D’abord un petit retour sur la dalle de corps : elle manquait cruellement de liant (argile) et était beaucoup trop chargée. En effet, du sable pouvait partir indéfiniment en passant le balai… Ceci étant, on l’a maltraitée parce que c’était encore « chantier » et qu’il y avait à faire dans la paillourte et que, de toute façon, on savait bien qu’on allait faire une couche de finition, donc qu’importe.
La recette
5 volumes de terre tamisée à 0-10mm
2 volumes de sable 0-4
Le tout mélangé au malaxeur… Pas trop humide. J’ai même fait le mélange 3 jours en avance pour qu’il ait le temps de sécher un peu (c’est plus facile de tamiser bien humide et on veut un mélange qui ne le soit pas trop…).
A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…
Pour la mise en œuvre, on s’y est pris de la même façon qu’avec la dalle de corps (voir le schéma ici) : on a placé des plots (3 volumes de sable pour 1 volumes de chaux) en périphérie, bien de niveau, ainsi qu’un plot central. Ensuite on est venu poser une plaque de bois en « lune » sur ces plots. Le haut de la plaque de bois correspond au niveau fini. Ensuite, on tire à la règle de maçon le mélange.
Pour couler les plots je dépose une « bousée » de mélange, je pose un morceau de bois et mon niveau, je tapote jusqu’à arriver au niveau souhaité et voilà…
Merci à Bérengère, Florian, Jérôme, Anne-Laure, Emmanuel, José, pour leur aide précieuse
Oui parce qu’autant la couche de corps manquait cruellement d’argile pour que ça se tienne convenablement (que du sable ne se détache pas indéfiniment quand tu passes le balai), autant pour la couche de finition il y a eu la dose en argile. Deuxième écueil : plus le granulat est fin, plus l’épaisseur doit l’être (la granulométrie max ~1/3 de l’épaisseur). On était juste juste, ce qui a pu amplifier la fissuration.
Après de multiple tests pour boucher ces fissures (et qu’elles ne réapparaissent pas) la méthode a été d’injecter de la barbotine dans la fissure, puis de taper à la massette sur celle-ci, et enfin d’ajouter de la matière par dessus et de lisser le tout…
Voilà ce que ça donne après 4 semaines de tentative de réparation / réparation…
Ensuite, elle a été cirée à la « cire punique » (cire d’abeille sans résidus saponifiée) pour la rendre étanche (pouvoir passer la serpillière sans que ça redevienne de la gadoue…).
Observation / retours expériences
C’est fragile ! Peut être un peu plus qu’un parquet en sapin (quoi que…) c’est donc fait pour marcher sans chaussure.
Si vous faites des tests, le durcissement est long, au bout de 2 mois c’est vraiment plus dur.. On a essayé avec un peu de chaux pour la durcir, la rendre moins fragile, mais ça a l’inconvénient de poudrer s’il y a un poc, alors qu’avec la terre ça marque mais pas plus ET ça se retravaille facilement si elle s’abîme. Avec la chaux, c’est irréversible et donc plus difficilement réparable….
Quelques tests à l’huile de lin & autres additifs mais rien de concluant : séchage plus lent, pas plus solide, altération de la couleur…
On nous a déconseillé d’ajouter de la paille dans cette finition terre au sol par crainte de pourrissement.
Faites des tests « en grand » (pas juste des carreaux de 40cmx40 comme nous…) c’est pas significatif sur les fissures parce que ça travaille pas du tout de la même manière en grand…
Pour la dalle de finition 3cm c’est trop : 1,5 à 2cm ça aurait été suffisant. La couche de finition c’est plus long à préparer – tamisage fin – et à mettre en œuvre que la couche de corps.
La 2ème et dernière saison de chantier participatif pour la paillourte est lancée ! Pour rappel la paillourte c’est : une maison ronde, en paille porteuse (sans ossature bois) enduit de terre, avec charpente réciproque et toiture végétalisée. Nous en sommes aux finitions mais il y a encore pas mal de boulot.
Pour vous donner une idée du calendrier global :
[terminé] Enduit terre de finition (intérieur) du 26 Avril au 1er Mai (week-end + jour férié) ;
[complet] Dalle en terre de finition du 10 au 12 Mai ;
[terminé] Enduit terre-chaux de finition (extérieur) du 17 au 19 Mai et du 24 au 26 Mai ; finalement on a déjà terminé cette étape durant la période 26 avril 1er mai..
[terminé] Végétalisation (plantation) de la toiture
[terminé] Petit travaux de finition du 17 au 19 Mai
[terminé] Peinture à l’argile sur enduit terre intérieur
On limite l’accueil à ~5 participants max pour que ça soit agréable pour tous.
Merci de prévenir à l’avance de votre présence pour qu’on puisse s’organiser (pour les repas notamment)
Détails pratiques
Une petite boisson chaude avec des plantes dedans sera servie vers 8h30. Il sera apprécié que vous arriviez maximum à 8h45 pour qu’on commence tous ensemble par un petit tour de bonjour, de météo intérieure, etc…
Pour le repas du midi, on vous propose de manger ensemble. Nous l’assurons mais si l’envie vous prend de nous faire goûter votre recette préférée, vos super légumes du jardin, etc., toute participation volontaire est la bienvenue. Le repas sera bio dans sa grande majorité et plutôt végétarien.
Le chantier est sans alcool en journée.
Le repas du soir n’est pas assuré par nos soins mais on peut aussi cuisiner ensemble avec ce que chacun apporte… C’est une proposition, c’est ouvert…
Douche bassine dans notre yourte ou en extérieur (apporter vos gants de toilette, serviette…), toilette sans eau potable dans la cacabane, il y a de quoi poser la tente, garer un camion…
Enfin, prévoyez une tenue adaptée la météo et au travail de la terre…
Comme j’en ai déjà parlé dans le précédent article, l’eau se concentre en 4 points bas sur ma toiture. En périphérie de la toiture végétalisée, l’eau est drainée par un drain agricole (tuyau perforé) entouré d »un géotextile caché dans du gravier. Le drain étant là pour faciliter la circulation d’eau en cas de forte précipitation. Au niveau des points bas, il a fallu percer l’EPDM pour évacuer l’eau. Les vendeurs d’EPDM m’ont fourni des descentes d’eau pluviale (un tuyau PVC soudé avec un bout de membrane EPDM + bande adhésive. C’est plutôt simple à mettre en œuvre. Il faut:
Découper l’emplacement du tuyau dans l’EPDM
Nettoyer les surfaces à coller
Appliquer le primaire vulcanisant (colle, comme les colles de chambre à air)
Ensuite on passe à la pièce adhésive (qui constitue l’étanchéité) qu’on va venir coller par dessus notre tuyau
Nettoyer la surface
Appliquer du primaire
Poser la pièce adhésive
Découper l’emplacement du tuyau d’évacuation
Je vais pas plus détailler parce qu’il y a ici, une petite vidéo explicative qui m’a bien aidé sur le sujet :
Chez moi ça donne ça :
La pièce adhésive et la descente d’EP
On vire les cailloux et on pousse le drain pour pouvoir bosser
Le nettoyant et le primaire
Le pti trou
La descente d’EP posée
Primaire ok !
Petit test, ça marche bien !
Pas certain dans mon cas que tout ce bazar soit vraiment nécessaire : si l’étanchéité n’est pas parfaite ça tombe dehors… Mais bon je l’avais acheté faute de connaissance approfondie sur le sujet, j’ai fais confiance au vendeur :-/
Pour aller jusqu’au réseau d’eau pluviale, on a choisi de poser des chaînes de pluie plutôt que des tuyaux PVC (moches), c’est quelque chose de très répandu au Japon. Voici les nôtres :
J’ai balancé un seau d’eau pour voir, voici une petite vidéo de ce que ça fait avec de l’eau…
C’est à réserver au « petit débit d’eau » : ça convient donc parfaitement à une toiture végétalisée, qui retient une partie de l’eau et qui rejette le surplus doucement…
J’avais entendu dire que certaines communes plébiscitaient les toitures végétalisées car l’eau arrive dans les canalisations d’évacuation d’eau pluviale en différé par rapport aux autres. Ce qui permet un tampon et ce qui évite que les canalisations ne débordent en cas de grosses averses, donc le mairies ne sont pas obligées de sur-dimensionner les réseaux pour des besoins épisodiques… Et bien je comprends, parfois il pleut (gentiment) toute la journée sans qu’il ne tombe rien dans la gouttière, et lendemain ça coule doucement toute la journée…
Finition / acrotère
Nous avons ajouté un petit morceau d’aluminium coloré à la jonction de 2 planches « verticales » qui font la gouttière et terminent le toit. Là c’est purement esthétique. Ça a le mérite de protéger un peu le bois. J’ai fait mes découpes dans une plaque de 1m x 1m et j’ai plié ça à l’étau… La fausse équipière est de mise pour ce type de job, étant donné qu’il n’y a pas 2 découpes identiques :-o. J’ai bien sûr fixé le tout avec des vis à tête bombée en inox.
La plaque d’alu 1mx1m
Au pliage
Pliage manuel…
Voilà le pli
La pièce terminée
Et voilà posée
Nous avons aussi choisi de finir l’acrotère en posant un profilé alu. J’ai commandé le profilé sur mesure n’ayant pas les machines pour faire ce genre de chose… Ce profilé permet de tenir l’EPDM sur le toit et de protéger à minima le douglas. Là encore la fausse équipière est indispensable pour faire les découpes d’angles…
Les profilés sont arrivés
C’est parti…
Voilà le résultat
Temps passé : 7 jours hommes
Il y aura certainement une partie 4 à cette série d’articles sur la couverture, ne serait-ce que pour la partie « plantations » que nous n’avons pas encore faite…
Alors ces 4 mois d’expérience d’auto-constructeur, de chantier participatif, de chantier ou tu construis ta maison, c’était comment ?
J’ai trouvé ça : éprouvant, stressant, fatiguant, exténuant physiquement… mais j’ai quand même appris plein de trucs, c’était hyper riche humainement et surtout hyper satisfaisant. Dans le détail :
Stressant : Parce que prendre seul des décisions techniques qui ont de l’importance (que la maison ne nous tombe pas dessus par exemple) et bien ça a été stressant pour moi. Prendre ces responsabilités sur un truc qu’on fait pour la première fois (faire une maison) et qui a une forte incidence financière, moi ça m’a stressé (pourtant je suis pas d’une nature « boule au ventre »). Mon truc à moi pour calmer mon stress par rapport aux choix techniques ou aux problèmes potentiels qui surviennent sur le chantier, c’est de toujours avoir un plan B. Tant que j’ai pas de plan B, je suis pas bien ; dès que j’en ai un, je me sens soulagé. Un exemple : je constate que les murs de paille porteuse ont été trop contraints, le faux aplomb est important, ça peut nous tomber dessus. Dans ma tête, le plan B c’était de me dire que si ça merde, on met 24 poteaux sous les 24 perches de la charpente réciproque et la maison tiendra (tant pis, ça sera plus en paille porteuse). Heureusement, on n’a pas été obligé de faire ça, on a réussi à ajuster le mur (explication ici). Mais le simple fait d’avoir imaginé une solution face au pire, ça allait mieux.
Fatiguant : parce qu’à des moments, c’est difficile de s’arrêter : parce que la paille n’est pas protégée, parce qu’on veut être hors d’eau, parce que je veux pas que le chantier s’éternise sur 10 ans… bref il y a toujours une bonne raison. Un grand truc qui m’a aidé là-dedans c’est le chantier participatif. Savoir qu’il y avait du monde au matin qui venait sur le chantier me motivait pour sortir du lit, le plaisir de la rencontre, de la discussion… Leur mots en voyant le chantier aussi me portaient, quand j’entendais des « houaaa trop bien », « génial », ça m’encourageait à continuer sur la même voie.
Exténuant physiquement : Il y a des étapes qui sont particulièrement rudes : les fondations cyclopéennes, le chargement des bottes de paille (j’ai jamais eu des courbatures aussi longtemps dans ma vie). Je suis quand même satisfait de ne pas m’être fait trop mal, rien de cassé à part un ongle mais bon ça repousse. Le moindre bobo peut être dramatique, ça peut vous immobiliser et donc stopper net le chantier.
Riche humainement : parce qu’on a rencontré ~90 personnes durant ces 4 mois, qui nous ont donné du temps, parfois sur plusieurs jours… ça créé du lien, on en ressort avec des nouveaux copains 🙂
Hyper satisfaisant : Quand je me retourne et que je vois ce qui a été fait, je ressens de la fierté de l’avoir fait, même si c’est pas parfait, même si il reste un peu de boulot.
Avant de me lancer dans le projet j’ai tâché de rencontrer plusieurs auto-constructeurs pour discuter technique mais pas que… Discuter de tout ce qui va autour du chantier, intendance, gestion… Voici les trucs principaux qui m’ont été dits ou que je conseille avec le recul :
Se ménager du temps de repos / d’intimité au cours du chantier pour la vie de famille, pour souffler. Pour moi ça a été très compliqué de m’en accorder. Quand j’étais pas sur le chantier il fallait coordonner les participants, communiquer pour faire venir du monde, gérer les stocks de matériaux, avoir toujours une étape d’avance en tête pour être sûr qu’il y ait tous les outils et fournitures nécessaires à la suite du chantier… Bref je passais mon temps à organiser. Sur le papier, on s’était aménagé un temps de repos le mercredi et le jeudi. Dans les faits, entre les aléas météo, les participants qui sont parfois là le mercredi / jeudi et puis plus rien le reste de la semaine… Le planning était souvent modifié. En plus, à partir du moment où on a reçu les bottes de paille et qu’on a commencé à monter les murs, c’était la course pour mettre le toit et pouvoir protéger la paille. Ensuite, ça a été la course pour finir le toit et être hors d’eau, ensuite mettre la première couche d’enduit pour finir de protéger la paille… bref il y a eu pas mal de semaine à bosser 7/7. Pourtant je suis sûr que c’est un bon conseil 🙂
Épreuve pour un couple (s’il y a): on dit que chez les auto-constructeurs, 2 couples sur 3 se séparent à la fin (ou avant) du chantier. Certains disent même 3/3 :-p. Je peux témoigner que c’est effectivement très difficile, justement parce qu’on est fatigué, exténué, stressé… De notre côté, on avait prévu un chantier court, (une petite maison) aussi pour cette raison.
Ne pas avoir d’enfant en bas âge sur le chantier : Raté il y en avait un… Je m’étais dit qu’on était 2, qu’on était tous les 2 disponible à plein temps… on allait s’organiser. Et bien non, un enfant a besoin d’attention, et pendant ce temps-là, le chantier n’avance pas… Du coup, on a fini par lui trouver une nourrice 2 jours par semaine, sinon elle a été pas mal chez papy/mamie…
Pas d’alcool sur le chantier : parce que ça peut être dangereux un chantier, alors si on n’a pas toutes ses aptitudes, c’est encore plus risqué. On s’accordait quand même une petite bière en fin de journée, je vous rassure…
Ne rien faire quand il y a du monde, juste encadrer : pas simple de laisser les autres bosser. Mais c’est vrai qu’on a ré-intégré ce point à nos dépends quand il a fallu défaire le travail d’une journée parce que le groupe de bénévoles n’avait pas été suffisamment bien encadré. Il faut être là, présent, faire avec, montrer, remontrer, mais laisser aussi la place à l’erreur (c’est formateur).
Si tu as besoin de maîtriser, fait le seul, pas en chantier participatif. Si vous avez une grosse exigence de finition, de planéité par exemple ou autre, éviter le chantier participatif, ça va vous être plus désagréable qu’autre chose.
Ne pas avoir trop de bénévoles à la fois : Au delà d’un seuil, ça n’est agréable pour personne. Encadrer un chantier avec 4, 5 personnes, ça peut être déjà complexe selon les niveaux d’autonomie en bricolage.
Si c’est trop technique fait le tout seul : Le chantier participatif ça marche bien pour faire des trucs simples. Par exemple, ça ne me parait pas intéressant d’apprendre à projeter de l’enduit à la truelle sur un mur à des débutants, le geste est trop technique et s’acquiert avec le temps. A la fin de la journée le chantier n’aura pas avancé et ça risque de frustrer tout le monde (organisateur & participants). Préférer des techniques simples et facilement reproductibles.
Ne pas négliger le temps d’intendance / repas : la gestion des repas est très importante (ça bouffe un ouvrier qui s’est dépensé au soleil). Faire de la bouffe pour 6,7 personnes ça peut mobiliser du temps. De notre côté on essayait d’en faire au max en avance, et sinon on déléguait un petit groupe de 1, 2 personnes volontaires quelques heures avant de manger pour préparer le repas collectif. Nos familles nous ont aussi beaucoup aidés dans la préparation des repas (merci les mamans).
En espérant que ces conseils / retours d’expériences vous soient aussi profitables qu’ils m’ont été…
Se faire sa maison, c’est une expérience ! mais la faire en chantier participatif c’est une sacrée expérience humaine. Pas toujours simple, souvent fatiguant mais sans regret.
Bilan humain
Sur notre chantier en ~4 mois (début juin à fin septembre), il y a eu plus de 90 personnes différentes qui sont venues nous donner un coups de main et qui sont restées entre 1 et ~10 jours. On n’a pas bougé de notre chantier de l’été, mais on a rencontré plein de gens chouettes 🙂
91 personnes sont passées donner de leur temps pour apprendre/échanger…
Dans les grandes lignes, j’ai estimé à plus de 340 jour-homme le temps de travail. Ce temps est approximatif, et prend seulement en compte le temps de travail sur chantier, il ne prend pas en considération le travail de recherche, de formation, lecture, recherche de matériaux et les temps de transports/logistique, qui sont pourtant non négligeables.
Petite stats (parce que faut bien en apprendre des choses) : voici par quel biais (la provenance) arrivent les gens et les durées sur chantier :
Bilan financier
A l’heure où j’écris ces lignes, le chantier n’est pas complètement terminé mais les achats sont faits à 98%. Il reste encore le clocheton à faire mais le plus cher (les fenêtres) est déjà dans le bilan, et pour les enduits de finition on a déjà tout ce qu’il faut, donc on est bon de ce côté-là. Du coup, je peux déjà dresser un bilan financier et j’ajusterai dans le futur…
Nous en somme à ~17 000€ TTC pour 40m² habitable
Bien sûr j’ai certainement oublié plein de petites choses, mais l’essentiel est là, j’ai pas non plus poussé le vice à garder les tickets d’essence quand on faisait les courses matériaux… hein…
Ce qui nous fait du ~425€/m² habitable. Là où une « maison contemporaine » en France est donnée pour 1200€/m² à 16000€/m² (source). On m’avait conseillé de tabler sur 800€/m², donc je suis content. D’autant plus que j’ai pas fait de concession sur les performances du bâtiment. Les raisons pour que ce soit si peut cher :
Utilisation au maximum de matériaux bruts. Le bois de charpente par exemple est en bois rond, on a été le choisir en forêt, on a été le chercher, on l’a écorcé, huilé… ça fait une charpente à moins de 300€ on peut difficilement faire mieux. Idem pour la paille, les fondations, les enduits terre c’est quasi gratuit, la récup de tuile pour la toiture..
Quasiment pas d’engin : la mini pelle pour la tranché des fondations c’est un voisin et c’est le seul engin qui est intervenu sur le chantier.
Auto-construction de A jusqu’à Z. Choix de conception, permis de construire, construction… Très peu de pro son intervenu,
…
On peut faire moins cher ? Bien sûr, on peut toujours, faites-le :-p ! Par exemple : ça aurait été moins cher (gratuit) de mettre de l’enduit sous les bottes à la place des voliges (-2500€). Et on aurait pu faire beaucoup d’autres économies, mais peut-être au détriment des performances thermiques du bâtiment…
Dans notre paillourte, nous avons réalisé une dalle en terre crue. Cet article traite de la couche de corps (~7cm). Une couche de finition (~3cm) sera appliquée dans quelques mois, elle recevra un traitement naturel de surface durcissant. Si vous voulez découvrir la dalle en terre, une petite vidéo bien montée de la revue « la maison écologique » est disponible ici même.
Préparation
Tests
Des tests sont indispensables pour ce type de réalisation : la teneur en argile variant énormément d’une terre à l’autre, il me semble périlleux d’utiliser une recette trouvée dans un bouquin ou sur internet sans l’avoir testée préalablement (minimum 10 jours avant pour avoir une idée du résultat sec). Nous avons réalisé 3 tests de recettes en « maquette » (1m x 50cm). Il me semble judicieux de sélectionner celui qui n’a pas fissuré et qui a quand même une bonne cohésion (pas trop de grain de sable qui se détache en passant la main une fois sec).
Mise à niveau
Sous la dalle, il y a le Misapor (dont j’ai déjà parlé ici), nous l’avons mis de niveau avec mon super niveau à eau numérique (dont je me suis beaucoup beaucoup servi durant ce chantier), puis damé avec une plaque vibrante thermique louée 20€ la journée pour l’occasion.
Plots pour le lit mezzanine ++
On va se faire un lit mezzanine ++ en torchis. Vu que ça risque de peser et que les dalles en terre ne sont pas réputées pour la tenue à la compression, on a coulé des plots de béton chaux-sable-gravier dans des coffrages à l’endroit où descendront les poteaux. Les plots sont larges car pas si profonds (40cm x 40 cm x 20cm) parce que je voulais qu’il reste du Misapor en dessous, histoire d’avoir une continuité dans l’isolation et d’éviter les remontées capillaires.
Plots pour tirer la dalle de niveau
Pour poser une dalle de niveau, on le fait généralement à la règle de maçon. Pour une maison ronde, rien de plus naturel que de tirer la dalle en rond toujours… On s’est servi de chutes de la lisse basse, qui avaient la bonne courbe du mur, comme support pour la règle. On a coulé des plots (toujours en béton de chaux) – au niveau du sol attendu pour cette couche moins l’épaisseur de la lisse – qui servent de support à notre chute de lisse. Au centre un petit plot avec un rond (toujours découpé dans une chute de lisse pour avoir la même épaisseur partout).
C’est parti !
Notre recette :
2 vol 8-16 graviers
1 vol 4-10 graviers
2 vol 0-4 sable
1,5-2 vol de barbotine (eau+terre argileuse tamisée à 0-20) la barbotine était de texture crème dessert
Un peu d’eau mais pas trop
A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…
Sortie de bétonnière
Le tamis 0-20 fait avec du grillage à poule (maille 2cm)
En sortie de bétonnière on prend une boule dans sa main, on la sert fort : les cailloux doivent se coller les uns aux autres, mais le mélange doit être à peine humide (on doit quand même sentir de l’eau dans sa main). En lâchant cette boule (~50cm de haut) :
Si ça se désagrège en 4, 5 morceaux c’est parfait
Si ça s’aplatit c’est qu’il y a trop d’eau
Si ça se pulvérise en autant de morceau que de gravier c’est que c’est trop sec
On vient déposer une 1ère couche au sol de 3-4cm, damée au pisoir, puis on remet une autre couche pour arriver aux 7cm. Ensuite la dalle est tirée à la règle (on bouge la règle de droite à gauche et on avance doucement). On en remet si on est en dessous et on retire le surplus. De là, on taloche pour resserrer / refermer les imperfections.
Les 1er coups de règle
On tire, on tire…
Et ça taloche…
et ça dame…
Et le dernier coup de règle
La pièce centrale est retirée et comblée
Fin de chantier
C’est beauuu
A noter que ce sont des dalles plutôt fragiles, pas très résistantes au poinçonnage, ni à la compression. On peu pas trop y marcher en talons hauts quoi, il vaut mieux y marcher pieds nus, ça tombe bien, j’aime bien l’idée de garder les pieds sur terre.
Merci à Diane, Wiwi, Tiphaine, Aurélie, Pierre, Robin, Irma, Philippe, Thomas, Charlène, Max et Jess pour leur aide à ce belle ouvrage ! 🙂
Les enduits en terre c’est magique, c’est beau, c’est doux (courbe) c’est agréable à faire, à vivre (ça régule l’hygrométrie d’une pièce), c’est LE matériau écologiquement soutenable (pas/peu de transformation, si la maison est démolie, la terre retourne à la terre)… Mais pourquoi est-ce qu’il n’y en a pas partout ?
Pour la paillourte le choix qui a été fait c’est :
Enduit terre-paille sur les murs intérieurs
Enduit terre-paille-chaux sur les murs extérieurs
Ajouter de la chaux dans le mélange pour les enduits extérieurs garantie une plus grande résistance aux intempéries et donc une plus grande longévité des enduits dans le temps. De plus, des débords de toit importants (entre 80cm et 1m20) sont prévus, toujours pour des raisons de longévité.
Pour qu’un mur fonctionne bien au niveau de la circulation de la vapeur d’eau (perspirance), il faut qu’il soit plus perméable à la vapeur d’eau à l’extérieur qu’à l’intérieur (afin que l’eau soit encouragée à sortir…). La chaux, en NHL2, (et selon plusieurs sources verbales) semble être quasi aussi perspirante que la terre. Par sécurité, nous avons fait un enduit terre-paille intérieur plus épais que l’enduit terre-paille-chaux à l’extérieur, afin de maximiser ce phénomène de circulation de la vapeur d’eau vers l’extérieur.
La terre que nous avons utilisée n’est pas la terre du terrain, elle arrive de chez des amis qui on creusé une marre. Après test, cette terre était suffisamment argileuse, mais pas très homogène. Il aurait été (encore plus) pertinent d’utiliser la terre des fondations mais nous l’avons étalée pour relever le niveau du sol. Nous aurions pu nous faire une cave mais notre terrain est gorgé d’eau ou creuser une marre mais nous n’en avions ni la place ni l’envie. Si vous êtes dans ce type de cas, il est aussi parfois intéressant de s’acoquiner avec un terrassier ou un constructeur de piscine pour le dépôt d’un semi de terre (quand on creuse une piscine ça fait pas mal de terre…). Eux doivent payer le dépôt donc si vous êtes pas loin d’un chantier, ça arrange tout le monde…
Mise en œuvre
J’ai entendu je ne sais plus où qu’en paille porteuse, il est pertinent de faire les enduits des 2 côtés du mur (intérieur-extérieur) en même temps, afin d’éviter qu’en séchant le mur tire d’un côté et donc se déforme. Après réflexion et si le risque de déformation existe, il serait plus pertinent de faire les enduits intérieurs bien avant les enduits extérieurs car les enduits intérieurs mettent beaucoup plus de temps à sécher.
Pour faire nos mélanges, on a utilisé un malaxeur (oui des esclaves énergétiques). J’ai même essayé à la bétonnière mais sans succès, le mélange est trop fibreux, trop collant, c’est hyper pénible. Je parvenais à le faire à la bétonnière mais en mouillant beaucoup (trop) le mélange, si bien qu’il fallait attendre qu’il sèche avant application, avec le malaxeur plus de problème. Notez qu’on peut se passer d’outil et le faire avec les pieds (ou les mains qui sait..)
Notez qu’il y a autant de façon d’enduire en terre que de gens qui enduisent, voilà comment nous on a fait.
Les tests
Tests d’enduit intérieur
Des tests sont indispensables pour ce type de réalisation : la teneur en argile variant énormément d’une terre à l’autre, il me semble périlleux d’utiliser une recette trouvée dans un bouquin ou sur internet sans l’avoir testée préalablement (minimum 10 jours avant pour avoir une idée du résultat sec). Nous avons réalisé des tests de recettes en petit (20cm x 20). Il faut sélectionner celui qui n’a pas fissuré et qui a quand même une bonne cohésion (pas trop de grains de sable qui se détachent en passant la main une fois sec). Quand vous avez « la bonne recette », faire un test d’1m x 1m me semble judicieux. On l’a pas fait et on a eu des surprises (des fissures) les premiers bouts de murs, en effet la rétractation n’est pas le même sur une grande surface que sur une petite.
Préparation
La préparation au malaxeur c’est (très) physique. Les recettes d’enduits sont annoncées juste après. Mais je voulais aborder le dosage en eau. Pour avoir un enduit chouette à appliquer, j’avais 2 critères. Je prenais une poignée d’enduit que je « splatchait » dans ma main celle-ci devait :
Paume vers le ciel : rester ferme. Si la boule s’affaisse d’elle même c’est qu’il y a trop d’eau
Paume vers le bas : coller à la main. Si la boule ne colle pas c’est qu’il manque peut être un peu d’eau (ou pas assez d’argile mais ça normalement c’est une constante qui a été testée…)
La boule se tient
Elle colle
Attention, quand vous ajoutez de l’eau au mélange, ça peut très très vite être trop avec pas grand chose… Allez y petit à petit, mélangez, testez…
Application
Si on applique la 1er couche d’enduit, il faut appliquer de la barbotine (mélange terre + eau bien liquide) sur le support (ici des bottes de pailles). Dans notre cas, on a veillé à ce que la barbotine pénètre bien dans les fibres de la botte.
Si on applique la 2ème couche d’enduit, on mouille la 1ère couche juste avant.
On commence le mur depuis le haut pour aller vers le bas. C’est pertinent notamment parce que si on fait l’inverse, on peut avoir tendance à faire porter l’enduit qu’on est en train d’appliquer à celui qu’on a posé juste avant, sans vraiment chercher à le faire coller sur le mur. En commençant d’en haut, on est obligé de bien coller sur le mur si on veut avancer / que ça tienne…
Le geste c’est :
On prend une poignée d’enduit dans la gamate
On la « splatch » sur le mur en l’accompagnant (on ne lance pas la boule à 3m du mur pour les copains autour…)
La paume de la main l’étale vers le haut puis l’étale vers le bas afin de « refermer » l’enduit. Il ne doit pas y avoir de « creux » mais un dégradé d’épaisseur
Un bon enduiseur ne touche que 2 fois son enduit… (dans les faits, c’est balaise…). Il faut par contre éviter de trop le « patouiller » (comprenez lui appliquer des petites pressions avec le bout des doigts) sous peine de faire entrer de l’air, et donc de décoller celui-ci.
On attend légèrement que ça tire (que ça sèche) et on taloche pour rattraper les creux/les bosses et ça referme encore un peu plus l’enduit.
Ensuite quand c’est encore plus sec mais encore un peu tendre on vient griffer l’enduit (nous ça a été fait au râteau) pour que la couche suivante accroche mieux.
Intérieur : Terre paille
Ce qui est bien avec les enduits terre-paille, c’est qu’on peut les préparer à l’avance et même si ça sèche un peu, on remouille et c’est reparti… 🙂
Le corps d’enduit est constitué de 2 couches de 2cm chacune (Attendre le plus possible entre 2 couches. Quand la couleur change et que l’enduit durcit, c’est ok pour la seconde couche. Chez nous, ça a pris 2 semaines). Une couche de finition de 2cm viendra mais plus tard, au petit printemps, quand ces 2 premières couches seront bien sèches à cœur (2, 3mois).
Notre recette :
3 volumes de terre tamisée à 0-10
De l’eau
1 volume de sable 0-4
4 volumes de paille hachée à la tondeuse (2 passes)
A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…
Nous avions une terre amalgamée en bloc plus gros que 10mm avec un bon pourcentage de cailloux. Pour limiter les pertes, je mettais plutôt 4 seaux de terre à tremper dans l’eau le plus longtemps possible (pour que les blocs d’argile se délitent) avec quelques coups de malaxeur de temps en temps pour accélérer le travail. On tamisait donc la terre mouillée (barbotine épaisse), ce qui est plus lourd mais qui permet de limiter le « déchet » (toutes proportions gardées, on parle de terre et de cailloux). J’avais environ 1 seau de déchet, d’où mes 4 seaux de terre au lieu de 3 initialement prévus.
La terre
Le poste de tonte de paille
1ère tournée d’enduit
Le poste de préparation
Le malaxeur
C’est parti, ça tartine
On taloche
Extérieur : Terre paille chaux
C’est plus compliqué de préparer les enduits extérieurs à l’avance, la chaux hydraulique commence sa prise trop rapidement.
Notre recette :
3 volumes de terre tamisée à 0-10
De l’eau
1 volume de sable 0-4
1,5 volume de chaux NHL2
4 volumes de paille hachée à la tondeuse (2 passes)
A ne pas reproduire sans test, lisez le début de l’article pour comprendre…
1ère tournée de terre-paille-chaux
Le début du mur
La barbotine
Le poste de préparation
ça tartine, ça tartine…
La seconde couche
Les griffes
Retour d’expérience
De l’air…
La 1ère couche a subi quelques déboires… En effet, un mauvais geste à l’application (et une préparation du mur pas assez rigoureuse en amont) a eu pour conséquence de laisser de l’air sous l’enduit. Donc à certains endroits, l’enduit n’accrochait pas le mur… Heureusement pour nous, le mur nous l’a dit : il a fissuré très rapidement à ces endroits-là, et une pression de la main suffisait à se rendre compte qu’il n’y avait rien derrière… Du coup on est passé partout pour vérifier, et on a gratté les bulles d’air. On a ensuite rebouché avec de l’enduit.
Le mauvais geste, c’est qu’on ne refermait pas l’enduit en bas (juste en haut) et comme on monte le mur de haut en bas, la bousée du dessous laissait parfois un peu d’air à l’application entre l’enduit et la paille.
Rattrapage de mur
On peut pas dire que nos murs étaient les plus droits du monde. Il y avait de la courbe, du creux, de la bosse (avant l’enduit). Il y avait beaucoup trop à rattraper avec de l’enduit pour arriver à un truc joli. Du coup, une amie spécialiste de la terre nous à conseillé de faire des « galettes ». On parle pas ici de galette au sarrasin, mais à la terre hein… C’est ce qui est utilisé pour retaper les maisons en bauge.
La galette c’est :
Sur une table, poser de la paille (non hachée), les brins à l’horizontal
Tartiner ça d’enduit
Poser une autre couche de paille mais cette fois à la vertical (histoire d’armer le tout)
Maroufler la paille dans l’enduit sur chaque face de la galette
Face au mur, appliquer une fine couche d’enduit
Appliquer la galette comme on appliquerait de l’enduit (on referme bien sur les côtés, on veille à ce qu’il n’y ait pas d’air en dessous…)
La paille dans un sens
On tartine d’enduit
La paille dans l’autre sens
On maroufle
On applique sur une fine couche d’enduit
Et voilà, un trou en moins…
Ficelle des bottes sur champs
Nos bottes dans les murs sont sur champs. J’ai déjà évoqué les plus et les moins du choix sur champs/sur plat. Mais, en rond, sur champs j’avais sous estimé l’aspect pénible surtout pour l’enduit intérieur. En effet les bottes prenant le rond, elle se courbent, la ficelle « baille » à l’intérieur et ne touche plus la paille. Pour l’enduit c’est parfois pénible car il faut bien mettre la dose d’enduit sous la ficelle sinon il y a un trou d’air, ça veut dire fissure, ça veut dire mur mou à cet endroit, ça veut dire on gratte cet endroit et on recommence…
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