n’ayant pas de recul sur celle-ci (ça viendra et je tâcherai d’en faire un billet). Globalement je suis satisfait & c’était plaisant, les solutions succédaient plutôt rapidement les problèmes. J’ai appris beaucoup car je n’avais jamais vraiment fait de béton seul ni même trop travaillé le métal. La partie « béton » n’a quand même pas été une partie de rigolade, en effet travailler protégé/masqué n’est pas dans mes habitudes.
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Nous construisons notre Yourte accompagnés par l’atelier de la Frênaie. Pour un bref récap’, notre yourte est une yourte 4 saisons et nos choix la concernant sont les suivants :
7m de diamètre soit 40m²
Toile acrylique en extérieur : beaucoup plus durable que le coton (cousue par la Frênaie, car nécessitant une machine à coudre industrielle et un savoir faire important)
Pour les ouvertures : 1 porte vitrée & 2 châssis fixes vitrés au Sud + 1 porte vitrée à l’Est
12cm de laine de mouton pour isolant ;
Toile intérieure en draps blancs (recyclage) ;
Structure en bois de frêne brute partiellement écorcé (parce que c’est beau, souple et résistant) ;
Dôme vitré ouvrant avec sortie de poêle (fait par la Frênaie) ;
Plancher isolé avec 4cm de liège ;
Dans mon précédent article, je détaille plus ces choix. On a pas lésiné sur le confort thermique (isolation et ouverture en dur) parce que ça me semblait important écologiquement et qu’on avait les moyens de le faire. Sans pour autant perdre l’aspect nomade, le souhait étant que cette yourte puisse entrer dans un camion de déménagement de maximum 20m3. Cette yourte nous coûte ~15000€.
La Frênaie nous permettait de rapporter du « travail à la maison » (le reste se faisant en atelier), ce que nous avons fait pour les murs & la toile intérieure.
Le treillis (les murs)
En bois de frêne brute partiellement écorcé donc. Je trouve ça magnifique mais pas simple pour l’assemblage car le bois n’est pas droit ni régulier. Ceci étant dit je recommencerai volontiers. Le frêne à été coupé localement dans le marais par la Frênaie qui se veut exemplaire dans la gestion de celui-ci.
Les murs sont constitués de 144 perches, il a fallu faire 976 trous et tout autant de nœuds. Le plan ce présente comme tel :
Note : Il y a une erreur sur le plan. Dans le schéma en haut à droite il faut inverser le mur C & le mur B. La vue de gauche est la vue « de l’intérieur »
Nous avons commencé par les poncer et les percer à l’atelier de la frênaie :
Ensuite il faut faire les nœuds. On a convié des copains nœud nœud pour se faire. En deux grosse après-midi c’était fait :
Merci à Florian, Romain, Sergio, Aurélie, Florian G., Pierre-Yves, Manon, Anaig, Chloé, Aurélie, Julie, Mélanie, Nico, Louisa, Florian, Marnia pour leur participation.
La toile intérieure
La toile intérieure est faite en draps de seconde main. Elle n’a aucun rôle structurel, elle maintient simplement l’isolant à sa place. Une couture simple est donc suffisante. Mais la couture anglaise à été préférée pour une meilleure finition et pour envisager un éventuel lavage en machine. Voici le patron de la toile intérieure pour les curieux.
Vues les longueurs de tissus à manipuler nous avons loué un petit atelier associatif avec de l’espace et des tables (pleins de tables)
Pour découper le cercle nous avons investi dans 2 bâches (10x2m) qui serviront plus tard pour couvrir le bois. Elle nous ont permis d’étendre la moitié de la toiture et de tracer le cercle à l’aide d’une grande ficelle de la taille du rayon.
Merci à Cathy (pour son atelier), Carole (best of couturière), Alice & Chloé pour leur aide précieuse sur cette étape.
Edit : Sept 2017 modification du paragraphe sur la législation avec, depuis peu, un assouplissement de la RT2012 pour les bâtiment de <= 50m²
Une yourte ou iourte est l’habitat traditionnel (tente avec une ossature démontable en bois recouvert de feutre) de nombreux nomades vivant en Asie centrale, notamment les mongols et turkmènes. [1]
L’habitat c’est important à mon sens, c’est une sorte de seconde peau. Après m’être formé sur la construction paille, après plusieurs chantiers participatifs… Il n’était pas encore temps pour moi de me lancer dans la construction « en dur ». La yourte m’a semblé une bonne première étape à mon projet de vie pour différentes raisons :
Sa mobilité : la yourte est démontable, ce qui est confortable pour moi qui n’arrive pas à me dire que je vais vivre ici ou là pour les 6, 9, 12, 40 ans à venir ;
Son confort : le rond je trouve ça agréable, regardons autour de nous, la nature ne fait pas de carré, c’est l’homme qui à créé ça ;
Sa rapidité / simplicité de mise en œuvre : quelques semaines suffisent
Son faible coût ;
Ceci étant dit, j’annonce tout de suite les défauts inhérents au mode de vie en Yourte :
Son manque d’inertie thermique (à ne pas confondre avec l’isolation thermique [2][3]). De ce fait, la yourte est très facile à chauffer l’hiver mais se refroidit dès que le poêle est éteint. On peut pallier partiellement à ce problème en hiver avec un bon poêle de masse et en été grâce à une bonne aération (ouverture du dôme + porte). Un conseil qui m’a été donné, c’est de mettre des briques de terre cuite partout ou c’est possible ;
Son manque de cadre juridique en France : le yourte n’a pas une bonne image en France, il est très (trop) compliqué de s’installer dans une parfaite légalité (j’en parle plus loin) ;
Se documenter
Les Yourtes « traditionnelles » (type mongole) ne sont pas adaptées à nos climats. L’import d’une Yourte mongole n’est donc pas un gage de longévité (au contraire).
Globalement, en France, la yourte n’est pas la bienvenue. D’ailleurs tout ce qui s’approche de prêt ou de loin au nomadisme ne l’est pas dans une société ou la propriété est encouragée (foncière, intellectuelle).
Une asso pour toutes les questions précises : HALEM
Permis de construire mais RT2012
Le seul moyen d’être serein sur le long terme c’est de déposer un permis de construire pour sa Yourte. On perd du coup le côté nomade et si jamais le Maire accepte de délivrer le permis de construire (c’est pas gagné), il faudra respecter la RT2012. C’est possible mais je trouve que la Yourte perd tout son sens. Les sections de bois sont dignes d’une charpente, il faut scotcher toutes les toiles, il faut un semi remorque pour la déplacer (là ou une yourte contemporaine égale en taille ne nécessite que 30 mètres cubes)… Du coup le côté nomade est définitivement perdu. A ce compte là, je ne vois même plus l’intérêt d’une yourte, autant faire une petite maison en bois.
Edit 10/2017 important : depuis Janvier 2017, les bâtiments <= 50m² ne sont plus soumis à la RT2012 mais à cette réglementation thermique. Elle est beaucoup plus facile à mettre en œuvre pour une yourte (même si elle occasionne quand même un léger surcoût). Il est donc possible de s’installer en yourte, avec un permis de construire sur un terrain constructible si le bâtiment fait moins de 50m² sans pouvoir être embêté par la loi. Sous réserve que votre PLU accepte la forme ronde et la couverture « bâche » :
Personnellement je suis parti là dessus, c’est moins contraignant et c’est plus dans l’idée que je me suis faite de la vie en yourte. Mais c’est moins sécurisant. Après contact avec l’association HALEM, de nombreux procès sont engagés contre des « yourteux » en France, j’en ai beaucoup entendu :
S’installer chez un copain, le maire est un ami, mais voilà le maire change… celui d’après demande l’expulsion ;
S’installer chez soi, le maire est à l’apéro tous les dimanches, les voisins aussi jusqu’au jour ou le maire reçoit des pressions du préfet pour le démontage ;
…
Et ça, c’est dans le cas ou on à un copain Maire (personnellement, j’en ai pas).
Dans toutes les histoires de « yourteux » expulsés qu’on m’a contées jusqu’à présent, c’était soit de la délation venant du voisinage ; soit le maire, soit le préfet qui exerçait une pression sur le maire pour que la yourte soit retirée.
Des zones « grises » dans la législation Française sont à exploiter :
Rénovation : acheter une ruine sur un joli lopin de terre, déposer un permis de construire pour la rénovation. Cette démarche vous permet de poser un habitat temporaire de chantier (la yourte). Vous avez 2 ans pour commencer votre chantier sinon le permis est caduc mais vous n’avez pas de limite de fin de chantier. Si on vient vous embêter, il faut pouvoir prouver que vous avancez sur votre chantier… doucement… mais quand même significativement et sans interruption de plus de 1 an. Cette information m’a été confirmée par 2 constructeurs de yourtes. Par contre, si vous allez voir une mairie pas très ouverte, il y a des chances pour qu’elle vous dise « 1 an pas plus pour l’habitat temporaire » (ça m’est arrivé). Je pense que c’est une limite sans fondement juridique mais bon après c’est toujours s’exposer…
Camping à la ferme : les agriculteurs ont quelques facilités à pouvoir poser des habitats légers sans trop de contraintes. La limite est de 6 habitats et 20 personnes sur le site et seulement pour 6mois. Des mairies tolèrent des expérimentations à l’année. [4][5]
La taxe d’habitation
C’est souvent ce qui cristallise les tensions entre les yourtes & le voisinage / la mairie. Le manque d’équité face au taxe, les yourtes « profite » du fait de l’impossibilité de les taxés (le rond ça rentre pas dans les cases). Proposer un chèque de don à la mairie équivalent à la taxe d’habitation semble être une piste intéressante pour montrer patte blanche. Le but est de montrer que la démarche n’est pas d’échapper à toute taxe mais de vivre comme j’ai envie de vivre tout en contribuant à la vie local.
Aide / mutualisation
Je suis bricoleur mais pas suffisamment téméraire pour m’improviser constructeur de yourte. J’ai rencontré plusieurs personnes l’ayant fait, et beaucoup sont passées (au moins pour la 1ère) par un organisme qui les a aidées. Il y a en a un peu partout en France. Personnellement je suis dans le grand ouest et j’ai retenu :
flexyourte.com Yourte 100% récup’ vraiment pas cher et très nomade
YourtEco : Entreprise qui accompagne les auto-constructeurs (location atelier, achat matériaux). Procédé constructif bien abouti, met l’accent sur les finitions et la performance. Leur principale activité reste la construction et non l’accompagnement des auto-constructeurs ;
La Frenaie : Coopérative qui accompagne les auto-constructeurs (location atelier, achat matériaux). Démarche écologique forte, récup’ de drap en blanchisserie pour la toile intérieure, utilisation du bois du marais local pour les perches… Pousse vers l’autonomie de la yourte en partenariat avec l’atelier du soleil et du vent…
C’est vers ce dernier que je me suis tourné.
Choix des matériaux
Yourte.net nous explique ses choix sur les matériaux ici.
Toile extérieure
Deux grands choix possibles : le coton ou l’acrylique – les prix sont identiques ;
Le coton : facile à travailler avec des machines à coudre classiques mais durée de vie ~2 ans
L’acrylique : complexe à travailler (pas le droit à l’erreur) difficile donc pour l’auto-constructeur mais une durée de vie de ~10ans. Et de nombreuses couleurs au choix
Même si l’acrylique est un produit dérivé du pétrole il me semble plus judicieux pour moi de l’adopter du fait de sa durée de vie plus longue. D’autant que la filière du coton semble plutôt décriée (OGM, manque de traçabilité [6])
Toile intérieure
De la récupération de draps convient très bien pour la toile intérieure. Celle-ci n’a pour fonction que de maintenir l’isolant.
L’isolation
L’isolation est importante, le mode de vie en yourte me semble cohérent, mais il le serait moins pour moi avec 2cm de feutrine (souvent le cas). J’ai choisi une isolation en laine de mouton (traitée aux huiles essentielles) proposée par la frênaie en 12cm.
Les ouvertures
Il est indispensable d’avoir au minimum 2 ouvertures dans une yourte afin de pouvoir l’aérer en été.
Les perches
Pour les perches de toit & de mur, j’ai choisi le bois de frêne, construisant ma yourte dans le Marais poitevin. La Frênaie à, sur cet aspect, une démarche remarquable.
Le frêne est l’essence emblématique du terroir du Marais poitevin. Notre démarche de récolte se veut exemplaire en terme de gestion de boisement et de biodiversité. Travailler avec des baliveaux écorcés donne un cachet très rustique et une garantie des structures solides. Nous appliquons sur ses ossatures un traitement à base d’huile de lin. [la suite]
Le bambou est aussi une très bonne option, quasi gratuit et en abondance.
Plancher
Les planchers caissons assemblés (avec souvent un isolent en vrac) en part de camembert sont séduisants par leur simplicité de démontage. Mais je suis dubitatif sur la tenue dans le temps. Le bois travaillant, la jonction entre les différents morceau du camembert est importante pour assurer une bonne étanchéité à l’aire. De plus, il y a assurément un pond thermique à chaque extrémité de caisson
La proposition de la Frênaie me semble plus pertinente car offrant une continuité d’isolant (plaque de liège). Donc pas de pond thermique et pas de problème avec le bois qui travail dans le temps. Le liège étant un bon isolant résistant à la compression il n’y a pas de problème pour s’en servir en plancher. J’ai opté pour 400mm de liège dans mon plancher.
Le poêle
Il est important de bien dimensionner son poêle en fonction de sa yourte pour ne pas avoir de surchauffe en hiver mais aussi pour avoir une bonne combustion (un poêle en sous régime n’est pas une bonne chose pour notre mère la terre)
Le poêlito me semble être une bonne solution pour la yourte car :
C’est basé sur le principe du rocket stove (donc éprouvé, rendement à 70%)
Faible coût de construction ;
Il apporte de la masse (de l’inertie) là ou la yourte en manque, et donc améliore le confort thermique de celle-ci ;
Il est semi-démontable : la masse (du sable stocké dans le haut du bidon), peut être laissé sur place, et le bidon déplacé plus facilement. Ce qui est commode pour un habitat démontable ;
Sur l’évacuation des fumées / la sortie de poêle, il y a deux écoles et j’ai entendu tout et son contraire.
Sortie par le dôme central :
Avantage : meilleur diffusion de la chaleur car le poêle est au centre. C’est solide car pas trop de prise au vent,
Inconvénient : occupation de l’espace central, certain rapporte qu’il y a des retombées de cendre incandescentes sur la toile et donc des risques d’incendie. J’ai eu des témoignage rapportant des trous dans la toile extérieure. Apparemment si on respecte une certaine longueur de cheminée, ces arguments ne tiennent plus ;
Sortie par un mur :
Avantage : libère l’espace central et minimise le risque d’incendie si la sortie est placée « dans le sens du vent » (exemple si le vent dominant est Ouest, placer la cheminer au Nord),
Inconvénient : on chauffe beaucoup les oiseaux, le tuyaux d’évacuation encore chaud part directement dehors. Il faut haubaner solidement l’évacuation (prise au vent conséquente) ;
Sortie par le toit : très complexe à mettre en œuvre.
J’ai choisi une évacuation par le dôme, pour maximiser la chauffe. Je prévois de déplacer le poêle du centre de la yourte durant la période estivale où il n’est pas nécessaire.
Le prix
Pour une Yourte 4 saisons auto-construite de 7m de diamètre (soit 40m²) en neuf, le prix varie entre ~5000€ & ~16 000€ selon votre degré de récup’ de matériaux et d’auto-construction.
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