[video] La paillourte, ~7 ans après

Pascale, de la chaîne Odyssée du NatuRéel est venu papoter à la maison autour de la Paillourte et en a tiré une vidéo. J’y parle de la construction mais aussi (surtout ?) du retour d’expérience (si chère à mon cœur) :

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Retrouver toutes les étapes du chantiers en détails et toutes les ressources sur la page dédier : https://david.mercereau.info/paillourte/

Transcription

Introduction

Une maison ronde, enveloppante, baignée de soleil, aux murs de terre à l’aspect chaleureux : un vrai cocon naturel, en somme. Vous en rêvez ?

David va nous expliquer les étapes de construction de sa paillourte, les coûts inhérents au projet et les avantages à construire en rond. Sept ans après sa construction, il nous livrera aussi son retour d’expérience.

Le secteur du bâtiment représente 40 % des émissions de CO₂ des pays développés, 37 % de la consommation d’énergie et 40 % des déchets produits. Notre façon de construire et de rénover est clairement un levier pour réduire notre impact environnemental.

Et je vous pose la question : recréer son lien au vivant au travers de son habitat, ne serait-ce pas la plus belle façon d’habiter le monde, finalement ?

Introduction de David

On a construit une yourte, et je pense que ça a été un peu le point de bascule. Même si je faisais déjà des trucs avant, on va dire que c’est ça qui a lancé le truc un peu plus fort. Et puis après, il y a eu la paillourte.

Je pense qu’on est venu à la yourte parce que j’avais fait pas mal de chantiers participatifs. J’étais sur Lyon pendant tout un temps et il y a beaucoup de maisons en pisé là-bas. Les maisons en pisé, ce sont des maisons en terre uniquement : des murs, comme nous on a ici des murs en pierre, mais là-bas c’est que des murs en terre banchée. On met des planches, on met de la terre, on tasse… et là-bas il y a pas mal de restaurations de maisons en terre.

Je me suis dit que ça allait être un sacrément bon point de départ en tout cas pour amorcer d’autres trucs.

Dans mon petit parcours de chantiers participatifs, quand j’ai commencé à m’intéresser à l’habitat, j’ai visité plein de types de chantiers : paille ou autres, mais pas mal paille. Et ce que je constatais, c’est que souvent, les gens faisaient de grandes baraques en paille, ce qui me semblait un peu un non-sens.

D’autant plus que, écologiquement, ça n’avait pas toujours beaucoup de sens, et en plus je constatais souvent que ces chantiers ne finissaient pas. Je me rappelle notamment d’un gars qui avait fait une baraque de 200 ou 250 m², et ça faisait huit ans qu’il y était. Clairement, il était fatigué. Il n’avait plus envie, ça n’avançait plus, bref, ça avait l’air dur.

Du coup, je m’étais bien dit que ce n’était pas ça que je voulais. J’ai l’impression que ces gens-là, qui partent sur des gros chantiers, à la fin sont tellement rincés que, dans la maison en paille, il n’y a que les murs qui sont écologiquement soutenables. Tout le reste, en fait, ils n’ont pas eu le temps de se poser la question ou ils sont trop fatigués, et du coup ils installent un chauffe-eau de 200 L électrique, etc.

Une fois que c’est là, tu ne te dis plus : « Ah oui, mince, comment je pourrais faire autrement ? » Ils sont fatigués, ils n’ont plus envie… fin de l’histoire.

Du coup, moi j’ai voulu prendre le truc un peu à l’envers : on a fait un petit habitat simple, peu coûteux, facile, rapidement constructible. Donc une yourte : une yourte en toile, en laine de mouton, tout ça. On s’est fait accompagner par La Frênaie (carnet de yourte), qui est une coopérative dans le Marais poitevin.

On va dans leur atelier : il y a des choses qu’on peut ramener à faire à la maison, et des trucs qu’on peut faire dans leur atelier, parce qu’ils ont plein de gabarits, de trucs chouettes. On a donc fait notre yourte là-bas.

On s’est installés en petit collectif, parce que c’était aussi ça l’idée, indépendamment de nos envies personnelles : ça nous permettait assez rapidement de tester tout ça, d’arriver avec un petit habitat pas trop cher et vite construit. On a mis un mois, un mois et demi, je crois, à construire la yourte.

Sobriété avant matériaux

Ensuite, avant de parler de paille ou de matériaux, j’essaie de tirer vers le moins de mètres carrés possible, d’abord parler de sobriété. Réduire ses besoins : en eau, en énergie, en espace vital, parce que ça a des conséquences sur tout le reste.

Ça a des conséquences sur le moyen de chauffage, sur l’entretien du bâtiment. Le bâtiment, c’est une énorme part de l’impact énergétique. Le logement, c’est un quart du problème à l’échelle individuelle, donc ce n’est pas négligeable.

Dans le logement, il y a la construction, la fin de vie, le chauffage, etc. On peut vivre écologiquement dans une petite maison en parpaing, en laine de verre, en paille, ce que tu veux, qui fait 30 m² ; et on peut vivre très « sale » dans une maison en paille, murs en terre, machin, tout ce que tu veux… Si elle fait 150 m² ou même 100 m², l’impact reste énorme. C’est la taille qui compte !

Évidemment, ça dépend du nombre d’habitants : si vous êtes huit, ça vaut le coup d’être à 200 m², c’est OK. Mais ce qu’on observe, c’est que les mètres carrés par habitant n’ont pas cessé d’augmenter depuis des lustres. C’est une conséquence négative : on peut isoler les baraques, c’est super, mais tant qu’on augmente le nombre de mètres carrés, la part énergétique par habitant ne fait que croître.

Quelle est la genèse de votre projet de paillourte ?

Je n’étais pas spécialement parti pour faire une paillourte. Rénover, pour moi, c’est tout aussi pertinent écologiquement : il y a déjà de la surface « squattée » par une maison, etc.

Mais quand on est arrivés ici, il y avait un petit bâtiment en pierre : une ancienne maison (ou étable) à cochons, un tout petit habitat. Il ne restait plus que deux murs sur quatre, et même ce peu restait assez abîmé. Il n’y avait plus de toit depuis des années. Il aurait fallu tout mettre par terre et reconstruire. Autant dire que je n’étais pas chaud.

On est arrivés là, et on s’est dit : « Bon, OK, du coup ce n’est pas une rénovation, mais le terrain nous plaît. » C’était une dent creuse, le terrain est assez étroit, donc il fallait faire une petite maison dessus. C’est pour ça qu’il n’était pas si cher. Enfin, pas si cher… tout est relatif par rapport à pas mal d’endroits en France, mais par rapport au coin ici, ce n’était pas si cher.

Nous, on voulait faire une petite maison : nickel, parfait. On a réfléchi à ce qu’on voulait vraiment. Moi je voulais reconstruire en paille parce que je trouve ça trop pertinent, et j’avais fait plein de chantiers autour de ça, en terre aussi.

Un truc qu’on voulait garder, c’était le côté rond et surtout le côté « plein de lumière », la lumière centrale, la lumière zénithale. C’est vraiment un truc qu’on avait kiffé dans les yourtes : tu es baigné dans la lumière.

On l’a fait un peu différemment : on a fait un clocheton pour s’épargner, dans une logique bioclimatique, le soleil d’été quand il est zénithal et cogne trop fort dans la maison. Dans les yourtes, tu te retrouves vite dans une bulle de chaleur.

Donc on a mis un petit toit : on a fait un compromis entre la lumière – parce qu’on a quand même un peu moins de lumière – et la surchauffe. Et la surchauffe n’est vraiment pas à négliger, surtout avec les épisodes caniculaires qu’on commence à avoir.

Pourquoi construire en rond ?

On voulait reconstruire en rond pour plusieurs raisons.

Facilité et tolérance aux erreurs
En rond, c’est plus facile. Si tu fais des bêtises, ça se voit moins, c’est moins grave et moins impactant pour le bâti. Toute la charge du toit est répartie sur tous les murs, alors que sur un carré, les angles ont beaucoup plus de charge et de contraintes. Tu peux te permettre des petites erreurs sur ton mur et que ta maison tienne debout.

Je pense que si on avait fait les mêmes conneries sur un carré, on aurait eu des problèmes… Là, ça va.

Moins de matériaux, moins d’échanges thermiques
Tu as environ 11 % de matériaux en moins à surface égale. À 40 m² au sol, tu as 11 % de matériaux en moins sur un rond que sur un carré, parce que le périmètre est différent pour une même surface.

11 % de matériaux en moins, c’est 11 % de coût en moins, mais c’est surtout 11 % de surface en contact avec l’extérieur en moins. Or c’est cette surface en contact avec l’extérieur qui génère le besoin de chauffage, parce que ça génère de la déperdition thermique. Moins tu as de surface en contact avec le dehors, moins tu as besoin de chauffer.

Esthétique et lien au vivant
Il y avait aussi le côté esthétique qui nous plaisait. Si on regarde les habitats primitifs, ou même la nature : terriers, igloos, yourtes, grottes… La plupart des animaux font des formes rondes, c’est plus simple à faire.

Il n’y a que les abeilles qui font une géométrie « compliquée ». Et encore : a priori, elles font d’abord du rond, et c’est parce qu’elles sont toutes côte à côte que ça crée des hexagones.

On a acheté le terrain 65 000 € et la paillourte nous est revenue à 20 000 €. En fait, au bout de 3 ou 4 ans, avec l’économie de loyers, tu revends la yourte ; nous, on a revendu la yourte pour financer la paillourte. Il y a eu un peu de sous à mettre dans le terrain, mais ce n’était pas loin d’une opération blanche. On s’en est plutôt bien sortis.

Quel a été le coût du projet ?

La maison habitable, au début, c’était 15 000 € pour la paillourte seule. Maintenant, avec le terrain, on est chez nous pour moins de 100 000 €. On était deux, donc 50 000 € chacun : tu n’as pas 25 ans d’emprunt à faire.

Moi j’ai toujours travaillé avant, donc j’ai toujours eu des salaires dont je ne faisais pas grand-chose. Mes vacances, c’était du woofing, des chantiers participatifs, etc. J’avais donc des petites économies. Très vite, on a pu autofinancer notre truc, sans emprunt.

Aujourd’hui, on n’a plus trop de sous de côté, c’est sûr, on a tout mis dans la maison. Mais en contrepartie, on a un rythme de vie où je peux prendre une journée pour discuter avec vous, par exemple. Moi je ramène environ 600 € par mois dans le foyer, ma compagne 500 €, et on arrive à vivre à trois (avec notre fille de 8 ans) parce qu’on n’a pas d’emprunt.

Le premier poste de dépense, souvent, c’est l’emprunt ou le loyer : nous, on n’a pas ça. Et on avait aussi la ressource pierre sur site avec la vieille bâtisse à moitié par terre.

Quelles ont été les étapes de construction de la paillourte ?

Fondations

On a fait nos fondations en pierre. On a creusé un fossé et maçonné des pierres. Ce n’est pas juste « jeter des pierres dans un trou » : maçonner des pierres, c’est un boulot en soi, un sacré boulot. On était rincés au bout de la semaine et demie de chantier, au bout de notre vie. On s’est dit qu’on ne finirait jamais, mais on a fini quand même.

Tous les voisins et copains qui sont passés nous ont dit :
« Tes fondations seront encore là quand ta maison ne sera plus là. »

Et en vrai, les fondations, c’est primordial : si tu rates cette étape, ça a des conséquences sur tout le reste. Autant tu peux refaire un bout de toiture, autant refaire un bout de fondation, ce n’est pas facile.

Inspirations et retours d’expérience

Dans mes chantiers précédents, je n’avais pas trop fait de maisons rondes. Ce n’était pas forcément mon « délire » au départ. Je suis donc passé par une étape « retour d’expérience » : aller voir des gens, revoir des gens, chercher de l’expérience concrète.

Je suis allé voir plein de personnes autour de chez nous qui avaient soit une technique que je voulais mettre en œuvre, soit une configuration particulière. Je voulais faire de la paille porteuse, donc je suis allé voir des maisons en paille porteuse, rondes ou carrées, peu importe, mais avec un point commun.

Je trouvais rarement ce type de retour d’expérience sur internet ou dans les livres, donc je suis allé les chercher sur place. C’était super chouette : plein de gens m’ont ouvert leurs portes.

Par exemple, une maison en paille porteuse en Bretagne, ronde, à étage. Et puis Gurun, du côté de la forêt de Brocéliande : mon procédé s’inspire partiellement du sien. On dit souvent qu’il y a plusieurs techniques de mise en œuvre de la paille, mais en réalité, il y en a autant que d’auto-constructeurs.

J’ai pris ma part chez Gurun, ce qui me convenait en termes de besoins, de sécurité, etc.

  • Gurun ne faisait pas de fondations à l’époque, maintenant il en fait des petites.
  • Moi, je ne me voyais pas ne pas faire de fondation ici, parce qu’on a 8 m d’argile avant d’arriver à la roche. Il y a des choses qui peuvent bouger. Donc pour moi, pas de fondation, ce n’était pas envisageable.

J’ai donc repris une partie de son procédé : du sous-bassement jusqu’à la toiture réciproque, c’est « du Gurun » (les murs, etc.). Mais le toit et les fondations/sous-bassement, c’est plutôt ma sauce.

L’idée, c’est que vous pouvez aller piocher les idées qui vous correspondent, en fonction de votre contexte et des matériaux disponibles.

Sous-bassement et gestion de l’humidité

Sur les fondations, on a un problème de capillarité. La capillarité, c’est le phénomène du sucre qu’on met dans le café : le café remonte dans le sucre. L’eau peut remonter à travers les joints des pierres.

Il me fallait donc un matériau peu capillaire, qui n’amène pas trop d’eau vers la botte de paille. Une maison en paille, c’est :

  • un beau chapeau (un bon débord de toit),
  • de bonnes bottes (un mur surélevé par rapport au sol).

La paille et l’eau, ce n’est pas génial.

Pour ça, on a utilisé des blocs de pierre ponce (PonceBloc). Ça ressemble à des parpaings, mais c’est de la pierre ponce : roche volcanique, avec de l’air emprisonné dedans, donc c’est très léger, partiellement isolant, et non cuit (pressé à froid). L’impact carbone est assez faible. C’est peu capillaire et un peu isolant.

On a posé ces blocs de pierre ponce sur les fondations, ce qui limite la remontée d’eau et évite que la paille soit en contact direct avec le sol.

Par-dessus, on a mis de l’EPDM (la même membrane que pour la toiture végétalisée) pour éviter encore plus les remontées capillaires. Si le mur est mouillé, l’eau ne doit pas pouvoir migrer dans la botte de paille. C’est primordial : l’humidité et la paille, ça ne fait pas bon ménage.

Pour atteindre un niveau d’isolation correct :

  • les blocs de pierre ponce ont une certaine épaisseur et un certain R (résistance thermique),
  • mais on était loin de l’isolation qu’apporte une botte de paille.

On a donc rajouté un morceau de liège à l’intérieur pour augmenter la résistance thermique et ralentir la fuite du chaud vers l’extérieur.

On a aussi mis une lisse basse, un petit bout de bois qui court tout autour, avec des broches pour brocher le premier rang de bottes, afin de solidariser le mur de paille au sous-bassement.

On est en zone sismique niveau 2 sur 3 ici. Tu es soumis à une norme (déclarative : tu dis « oui, j’ai respecté la norme »). Dans cette norme, il y a notamment deux points :

  1. Que toutes les parties, de bas en haut, soient liées ensemble (continuité de chaînage).
  2. Renforcer les angles.

Maison ronde = fin de chantier, tout va bien : il n’y a pas d’angles fragiles. En cas de tremblement de terre, il n’y a pas de points de rupture. C’est naturellement une forme sismique, la maison ronde.

Murs en paille porteuse

Sur ce bloc de pierre ponce, on a monté des bottes de paille en paille porteuse : la botte fait le mur et porte la toiture.

On a pris des bottes assez denses, avec un bon serrage des ficelles. Gurun, lui, reficelle ses bottes pour les densifier. Pour la paille porteuse, la densité et l’humidité sont importantes, donc on testait les bottes :

  • Hygromètre à sonde pour mesurer l’humidité,
  • Peson pour peser les bottes,
  • Avec ces deux infos, on calcule la densité (une botte humide et lourde peut être peu dense si elle est trempée).

On a pris les bottes les plus denses pour les murs, qu’on a montées en quinconce, comme un mur de briques.

On les a brochées et « cousues » entre elles, ficelées avec de la ficelle de botte de paille. C’est ce que Gurun appelle sa méthode : tu prends une botte, tu passes la ficelle autour de la botte d’à côté, tu tires, ça regale la botte (elle reprend une forme arrondie) et tu remets de la tension dans les fibres.

Autour des portes et fenêtres, on a mis de l’ossature bois, parce que ça ne tiendrait pas sur de la paille « molle ».

Pour les murs, on a utilisé des bottes à champ plutôt qu’à plat :

  • Botte à plat : posée sur sa grande face (le côté le plus large au sol).
  • Botte à champ : posée sur la tranche.

Une botte à champ isole aussi bien qu’une botte à plat, parce que c’est le sens des fibres qui compte. Ça permet de gagner un peu de mètres carrés.

Nous, on a fait une maison de 40 m² parce que c’était satisfaisant pour nous, mais il ne fallait pas dépasser 50 m² au nu extérieur du mur pour ne pas être soumis à la RT 2012 (c’est encore vrai aujourd’hui avec la RE 2020). C’était un petit objectif : éviter les papiers, les études thermiques obligatoires et payantes.

Sous pas mal d’aspects, on est au-delà de la RT/RE en termes d’isolation, etc., mais ça nous a épargné la contrainte administrative.

En haut du mur, on n’a pas mis de lisse haute (anneau de bois qui ceinture le mur) :

  • Sur une maison carrée, j’en aurais mis une, pour répartir la descente de charge et reprendre les efforts dans les angles.
  • Sur une maison ronde, chaque perche de charpente reporte la charge uniformément sur le mur. Tout le mur reçoit la même charge, donc ce n’était pas indispensable.

C’est aussi du bois en moins (donc de l’argent en moins et un impact carbone réduit).

Charpente réciproque et bois

On a fait le choix d’une charpente réciproque en bois rond :

  • Bois local (châtaignier), coupé en taillis à côté.
  • Peu de transport, pas de sciage industriel, peu de déchets.
  • Pas besoin de sections standard (20×20, etc.) : on garde l’arbre entier.

Le bois rond évite :

  • les pertes liées au sciage en scierie,
  • la monoculture de Douglas pour faire des maisons « écolos » (qui est une catastrophe dans certaines régions).

On a donc :

  • Abattu les petits troncs,
  • Écorcé à la plane (travail assez agréable),
  • Monté la charpente réciproque en une journée, avec l’aide de Gurun.

Une charpente réciproque en bois rond, ça ne coûte quasiment rien en matériaux, et c’est très économe en énergie grise.

Toiture végétalisée

Sur la charpente, on a mis un voligeage (planches), puis :

  1. Un pare-vapeur sous l’isolant,
  2. L’isolant,
  3. L’EPDM (membrane d’étanchéité),
  4. Un géotextile,
  5. De la tuile concassée,
  6. Un peu de terre,
  7. Des plantes grasses.

Pourquoi un pare-vapeur ?
Au-dessus, l’EPDM n’est pas perspirant. La vapeur d’eau générée dans la maison (cuisine, habitants…) ne doit pas migrer dans l’isolant et rester coincée sous l’EPDM. On la bloque donc sous l’isolant, côté chaud, avec un pare-vapeur.

L’EPDM :

  • Bâche caoutchouc, un peu de pétrole,
  • S’étire à 400 %,
  • Garanti environ 40 ans en toiture si protégé des UV,
  • Très peu d’entretien, surtout avec la végétalisation.

On aurait préféré une toiture avec un autre matériau (terre cuite, etc.), mais le système global (fondations souples, murs de paille, charpente réciproque souple) nous guidait vers une toiture souple qui suit les mouvements éventuels. Une toiture en tuiles sur une charpente réciproque, c’est plus compliqué.

Par-dessus l’EPDM, on a mis :

  • Un géotextile tissé issu du recyclage de vêtements (coton, etc.) pour empêcher les racines d’atteindre l’EPDM et créer une cohésion de l’ensemble végétal.
  • De la tuile concassée en support drainant. On aurait pu mettre de la pouzzolane (plus légère), mais on avait un stock de tuiles de la ruine sur place.
    • La tuile concassée draine, stocke un peu d’eau, la restitue quand c’est plus sec.
    • On a à peu près 4 tonnes de tuile et 1 tonne de terre : donc 3–4 cm de tuile et 1 cm de terre. Très peu de terre, parce que la terre mouillée, c’est très lourd.

Les plantes :

  • Plantes grasses, plantes de rocaille, qui poussent sur substrat très mince.
  • On a semé du trèfle au début pour créer un tissu racinaire, puis on a récupéré des boutures/plantules chez des voisins.

Si c’était à refaire, on mettrait probablement de la pouzzolane pour plus de sécurité en termes de charge, mais ça tient très bien comme ça.

Débord de toit et clocheton

Le débord de toit fait entre 80 cm et 1,20 m. Là, il est environ 14 h, le soleil ne rentre pas par la grande baie au sud. Le débord protège bien les murs.

Le clocheton, lui, est plus compliqué à doter d’un débord important, sinon on perdrait trop de lumière hivernale. On a déjà un petit toit pour limiter la surchauffe d’été. On aurait pu être un peu plus généreux sur le débord, mais c’est un compromis entre :

  • lumière d’hiver,
  • protection d’été,
  • contraintes de construction.

Le sol : hérisson, isolation, dalle en terre

Sous la maison, au milieu des fondations, on a mis du verre cellulaire :

  • Habituellement, on fait un hérisson de cailloux pour casser la capillarité et drainer. On met ensuite un isolant (souvent polystyrène), puis une dalle.
  • Le hérisson sert aussi de drainage (l’eau circule entre les cailloux).

Le verre cellulaire :

  • Est drainant,
  • Non capillaire,
  • Isolant.

Pour un auto-constructeur, c’est génial :

  • Tu balances le verre cellulaire au milieu de la maison avant de couler ta dalle,
  • C’est léger, facile à mettre en œuvre,
  • Ça fait les trois fonctions d’un coup.

On a ensuite fait une dalle en terre sur toute la maison :

  • Mélange terre + sable (béton de terre : la terre remplace le ciment).

Pas de paille dans la dalle chez nous, parce que nous sommes dans une zone très humide (marais) et il y a un champignon bien connu, la mérule, qui mange la cellulose (contenue dans la paille et le bois). Si la mérule s’installe dans une maison, il faut la démolir. Donc je ne joue pas avec ça dans la dalle.

Pour la surface de la dalle :

  • On a fait des essais : huile de lin, huile dure, etc.
  • Ce qui nous convient bien, c’est la tempera :
    • pigments d’argile particuliers,
    • œuf,
    • huile de lin.

Ça se passe comme une peinture, crée une couche jolie, légèrement étanche, qui se lustre au passage des chaussettes. Aspect un peu marbré, que l’on aime bien, et cela se retouche facilement.

On a complété par :

  • De la tomette (terre cuite) côté cuisine, zone très sollicitée (chaises, chutes d’objets, etc.),
  • De la terre crue côté salon.

On avait aussi testé des dalles stabilisées à la chaux :

  • Plus résistantes, mais en cas de choc important, ça casse net.
  • Les retouches sont plus délicates qu’avec une dalle en terre, où tu peux réhumidifier et réparer localement.

Enduits

À l’extérieur :

  • Enduit terre-chaux-paille au départ.

Retour d’expérience : la paille dans les enduits extérieurs, en climat océanique venteux, finit par moisir un peu en surface aux endroits exposés à la pluie battante. Ce n’est pas dramatique (on a 8 cm d’enduit), mais on voit que beaucoup de pros du bâti écologique commencent à arrêter de mettre du végétal dans les enduits extérieurs. J’en parle aussi dans différents articles « paillourte ».

Pour l’extension, on a donc fait :

  • Terre + chaux + sable (sans paille) à l’extérieur.

La chaux :

  • Fige le mélange,
  • Résiste bien à la pluie battante,
  • Évite que l’enduit ne finisse « par terre » au bout de quelques années comme dans certains pays où l’on n’a que la terre crue sans liant hydraulique.

À l’intérieur :

  • Enduits terre-paille, plus « souples » et perspirants.

On essaie aussi de limiter le sable, parce que :

  • Le sable de maçonnerie (rivière, carrière) n’est pas inépuisable,
  • Le sable du Sahara ne se maçonne pas.

On utilise la paille comme « charge » dans les murs pour remplacer une partie du sable.

On a beaucoup appris sur la qualité des terres :

  • La première terre (pour la paillourte) : très argileuse, blocs très durs après séchage, nécessitant beaucoup de trempage, de tamisage et de correction au sable/paille. J’ai passé à peu près un mois, sur un an et quelques de chantier, à tamiser de la terre…
  • Pour l’extension, on a trouvé une terre plus sableuse, déjà plus friable, beaucoup plus agréable à travailler, avec moins de corrections à faire.

Quelle a été ta méthode de construction pour l’extension ?

Pour l’extension, je n’ai pas refait de paille porteuse. J’ai fait une structure poteau-poutre :

  1. On commence par faire un préau : quatre poteaux et un toit.
  2. Le toit repose sur les poteaux, pas sur les murs.
  3. Ensuite, on construit les murs en dessous, en paille (non porteuse, en quinconce, sans ossature bois continue).

Avantages :

  • Le toit est déjà contreventé, il tient par lui-même.
  • Moins de contraintes sur les murs : la paille n’est plus porteuse, c’est sécurisant.
  • On peut diminuer la taille des fondations :
    • Fondations en gravier pour les murs,
    • Petits plots sous les poteaux.

Je trouve que c’est un très bon compromis entre :

  • écologie / impact,
  • temps,
  • sécurité,
  • budget (moins de bois d’ossature qu’une maison paille-ossature bois classique).

Cette extension, c’était le cadeau de Noël de ma fille :

  • On a commencé le chantier en mars,
  • Fini et emménagé en novembre.

Elle a pu voir sa chambre avancer, participer un peu, voir que c’est long, que c’est du travail. Un jour, elle est arrivée, elle a dit :
« Ah ouais, c’est quand même une petite maison… »
Eh oui, c’est ça.

L’avantage de la paillourte, c’est qu’on peut faire des extensions comme des pétales autour. C’est chouette.

Les contraintes :

  • Terrain très étroit, limite de propriété,
  • Raccord entre deux toitures,
  • Envie de n’avoir que trois murs (le quatrième étant celui de la paillourte) pour limiter le volume de déperdition.

Le plus simple aurait été de faire un couloir et une nouvelle pièce indépendante, mais on aurait alors quatre murs supplémentaires et moins de mutualisation thermique.

Résultat :

  • On n’a pas changé le poêle de masse : il était un peu surdimensionné au départ.
  • Avant l’extension, on faisait un feu tous les un jour / un jour et demi.
  • Maintenant, on fait un feu par jour, ce qui est plus « normal » pour un poêle de masse, et on chauffe 10 m² de plus.
  • Il fait environ 1 °C de moins dans la chambre que dans la paillourte, ce qui est très acceptable.

On a aussi réfléchi au côté sociétal :

  • Notre fille était très contente d’être dans la mezzanine sous nous, ce n’est pas elle qui réclamait une chambre.
  • Aujourd’hui, elle est contente d’avoir sa chambre, et nous, on est contents d’avoir le luxe de pouvoir fermer une porte entre elle et nous.

Mais si tu raisonnes à l’échelle du monde, combien d’enfants ont une chambre individuelle ? C’est un luxe de riche occidental. Ça pose question :

  • Est-ce que c’est un besoin réel ?
  • Est-ce que c’est une norme sociale ?
  • Quel impact en surfaces construites supplémentaires ?

Une chambre par enfant, c’est vite 40 m² de plus pour trois enfants, plus le salon, etc. Ça fait réfléchir.

Quelle est la réglementation par rapport à la paillourte ?

Sur la RT/RE, tout est accessible :

  • Les textes,
  • Les méthodes d’étude thermique,
  • Les dimensionnements, etc.

Si tu ne le sens pas, tu peux déléguer :

  • Il y a des gens dont c’est le métier de faire la partie étude thermique, dimensionnement structurel, etc., et toi tu fais le reste.

Les grandes familles de réglementation :

  • Réglementation thermique (RT 2012, maintenant RE 2020),
  • Assainissement,
  • Sismique (dans les zones concernées),
  • PLU (Plan Local d’Urbanisme).

PLU et forme de la maison

Le PLU est accessible : tu peux le lire, c’est marqué ce que tu as le droit de faire ou pas. Le texte peut être un peu indigeste, mais en une journée, tu peux te faire une idée claire.

Dans notre cas :

  • On est dans un village un peu excentré,
  • Pas de bâtiment historique autour,
  • Pas d’Architectes des Bâtiments de France sur le dos,
  • Peu de contraintes sur les formes : on ne dit pas « il faut faire des maisons carrées ou rectangulaires ».

La paillourte n’est donc pas problématique sur le plan réglementaire, sauf si tu es très proche d’un clocher ou dans un secteur sauvegardé où les ABF ont leur mot à dire.

Le permis de construire / PLU s’intéresse essentiellement à :

  • L’esthétique extérieure,
  • La couleur des enduits,
  • Le type de couverture (tuile, ardoise, etc.).

Ils ne regardent pas ce que tu mets dans les murs. Je n’ai jamais dit à la mairie que je faisais une maison en paille, notamment parce qu’on n’a pas à leur dire, et qu’ils s’en fichent. Pour toutes les questions autour de l’urbanisme et des démarches, j’ai détaillé pas mal de choses dans « Questions fréquentes sur la paillourte ».

Pour la toiture végétalisée, a priori il existe une sorte de « joker » européen en lien avec la compensation carbone, qui peut permettre de passer au-dessus de certaines règles locales imposant, par exemple, la tuile ou l’ardoise. C’est à vérifier selon les communes, mais il y a un cadre.

Assainissement et phytoépuration

Chez nous, pas de tout-à-l’égout, donc :

  • Obligés d’installer un système d’assainissement conforme avant d’emménager sur le terrain, avant même que la maison soit construite.
  • On a choisi une phytoépuration.

La phytoépuration :

  • Est maintenant normée, avec des systèmes passés en laboratoire (agréments).
  • Les SPANC (services publics d’assainissement non collectif) ne peuvent plus les refuser si les conditions techniques sont remplies.

On a fait une autoconstruction accompagnée :

  • Un organisme fait l’étude de faisabilité et le dimensionnement,
  • Donne les plans,
  • L’entreprise qui porte la filière phyto vient contrôler à plusieurs étapes, pour vérifier que c’est conforme à ce qui a été validé en labo,
  • Ça permet de réduire le coût (tu fais les travaux), tout en respectant la norme.

Techniquement, c’est assez simple :

  • Un tuyau au fond,
  • Un lit de cailloux,
  • Un lit de sable,
  • Des plantes (roseaux) qui assurent l’épuration via leur système racinaire.

Temps de réalisation :

  • Une petite phyto 3 EH (3 équivalents habitants) nous a pris 3–4 jours de chantier.
  • Le plus long, c’est d’aller chercher les graviers, cailloux, etc. (nous avons des carrières proches, donc ça allait).

Le dimensionnement :

  • Au départ, on nous préconisait une 5 EH (5 × 150 L/j/personne).
  • Vu notre consommation d’eau réelle et la taille de la maison, l’étude concluait qu’il faudrait arroser les roseaux l’été…

Nous, si on fait des économies d’eau, ce n’est pas pour arroser la phyto, ça n’a aucun sens.

On s’est donc un peu battus avec le SPANC :

  • On a obtenu une dérogation pour installer une plus petite phyto (3 EH) adaptée à nos besoins,
  • Tout en restant excédentaire par rapport à notre consommation réelle (on est à 15–20 L d’eau/jour/personne).

Les premières années :

  • Les roseaux avaient faim, ils montaient très haut, etc.
  • Le technicien d’Aquatiris est revenu plusieurs fois, passionné, pour nous conseiller :
    • Ajouter du compost de toilettes sèches dans les bassins les premières années pour booster la vie bactérienne et le développement des roseaux.

Que ressors-tu de cette expérience d’auto-construction ?

Le fait d’avoir fait ma maison là, et d’avoir fini par la paillourte (qui est un plus gros chantier qu’une yourte, clairement), ça m’a vraiment sécurisé ma vie.

Je me sens vraiment en sécurité :

  • Je me dis que je suis capable de refaire une maison en paille et en terre ailleurs, si un jour il faut partir, si c’est le bazar.
  • En termes de sécurité, c’est assez fort de savoir réparer et construire quelque chose.

Ça m’a apporté beaucoup de sécurité intérieure, mais ça a aussi demandé une grosse phase d’insécurité :

  • Quand tu construis toi-même, tu doutes en permanence :
    • « Est-ce que ça va tenir ? »
    • « Est-ce que ça ne va pas me tomber sur la gueule ? »
  • J’ai eu une période où je ne dormais pas beaucoup…

Mais aujourd’hui, avec le recul, je sais que :

  • C’est faisable,
  • C’est à la portée de gens motivés,
  • Ça donne une liberté énorme sur la manière de vivre, de travailler, sur le rapport à l’argent et au temps.

Série vidéo sur la Paillourte

Gurun, qui pense, expérimente et forme depuis 2006 sur la Paillourte eu l’envie de créer des vidéos sur ces différentes étapes de construction. Léna a fait ce travail titanesque (des centaines d’heures de travail 30h de montage par vidéo) de nous concocter cette série de vidéo sur la Paillourte. Et c’est très bien fait !

L’idée est d’apporter un support visuel et explicatif à toutes les personnes qui ont participé à une formation Paillourte, qui ont fait un chantier participatif, ou qui sont juste curieuses de découvrir cet habitat.

Les différentes étapes et vidéos sont :

Ces vidéos sont toutes en accès libre, et chaque montage prend environ une semaine de chantier et 30h de montage. Si vous voulez soutenir le projet et aider à sortir les prochains épisodes c’est par ici : https://fr.tipeee.com/caracolvideos/

[video] Formation : Comprendre et concevoir une installation photovoltaïque autonome (2.5.1)

Pour le moment aucune formation « comprendre et concevoir son installation solaire autonome » n’est planifier en présentiel à ce jour. Mais si vous souhaitez être informé des dates futurs laissez votre e-mail :

Mise en ligne de cette petite formation (de presque 7 heures) pour comprendre et concevoir une installation électrique solaire photovoltaïque autonome. Cette formation est libre, n’hésitez pas à proposer des axes d’amélioration / soutenir/faire un don.

C’est une capture en direct différé donc « spontané ». Il peut y avoir des approximations, trucs bancals… c’est du direct différé (non monté, sans filet) sur 2 jours de formation. Désolé pour les « heuuu » « donc heuuuu »… c’est du live…

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Les documents nécessaires pour suivre la formation :

J’ai passé 50 heures pour concevoir cette formation +~10h à la monter. Ce travail est libre de droit et accessible gratuitement, malgré ça, si vous pensez que ça vaux le coup, merci de le soutenir/faire un don.

Si vous avez des compétences techniques à mettre à disposition (par exemple pour améliorer le son de cette vidéo) n’hésitez pas à le faire savoir. Je peux mettre tous les rush à disposition !

Contributeur :

  • Guillaume pour la version 2.5 : relecture + orthographe.

Vidéos témoignages

J’ai participé au MOOC d’Hameaux Léger, si vous ne l’avez pas suivi, il est encore temps 🙂

Ces vidéos sont extraites des témoignages du MOOC, je les mets ici, car je trouve qu’elle résume le chemin « de la yourte vers la paillourte« . Si jamais ça vous intéresse et que vous n’avez pas envie de parcourir tout le blog ça tien en quelques vidéos ci-après.

Retrouvez tout le contenu du MOOC ainsi que d’autre témoignage à l’adresse : https://mooc.hameaux-legers.org/

Introduction

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Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA
Transcription

Bonjour, je m’appelle David. On est dans les Pays de la Loire, près de Nantes. Et ce que vous voyez derrière moi, c’est ma maison. C’est une Paillourte. C’est une petite maison ronde en paille porteuse.

Ce qui m’a amené à changer d’habitat et aller vers de l’habitat léger et ou réversible, c’était déjà une envie de se réapproprier son habitat. On avait des convictions écologiques. Tout ça, mais c’était plutôt dans les idées plutôt que dans les faits. Donc aller vers de l’habitat réversible, c’était pertinent en termes d’impact écologique. Aller aussi vers du petit, c’était à mon avis le plus pertinent. Je pense clairement que là, pour le coup, la taille compte.

Et du coup, on a été vers ça, pas forcément du premier coup, on va dire qu’on avait des objectifs de changement de vie. Au départ, on était parti sur un projet de vie plus collectif aussi. avec des ambitions de construire en terre paille, mais plutôt à plusieurs et tout ça, et en fait on s’est aperçu que c’était hyper chronophage en termes de réunions. On était en train de dessiner le potager alors qu’on ne vivait pas encore ensemble et qu’on n’avait pas posé une pierre à l’édifice. Donc du coup on a été on avait envie d’avancer et moi j’avais surtout envie de me réapproprier mon habitat donc du coup on a été faire un chantier participatif parce que mon ami à l’époque n’avait jamais fait de chantier participatif de maison en terre, paille, tout ça alors que moi j’en avais déjà fait pas mal et du coup je l’ai traîné sur un chantier pour lui dire voilà Essaye quand même avant de te lancer, faut qu’au moins que t’aies un F1 quoi. Et là elle a pas du tout aimé, elle s’est dit c’est trop long, c’est trop fatigant, trop trop quoi. Et en même temps ça se tient parce que c’était une maison énorme et c’est souvent le gros problème des autoconstructeurs c’est que C’est pas cher, c’est de la terre, de la pâle, alors du coup, on se fait une salle de yoga, on se fait une salle de… Du coup, c’est énorme. Et du coup, le chantier traîne sur cinq ans. C’est vraiment… Très compliqué. Donc du coup, ça a bien refroidi, mais sur le lieu, il y avait une yourte qui était… Il y avait un mec qui vivait en yourte sur le même lieu. Et du coup, on est rentrés dans la yourte, et mon ami a fait « Wow, c’est trop bien ! » Et le gars avait auto-construit sa yourte. Et moi, je me suis dit « Ah ben voilà ! Si toi t’aimes bien ça, et que moi j’ai juste envie de construire avec mes mains, en fait, on va essayer de faire ça, quoi ! »

Et donc c’est comme ça qu’on est venu à la yourte, pour le coup, parce qu’on a commencé par passer dans une yourte, une vraie yourte en toile. Alors une yourte contemporaine quand même, dans le sens où on avait des baies, par rapport aux yourte mongoles on avait aussi une toile acrylique, parce que les toiles coton par ici ça tient pas très très longtemps, parce que le climat est différent entre la Mongolie et les pays de la Loire, enfin la France en règle générale d’ailleurs.

Voilà, c’est comme ça qu’on y est venu. Et alors, comment on a fait le bon pour aller vers la Paillourte ? Comment on a fait le bon pour aller vers la Paillourte ? Alors du coup, suite à cette construction de yourte, donc la yourte, on a mis à peu près un mois et demi à la construire. Alors on l’a construit dans les ateliers de la lafrenaie. qui est un atelier dans le Marais-Poix-de-Vin qui accompagne les autoconstructeurs de yourte. Donc, en gros, eux, ils font une sorte de groupement d’achat. Donc, tu as les matériaux qui sont déjà sur place. Et après, il faut que tu fasses. Mais bon, il y a des machines, il y a des machines à bois. Et puis, tu es plus ou moins accompagné. Moi, je n’avais jamais fait de yourte. Donc, du coup, il y avait un mec pas loin qui disait Ah, là, c’est pas terrible, tu recommences. Donc c’était sécurisant d’avoir un point de vue extérieur de mec qui avait déjà de la bouteille sur la conception et la réalisation pour nous aider à faire ce truc-là. Donc ça c’était bien sécurisant. Donc on a mis un mois et demi en gros à faire la yourte et puis on a emménagé direct. Et du coup, pour la petite histoire, on avait signer pour les matériaux avant de trouver un terrain, parce que c’était compliqué de trouver un terrain. Du coup, ça n’avançait pas, on stagnait complètement. C’était bon, on n’a pas de terrain, alors on ne signe pas pour le devis pour les matériaux. Mais en même temps, il y avait un truc qui se mordait avec eux. C’est bon, je signe. Et après, il y avait de l’urgence. Mais au moins, c’était concret. Les gens, ils disaient… Enfin, je disais, ben voilà, là, dans deux mois, on a une yourte, donc là, faut qu’on la pose, quoi. C’était plus le… Ouais, on va se construire une yourte, un jour, peut-être, ça viendra, quoi. Donc là, on était dans l’urgence, donc du coup, ça s’est fait, ça s’est trouvé. Donc on a passé deux ans chez ces gens-là, dans un bout de champ qui leur appartenait. Et au bout de deux ans, on a, d’une part, On a eu quelques frottements dus au collectif, qui n’étaient pas forcément hyper confortables. Et puis, nous, on a eu un enfant, du coup, on s’est dit, voilà, il y avait une envie quand même de construire quelque chose qui n’était pas là quand on allait aller vers la yourte. Quand on allait vers la yourte, c’était aussi ce truc de pas… une difficulté d’aller vers la propriété foncière. La propriété en général, je ne suis pas très fan, mais la propriété foncière, j’avais pas mal de mal. Du coup, c’était aussi ce truc-là de s’épargner cette propriété foncière. Donc… Mais bon, voilà, avec Samson qui est arrivé, et puis tout ce qui est législatif, qui n’était pas forcément évident à gérer, enfin, en tout cas, qui me… qui frottait un peu sur mon besoin de sécurité, je… Ouais, j’avais eu des petits… Voilà, on avait un accord oral, nous, avec la mairie, mais… On a bien senti qu’à un moment donné, ça allait être un peu long. Du coup, c’était le moment de partir aussi. Et puis, il y avait aussi ce truc de, voilà, envie de s’investir finalement dans un lieu vraiment comme on a envie et tout. Du coup, on a été… On a fait une sorte de debriefing de ce qu’on voulait garder de notre vie là qu’on avait dans notre champ avec notre yourte et puis de ce qu’on voulait dans le futur. Et donc ce qu’on voulait dans le futur, c’était clairement plus de sécurité en termes de la législative, mais quand même garder le rond, garder cette surface qu’on avait dans la yourte qui était de 40 mètres carrés, qui nous convenait bien, même à 3, c’était cool, ça le faisait.

Du coup, le pas vers la Paillourte, ça a été ça. On cherche un terrain. Et la Paillourte, ça permet d’avoir le côté légal qu’a n’a pas la yourte. C’est-à-dire que là, on a un permis de construire. Personne ne peut nous virer ou venir nous virer. Et voilà, c’était principalement ça le gros truc. On a réussi à conserver le rond, on a conservé la surface. Ça, c’était plutôt des choix techniques par rapport à ce qu’on allait construire sur le lieu.

Architecture et aménagement

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Transcription

Par rapport à l’aménagement du terrain, nous on partait d’un bâtiment existant, une petite ruine en pierre avec soie, cochons, donc il y avait une petite partie habitation. 15 m². C’était une maison à l’ancienne. Et du coup, on s’est dit que si les anciens avaient construit à cet endroit-là, ça ne devait pas être pour rien. Du coup, on s’est dit qu’on allait construire notre maison en lieu et place à cet endroit-là. Parce qu’il y a toutes les histoires de veines d’eau, où on dit qu’il ne faut pas avoir son lit sous une veine d’eau, tout ça. Bon, on n’y croit, on n’y croit pas, mais il y avait aussi ce truc de… Les anciens étaient beaucoup plus sensibles à tout ce truc-là, donc on s’est dit que si ils avaient choisi cet emplacement, on allait faire à cet emplacement. Par rapport au Vendôme, le terrain était déjà plutôt tassé à cet endroit-là aussi, parce qu’il y avait eu un bâti. Du coup, on s’était dit que ça serait aussi plus stable de le faire à cet endroit-là, à la maison. Du coup, on n’a pas vraiment choisi l’emplacement de la maison, enfin si on l’a choisi, mais il a été déterminé par l’existant. Une maison ronde. à surface égale, donc une maison de 40 m² ronde ou une maison de 40 m² carré, on gagne 11% de murs. C’est-à-dire que si vous faites un rond, le périmètre, il y a 11% de murs en moins qu’un carré. Donc c’est 11% de matériaux en moins, donc d’impact écologique, de tout ce que tu veux. C’est aussi 11% de déperdition thermique, parce que ce qui nous fait perdre en chauffage, etc., c’est la surface d’échange entre l’air extérieur et l’air intérieur. Du coup, si t’as moins de surface, forcément, t’as moins de déperdition. Du coup, tu gagnes encore un petit peu en performance thermique. Donc sur tous ces aspects, ça me semblait pertinent, le rond. Et aussi, c’est beaucoup plus agréable à vivre. Je pense que je ne serais pas capable de vivre dans un carré de 40 mètres carrés, mais dans un rond de 40 mètres carrés, je trouve ça beaucoup plus agréable.

Sur l’aménagement, on n’avait pas trop réfléchi. Au début, ça a été assez rapidement. Pour le permis de construire, il faut pondre un schéma de l’extérieur. Du coup, j’avais modélisé ça sur Sketchup. J’avais modélisé la maison, mais j’avais fait un rond. C’était vide. Il n’y avait rien en milieu. On ne savait pas du tout comment on allait mettre la cuisine, si on la mettait là ou là. Et c’est un truc qui est venu En construisant, on était devant le fait qu’il fallait passer les canalisations. Alors on la met où la cuisine ? On la met là, après il faut mettre l’électricité. Du coup, où est-ce qu’on mettrait un potentiel bureau ? On va la mettre là. A la fois dans 40m², de toute façon t’es à peu près toujours pas loin d’une prise électrique, donc y’a pas forcément de problème hyper pénible avec ça. Les points d’eau, moi je suis très mauvais en plomberie, du coup c’était clairement pour moi, c’était tout mettre dans un seul endroit, donc là tous les points d’eau se concentrent dans 2m². Et toute la plomberie est apparente, parce que comme je disais je suis très mauvais plombier, du coup je voulais surtout pas qu’il y ait une fuite dans un mur, un mur de paille en plus, c’est l’horreur quoi. Donc pour moi c’était tout apparent. Et puis comme ça s’il y a à intervenir, on peut intervenir quoi. Donc non, on avait rien conçu sur l’aménagement intérieur. Après vu qu’on vivait dans la même surface, dans à peu près la même configuration, en termes d’ouverture et tout ça, on savait à peu près où on allait. En termes d’ouverture, avant dans la yourte on avait une porte plein sud et une porte à l’est. Et on s’est dit que c’était cool d’avoir une porte à l’ouest aussi. Donc nous, vu qu’on avait… Alors on a fait le choix, c’était un choix purement technique, d’avoir que des portes-fenêtres. D’une part pour faciliter la circulation, pour faire rentrer de la lumière, et aussi parce que les fenêtres, tout court, dans une maison en paille porteuse, c’est hyper chiant à poser. Parce que du coup, il faut faire une sorte de structure bois, mais qui tient, qui va bouger un peu avec le tassement de la paille, pour avoir un truc d’aplomb, c’est l’horreur. Du coup, porte-fenêtres, c’était fastoche. En fait, il n’y a pas de bottes de paille au-dessus de nos portes, c’est juste un linteau et puis ils roulent. Donc les bottes de paille s’arrêtent entre chaque porte. Donc ça, c’est pour les portes. Et pour le dôme central, ça, ça faisait partie des envies que je voulais conserver de la yourte. Garder la lumière zénitale, ça, c’était vraiment un bonheur dans la yourte d’avoir la lumière qui venait du milieu et qui, du coup, qui te baigne vraiment du matin au soir. On était vraiment les derniers à allumer la lumière. Et même quand il faisait hyper sombre, on n’allumait jamais la lumière. C’était dingue. Du coup, c’est un truc que je voulais conserver, cette lumière zénithale, mais je voulais un petit peu l’améliorer, dans le sens où on avait un dôme ouvrant, en plexi, dans la yourte. Mais même en ouvrant, tu remarques quand même que ça fait rentrer beaucoup de chaleur dans la maison, enfin dans la yourte, en tout cas l’été. Donc là, on a fait un clocheton, une sorte de clocher, du coup, vitré juste sur la périphérie et couvert sur le dessus. Et ça marche plutôt pas mal. Donc ça fait que, en fait, quand l’été, le soleil est très haut dans le ciel, en fait, le toit, le toit qui est isolé, nous épargne cette chaleur, cette lumière abondante. Et en fait, l’hiver, quand le soleil est bas, ça fait quand même rentrer de la lumière. Et du coup, on a fait un compromis. Alors, ça fait quand même moins rentrer de lumière l’hiver que le dôme, mais c’est un bon compromis avec les surchauffes l’été et notamment quand on voit les les étés caniculaires qu’on voit, je pense que c’est quand même pas mal de se prémunir de la surchauffe. Je peux parler aussi du débord de toit qui est aussi conçu dans cette idée, donc dans l’idée de mettre les bottes de paille au sec. Donc on a entre 80 et 1m20 de débord de toit à des endroits, ça dépend. Ça a dépendu de la charpente réciproque, comment elle voulait bien se mettre. Et au-dessus des fenêtres, ça a été calculé pour que l’été, justement, la lumière et le soleil s’arrêtent devant la porte. Et ça marche hyper bien. Le soleil s’arrête devant la baie, devant la porte-fenêtre l’été, et ça, c’est quand même top. T’as pas à fermer les volets. De toute façon, on n’a pas de volets, mais… T’as pas à fermer les volets, comme les voisins, pour te prémunir du chaud. Juste au fait, ça s’arrête devant, quoi. Ça, c’est quand même top.

Réglementation

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Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA
Transcription

Par rapport à l’aménagement, PLU, contacte mairie, tout ça, vu qu’on sortait de la yourte, on avait bien conscience de tout ça. Enfin, qu’on sortait de l’expérience avec la yourte, on savait qu’il allait falloir draguer un peu. Mais clairement, moi, à chaque fois qu’on avait un terrain potentiel, j’épluchais le PLU de long en large pour voir s’il y avait des… des contraintes trop pénibles. Donc de ce côté là le PLU ici il est plutôt cool, il y a des restrictions mais c’est pas très restrictif, c’est pas du il faut faire ça, c’est plutôt il faut pas faire ça, donc du coup ça laisse quand même plus de marge de manœuvre.

Ce qu’on a fait quand même, c’est qu’on a été voir la mairie aussi en avant-projet pour leur présenter l’idée, même avant de déposer, vraiment avoir un contact avec la mairie et du coup le chargé de l’urbanisme pour lui expliquer, lui montrer des premières esquisses, confirmer certaines choses que j’ai lues dans le PLU. Parce que même si le PLU dit ça va, après il y a l’Amérique qui est quand même le dernier mot, donc avoir sondé un petit peu, c’était à mon avis pertinent. Et en fait, l’adjoint à l’urbanisme a été assez chouette, il nous a même dit que c’était son rêve d’avoir une maison ronde, alors on a dit c’est cool, c’est dans la poche ! Donc tout ça nous a pas mal conforté dans l’idée qu’à cet endroit-là précis, sur ce terrain, ça pouvait être pas mal.

Bon, de façon générale, sur une paillourte, il y a rarement des exceptions près, mais il y a rarement des contraintes sur la forme, donc il faut une maison carrée ou rectangle ou losange, c’est rarement défini comme tel. Après, ce qui peut être gênant, c’est l’aspect des murs, la couleur, souvent, qui peut être définie dans un PLU. Pour le coup, nous, il n’y avait pas ça, donc on a pu laisser les couleurs brutes terres. Mais bon, ça, c’est aménageable, on va dire, avec une peinture, un pigment d’argile, ça se fait bien aussi. J’en ai fait des chantiers extérieurs pour colorer des murs et c’est carrément faisable. Et puis il y a la toiture qui pouvait poser problème, où il y a souvent des contraintes, tuiles ou ardoises ou des trucs comme ça. Pour le coup ici il n’y avait pas de contraintes sur la toiture, enfin il n’y avait pas de contraintes il faut faire ça, il y avait des contraintes il faut pas faire ça. Typiquement c’était sur les trucs interdits, déjà le, comment ça s’appelle, le fibro-ciment. On parlera au fibro-ciment, tant pis.

Nous, on a fait le choix d’une toiture végétalisée et il n’y avait pas de contraintes à ce niveau-là. J’ai eu un son de cloche par rapport au fait qu’il y ait une loi européenne qui, pour des histoires de compensation carbone, dirait qu’on a le droit de faire de la toiture végétalisée partout et ça passerait au-dessus des PLU. Souvent, les lois européennes passent au-dessus de la loi française. Je n’ai pas creusé cette histoire parce que nous, on n’a pas eu besoin de creuser cette histoire, mais peut-être que c’est une histoire à creuser. Il y avait aussi le truc de l’habitat temporaire de chantier, parce que nous, on voulait vivre sur le lieu avec la yourte le temps de construire la maison, et ça, clairement, c’est au bon vouloir de la mairie et ce n’est pas marqué dans le PLU. Donc on voulait aussi sonder ça avec l’adjoint de l’urbanisme. Elle nous a dit qu’il fallait en faire une demande, On a compris qu’il y avait déjà eu des autorisations dans ce sens-là, que ça pouvait se passer. Mais bon, il y avait quand même un petit doute. Enfin, c’est pas elle, de toute façon, qui prenait la décision. Donc, elle nous a quand même confirmé que ça pouvait se faire. Et puis, la mairie, pour la petite histoire, la mairie… Donc, on a fait notre demande de permis de construire, qui a été acceptée. Enfin, qui a été acceptée. On a eu des petits retours, mais bon, c’était des fautes de… construction du permis. Et on a eu la demande d’habitat temporaire de chantier qui a été validée. Donc c’était pour la petite histoire. Nous, on avait fait une demande d’habitat temporaire de chantier. On n’avait pas spécifié yourte ou mobilhomes ou trucs comme ça. On a dit, on va pas chercher les noises. On fait un truc légal, mais… Mais par contre, on avait quand même mis sur le plan l’implantation de la maison, l’implantation de l’habitat temporaire de chantier, qui était en rond aussi. Et on nous a répondu sur la lettre « Pas de problème pour l’installation de votre mobilhome ». Mais bon, on était dans notre bon droit. une acceptation d’habitat temporaire de chantier, donc c’était cool pour nous. Et de toute façon, vu que le voisin était dans le conseil municipal, le conseil municipal passait de temps en temps à boire un coup et on suivit le chantier et on a vu la gourde s’installer, donc il n’y a pas eu de problème.

On a fait une maison de 49,5m² parce qu’au-delà de 50m², on était soumis à la RT 2012, la réglementation thermique, qui impose pas mal de choses en termes constructifs et qui impose aussi des contrôles obligatoires payants et des choses qu’on n’avait pas forcément envie de se soumettre. Donc, sur plein d’aspects, notre maison est largement au-delà de la RT 2012, notamment par rapport aux coefficients d’isolation et tout ça. Nous, on n’a pas eu tous les tests d’infiltrométrie, donc de résistance à l’étanchéité à l’air et tout ça, obligatoires, l’étude thermique obligatoire, payante, tout ça. On s’est un peu affranchis de ça.

Ici, dans le pays de la Loire, on est soumis à la loi… Enfin, on est en zone sismique niveau 2, je crois, sur 3. Donc, on est soumis aux normes sismiques. Donc, du coup, quand j’ai commencé à déposer mon verre y construire, je me suis dit, oula, c’est quoi les normes sismiques ? Donc, j’ai commencé à lire. Et en fait, ce qu’ils disent dans la réglementation sur les séismes, c’est, en gros, renforcer les angles. Parce que s’il y a un séisme, c’est les angles qui cassent. Du coup, j’ai dit, c’est bon, on a fait une maison ronde, nickel. Problème. Problème suivant.

Budget, financement & assurance

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Par Hameaux Léger, licence créative commons BY-SA
Transcription

Nous, quand on s’est lancé dans le projet, on a autofinancé la yourte avec nos petits deniers personnels. Moi, j’avais bossé 5-6 ans dans l’informatique, alors du coup, j’avais un petit tapis de sous parce que mes vacances, c’était aller faire du woofing et des trucs comme ça, donc je faisais rien de mon argent, en fait. Donc j’avais de l’argent qui dormait, donc on a réussi à financer ça avec ça. La yourte nous avait coûté à l’époque, je crois, un truc genre 16 000 euros. Et on l’a revendu à un truc genre 14 000 euros trois ans après. Donc c’est vraiment pas des opérations financières risquées, à mon avis, d’aller vers de l’habitat léger, mobile et tout ça. Et après, ici, on avait un terrain à acheter, donc c’était un petit peu plus… un peu plus cher. Mais à deux, en fait, on avait assez d’apports personnels aussi. Le terrain nous a coûté ici 65 000 € à l’époque. Et la maison, on s’en est tiré pour 20 000, 21 000 €. Plus la phyto, 3 000, 4 000 €. Voilà. Moins de 100 000 € au global. pour le terrain et tout quoi. Donc du coup, en plus, la vente de la yourte nous a quasiment financé les matériaux de la paillourte après. Et puis, c’était trois ans sans loyer. C’est clair. Donc, si tu comptes 500 balles de loyer par mois, Tu multiplies ça, ça donne vite le vertige, faut pas faire ça. Bref, du coup on s’en est pas trop mal sorti là-dessus. Donc on a réussi à ne pas faire d’emprunts pour tout ça, ce qui était aussi pas mal l’objectif. Parce que dès que tu as un emprunt, après, il faut le rembourser. Et aussi, je considère qu’avoir un emprunt, c’est aussi vivre au-dessus de ses moyens. Tu achètes quelque chose qui n’est pas à toi, qui est à la banque. Et donc, du coup, tu vis au-dessus de tes moyens. Il y a ce truc-là… L’emprunt, ça t’instruit à continuer à travailler pour faire rentrer de l’argent quotidiennement. Nous, on avait aussi ce besoin de liberté qui était aussi la démarche pour aller vers ce type d’habitat. Du coup, ça frottait, donc il fallait se démerder pour rentrer dedans.

Pour budgétiser la paillourte, c’était assez compliqué, parce que c’est des matériaux, la paille, la terre, à la fois ça coûte rien, et à la fois c’est souvent le transport en fait, parce que même si la paille, il ne faut pas aller la chercher loin, ça fait une remorque de malade, donc tu ne peux pas juste y aller avec ton kangoo et une petite remorque. Il faut faire venir un agri qui a un plateau. Souvent, c’est le transport qui coûte le plus cher. Ou en tout cas, qui n’est pas loin d’être le plus cher. Donc, c’était difficile à budgétiser. Donc, j’ai fait un budget à la grosse, grosse louche. J’avais budgétisé 15 000 euros, j’ai fait x2. Je m’étais dit, il faut que ça tienne dans 30 000 euros. Et puis, en fait, on a réussi à faire 20 000. Après, nous, c’était vraiment pas l’idée de faire une maison pas chère. On voulait faire une maison qui dure, qui soit confortable. On n’a pas lésiné sur les matériaux ou quoi. On s’est pas dit, on va acheter des portes de récup un peu pourries, puis on verra bien. Tout ça, on a pris du double vitrage. On n’a pas fait… Enfin ouais, on n’a pas les idées sur les matériaux. Et puis, ce n’est pas des maisons, comme je disais, où il y a besoin de beaucoup d’outillage. Du coup, l’apport en outillage, il est assez faible. Ce dont on s’est servi le plus et qui nous a coûté un peu d’argent, c’est le malaxeur pour les enduit. Le malaxeur, ça coûte 100 euros. Ce n’est vraiment pas des gros postes de dépense. Puis les sceaux, les truels, des bêtises comme ça, des petits échafaudages. On avait des trésors de maçons. En termes d’outillage, ce n’est vraiment pas très cher.

En termes d’assurance, vu qu’on est sur de l’autoconstruction, c’est très compliqué. Alors nous, on avait… Normalement, il y a une assurance qui est obligatoire quand tu construis une maison, c’est l’assurance dommage ouvrage. Mais on n’a même pas cherché à essayer d’en avoir une parce qu’on savait que c’était la croix et la bannière, et puis qu’en tant qu’autoconstructeur, c’est quasi impossible d’en avoir une. Par contre, on avait quand même assuré le chantier et ses participants avec les castors. Les castors qui proposent une assurance pour les participants au chantier, sur le chantier participatif. C’était un peu lourd à gérer parce que chaque participant fallait que je lui demande son numéro de sécu, que je l’envoie. C’était un peu pénible, mais bon, c’était… un moindre mal, on va dire. On n’a pas eu de pépins sur le chantier, heureusement. Mais bon, on avait ce truc-là. Et après, en termes d’assurance habitation, c’est pareil qu’une maison. Tu peux avoir une assurance tout pareil. Nous, on a pris une assurance un peu râlée pas crête. Tu n’es même pas obligé d’en avoir une assurance habitation. C’est que quand tu es locataire que tu es obligé d’avoir une assurance habitation. Et pour la décennale, on n’a pas de décennale. La décennale, c’est une assurance qui fait que si ta maison se casse la figure, en gros, ou s’il y a un gros défaut, c’est l’artisan qui a conçu ta maison qui qui porte la responsabilité de ce dommage. Sauf qu’en tant qu’autoconstructeur, tu ne peux pas avoir ce truc-là et personne ne t’y vient. Donc c’est toi qui portes la décennale. Si on revend la maison dans les dix ans et qu’il se passe un pépin, c’est moi qui suis responsable en tant que constructeur. des problèmes potentiels. Donc c’est un risque. C’est un risque que de toute façon, vu le temps qu’on a mis à la faire, on n’est pas près de partir de toute façon. Mais l’énergie surtout, peut-être pas trop le temps, mais l’énergie. C’était un risque qu’on était carrément prêt à prendre, d’autant que pendant que j’étais dans ma phase de peur par rapport à la structure, j’en avais discuté avec un copain qui m’avait dit que la décennale, lui, il avait fait faire les murs et le toit par des artisans, puis après il avait fait tout le reste. Et lui, c’était dans l’idée d’avoir une décennale structurelle. Et clairement, lui, il m’a dit voilà, je paye ma décennale pour les 25 prochaines années, parce que les artisans et surtout la décennale. La décennale coûte cher aux artisans, donc ils la font payer aussi. Du coup, de fait, c’est cher.

Construction & autonomie

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Transcription

J’avais lu une quantité de bouquins sur la paille, l’isolation phonique, l’isolation thermique, enfin voilà, je m’étais quand même déjà pas mal documenté, même avant la yourte d’ailleurs, j’avais encore tous ces bouquins qui dataient, donc je les ai relus. Et aussi par internet, et aussi par tout ce que je pouvais prendre, je le prenais, donc je pense que cette phase de derniers apprentissages, enfin plutôt, parce qu’en fait, quand tu lis un bouquin, tu prends tout le savoir qui est un peu général et puis il n’y a pas forcément, tout ne va pas te servir, il n’y a peut-être que 5% qui va te servir. Donc là, je replongeais dans les 5% qui allaient me servir. Et puis, j’essayais de construire le puzzle de façon, on va dire, générale. Je voulais avoir une vue d’ensemble générale assez construite. Et après, les points de détail, je les voyais Au dernier moment, mais pas loin. Généralement, quand j’étais en train de faire une phase, je pensais à la phase d’après et à tous les petits points de détail. Comment ça allait se passer pour tous les petits points de détail. Quelles vis j’allais prendre pour faire ça ? Qu’est-ce qu’il allait me falloir ? Globalement, tous les gros matériaux étaient là. la terre, la paille, tous les gros trucs qui allaient soit demander du temps ou de l’argent, je les avais achetés un peu, j’anticipais pas mal l’achat, et après pour tous les derniers petits trucs, les petits réglages, ça c’était un peu à la face d’avant. Quand j’étais au sol, je pensais au mur, quand j’étais au mur, je pensais au toit, etc. Du coup, j’affinais. Et à ce moment-là aussi, je retournais dans des bouquins où j’allais recontacter des gens que je savais qui avaient fait ça et que du coup, je voulais avoir des points de détail. Pour la toiture végétalisée, ça a été pas mal ça parce qu’il y avait beaucoup de doutes aussi là-dessus.
On a fait la fabrication en chantier participatif. On a fait 4 mois de chantier participatif sur 1 an et demi de chantier. Et en 4 mois, on a eu une centaine de personnes différentes qui sont passées sur le chantier. Donc c’était assez fou. Peut-être dire 2-3 mots sur cette phase de chantier participatif qui a été à la fois hyper riche humainement, à la fois éreintante, mais ça fait vraiment trop chouette. Moi, ça m’a clairement aidé à me lever le matin parce que je remarque que j’ai des copains qui font leur chantier tout seuls, tout seuls, tout seuls. Des moments où ils traînent au lit et puis voilà,
ils sont moins efficaces. Là, moi, je savais que le matin, à 8h30, il y avait cinq nouvelles personnes qui arrivaient avec une patate de foudre. Nous, on n’a pas fait ça pour une dimension financière d’économiser de la main-d’œuvre. C’était aussi dans la démarche de partage. Parce que moi, je suis passé sur des chantiers participatifs pour apprendre. Et je trouve ça cool comme démarche. Et puis du coup, maintenant, j’avais du savoir à transmettre. Du coup, que les gens passent sur mon chantier, que je leur enseigne un truc, pour qu’après, peut-être un jour, ils le fassent chez eux, je trouve que la démarche est chouette.
En chantier, il y a peu d’artisans qui sont venus, ou quasi pas. Il y a le mec avec sa mini-pelle, qui est venu deux heures, et Gurun, qui est venu nous aider sur la charpente réciproque une journée, à la poser, et une demi-journée d’une copine qui est très spécialisée dans les enduits, qui est venue bosser sur le chantier une demi-journée. Sur la conception, on avait fait appel à Gurun aussi une journée. On avait été chez lui, on s’est posé, et il m’a expliqué comment on lui faisait. Après, il y a des trucs que j’ai pris, des trucs que j’ai moins pris, que j’ai fait différemment. Mais on avait pris une journée pour se poser pour des petits détails techniques. Et aussi, la copine qui fait les enduitères, on avait pris un peu de temps avec elle, un peu en amont, pour aussi discuter de choses et d’autres. en lien avec la terre. Et ouais, Gurune, on l’a fait venir sur la charpente pour s’économiser ça, parce que ça faisait partie des techniques que j’avais envie de mettre en œuvre, mais que j’avais aucune idée de comment on allait s’y prendre. Après avoir cherché un peu de doc, c’était que de la doc en anglais, pas hyper touffu, pas très bilingue. Et ça me semblait obscur, donc si je voulais m’y mettre, il fallait que je me trouve un chantier participatif. et ou que je fasse des maquettes échelle à petite échelle, après à grande échelle, enfin voilà, ça allait me demander un mois de boulot quoi, au moins. Donc faire venir Gurune une journée, ça me paraissait pas déconnant, ni en termes de finances par rapport à son travail, ni même en termes d’économie de temps pour moi. Ça faisait partie des trucs que je m’étais dit, je fais l’impasse, je peux pas tout maîtriser non plus, on lâche un peu, on y va. Mais sinon, tout le reste des fondations, à l’électricité, à la plomberie, tout le reste a été fait en autoconstruction.
ça demande pas mal de lâcher prise, même si je pense pas être d’un naturel anxieux. Par contre, j’ai un grand besoin de maîtrise, ça, c’est sûr. Et du coup, typiquement, moi, pendant le chantier, j’avais besoin d’avoir quatre plans. Il fallait le plan A, c’était le plan parfait, comment ça allait devoir se faire. Il fallait un plan B si ça se passait pas bien, mais un plan C et un plan D, c’était pas mal aussi. Et souvent, les plans B, ils servent. Les plans C, rarement. Et le plan D, j’en ai jamais eu recours. Mais avoir un plan B sur… Parce que quand il y a 10 personnes sur ton chantier, c’est rare, quand il y avait 10 personnes, c’était plus 5, 6. Mais quand il y a 5, 6 personnes qui sont là, il faut que tu leur donnes du boulot. C’est toi qui leur dis où aller. Et si le plan A, il marche pas, tu peux pas leur dire. Bon ben on verra demain quoi, faut que le chantier l’invente, eux ils viennent là aussi pour apprendre des choses et tout donc plan B direct et puis c’est parti.
Sur le budget, au fur et à mesure que j’achetais des matériaux, j’avais un tableur et je rentrais au fur et à mesure des dépenses, je notais les dépenses. Je notais même le temps. J’ai un chiffrage en argent et en temps du chantier, en temps des chantiers, en jour-homme. Donc une personne pendant un jour, c’est un jour-homme. Deux personnes pendant un jour, c’est deux jours-homme. Donc j’ai ce chiffrage. Le chiffrage en argent est à mon avis plus juste que le chiffrage en temps, parce que des fois… Enfin, puis j’ai pas compté le temps de réflexion, de conception, de chantier participatif, tout ça. J’ai vraiment compté juste le temps sur chantier. Et je ne sais plus de combien il est, mais le tableau de temps et d’argent est disponible sur mon blog. En argent, c’est autour des 21 000, mais en temps, je ne sais plus. Je crois que c’est autour des 700 jours homme. Un truc comme ça.
sur la planification du chantier, moi j’avais fait un espèce de diagramme de gant, pareil à la louche mais c’était au mois, ce mois-ci on fait les fondations et le soubassement, l’autre mois on essaye d’avoir fini les murs, l’autre mois on fait le toit et voilà donc c’était vraiment à la grosse grosse louche. On n’était pas non plus hyper pressés de rentrer dans la maison, parce qu’on était dans la yourte à côté, donc on était confort, voilà, c’était cool. Après, on avait quand même de fait des contraintes, surtout liées à la météo. Puis il y a la paille, parce que la paille, elle arrive à la moisson. Après la moisson, il faut se grouiller avant d’arriver à la saison où il pleut. À partir de septembre, ça commence à être compliqué de poser de la paille. Et de toute façon, si tu veux commencer à faire des enduits, il ne faut pas que ça soit dans la saison trop humide, sinon ça ne sèche jamais. Donc on avait quand même cette fenêtre météo qui était en fait, c’était ce qui nous foutait un peu la pression. C’est ce qui nous faisait avancer. Donc on a fait En gros, on a fait 4-5 mois de chantier quasiment non-stop en mode sprint, pas du tout se ménager de repos, alors que c’était plus ou moins planifié dans le diagramme de Gantt. On s’était dit, on va prendre la course comme ça, le chantier finalement ça durera ça, puis on pourra se reposer un peu. Bon finalement, en fait, sur un chantier, il y a tout le temps un truc à faire. Si t’es pas en train de le faire, t’es en train de l’essayer, vu qu’il y a quand même plein de trucs sur lesquels on a expérimenté et des trucs qui sont de toute façon… Tu peux pas avoir de recette sur des enduits en terre, par exemple. Tu peux pas avoir une recette toute faite que je te donne et puis tu le fais. Avec sa terre, il faut essayer sur des grandes surfaces, en jaugeant les différents mélanges de sable, de paille, faire des tests, des espèces de tableaux, et puis voir ce qui fissure, ce qui fissure pas, ce qui tient, etc. Donc tout ça, ça demande un temps considérable. Mais globalement, on a réussi à tenir nos délais, même sur l’entrée dans la maison pour ne pas rentrer aussi tôt. Du coup, ça a duré en gros un an et un mois, le chantier, et quatre mois de chantier participatif. Voilà, on a réussi à ne pas trop mal tenir les délais aussi en temps.
Nous, on partait de la base yourte, et dans la yourte, on avait fait le chemin d’aller vers de la sobriété. C’était aussi ce qui était motivant, en fait. Moi, j’ai fait plein de chantiers participatifs, en fait, où les mecs, ils rêvaient d’autonomie. Et en fait, une fois qu’ils ont fait leurs 150 mètres carrés de maisons en paille, ils sont juste rincés au bout de cinq ans. Et puis, en fait, une fois que t’as installé ton petit chauffe-eau électrique et tout le confort, tu remets pas en cause ce truc-là. C’est trop tard. Donc nous on avait fait un peu le truc inverse en se disant on emménage dans la yourte. On réduit nos besoins aussi en termes d’espace et en termes de tout, quoi, d’eau, d’électricité, tout ça. Et puis, du coup, après, on pourra faire une maison en fonction de nos vrais besoins qu’on aura revus à la baisse. Enfin, nos besoins conduissants, on va dire, plutôt. Donc, tout ce que… Sur la partie eau, par exemple, on avait fait le choix dans la yourte de ne pas avoir l’eau courante dans la yourte. alors qu’on aurait pu, parce qu’on était chez des gens, on avait ramené un tuyau d’eau de l’eau du robinet, quoi. Mais on avait fait le choix de le mettre devant la porte, à l’extérieur. Ce qui fait que… Alors on avait quand même un petit système de pont-papier dans un bidon d’eau propre qui se visait dans un bidon d’eau sale. Et en fait, le simple fait d’avoir à porter ton bidon de 20 litres juste de l’autre côté de la porte, qui était à 3 mètres, Alors ramener dans la maison, d’aller vider ton eau sale dans le potager, etc… Tu raisonnes ta consommation d’eau, il y a juste… C’est con, mais moi, je crois pas mal à l’autocontrainte. Si on ne s’impose pas nos propres contraintes, on n’y arrive pas. Moi, si tu ouvres le robinet, tu l’ouvres, personne ne va te dire, tu consommes un petit peu trop la planète. Personne ne dit ça. Si tu es capable de payer la facture, tu payes. Donc, s’ajouter cette contrainte-là, ça nous a permis de raisonner nos besoins en eau. Qu’est-ce qu’on a vraiment besoin ? Typiquement, À l’heure actuelle, le poste de dépense en eau le plus important, ça doit être la vaisselle. Depuis la yourte, on n’a pas retrouvé de l’eau courante dans la douche. On s’est dit que ça marche bien aussi sans. On avait un bac de douche, une bassine et un gant de toilette. Ça fait 5 ans qu’on vit comme ça. on ne sent pas plus fort que les autres, finalement. Donc il y avait ce truc-là, par rapport à l’eau, essayer de raisonner ses comportements en eau. Et du coup, au bout des trois ans de vie en yourte, on a quand même, dans la paille yourte, 1000 eaux courantes sur le robinet. Mais ce qu’on a observé, c’est qu’on n’a pas augmenté notre consommation d’eau.
Nous, on était quand même contraints d’avoir un système d’épuration autonome. Du coup, on a choisi la phytoépuration parce que c’était pertinent en termes d’impact écologique. Qu’on a auto-construit, accompagné, parce que tu peux pas le faire tout seul, tout seul, au regard de la loi. Et nous, vu qu’on arrivait sur le terrain en habitat temporaire de chantier, il fallait même qu’on la construise avant d’arriver, parce qu’ils autorisaient l’habitat temporaire de chantier sous couvert d’un assainissement réalisés et aux normes. Donc on n’a pas tiré la ficelle trop là-dessus. On a tiré la ficelle un peu, on les a taquiné un peu pour avoir une phyto mieux dimensionnée pour nos besoins, c’est-à-dire qu’ils considèrent les toilettes sèches aussi, parce qu’aux yeux de la loi, les toilettes sèches, ça n’existe pas vraiment. Ça existe a priori dans la norme, mais pas dans la loi. Du coup, tu ne peux pas le considérer dans un dimensionnement de phytoépuration. Le fait est que nous, on consomme 18 litres d’eau par jour et par personne, sans considérer notre fille qui a 3 ans encore. Donc le foyer consomme en gros 40 litres par jour. Donc nous, on considère qu’on consomme moins de 20 litres par jour par personne. En français moyen, c’est 150 litres d’eau par jour et par personne. Donc nous, on est plutôt au niveau d’un moyen d’un Africain sud-saharien. Du coup, ça va pour nous. On considère qu’on a quand même radicalement diminué notre impact en tout cas là-dessus. Du coup, on est plutôt satisfait de ça. Mais malgré ça, on a une phyto qui est la plus petite qu’on puisse avoir de tout ce qu’on puisse faire en termes de normes. Et malgré ça, elle est capable d’encaisser 450 litres d’eau par jour, je crois. Donc nous, on lui en donne 40. Elle a soif, la phyto. Les roseaux poussent doucement. Dans la yourte, on avait le poêlio. Ici, on a notre nouveau poêle et ça, c’est notre chauffe-eau en ce moment. Le chauffe-eau pour l’hiver. Le chauffe-eau pour l’hiver, ça marche très bien sur le poêle. Faire chauffer de l’eau sur le poêle, de toute façon, tu allumes ton poêle, tu peux faire chauffer de l’eau, ça me paraît pertinent. Et puis l’été, on se débrouille avec un four solaire. Dès que le four solaire est vide, parce qu’on ne fait pas de la cuisine dedans, on glisse notre gamelle noire et puis ça chauffe le reste du temps. Et puis à la saison intermédiaire, quand il n’y a pas de soleil et qu’on n’allume pas le feu, on a la gazinière et puis on fait cuire une bouilloire. Enfin, on allume une bouilloire. De toute façon, quand tu fais la débarque, encore une fois, de faire chauffer ton eau et que tu n’as pas l’eau chaude abondante au bout du robinet, tu en utilises beaucoup moins. Encore une fois, pour notre douche, on doit utiliser l’équivalent d’une bouilloire. En termes d’énergie et d’eau, c’est excessivement moins que… Une douche, en moyenne, c’est 10 litres par minute. Nous, on utilise 3 litres pour toute la douche. Et la douche moyenne en France, je crois que c’est 9 minutes. C’est beaucoup d’eau. On a un petit chauffe-eau maintenant de 20 litres. On a un mini chauffe-eau de camion de 20 litres. qui est alimentée électriquement avec une toute petite résistante de 300 watts avec le surplus d’énergie électrique solaire. Parce qu’avec l’énergie électrique solaire, en gros, quand tes batteries sont pleines sur un système autonome, tout le reste de la journée, si tu n’utilises pas cette énergie, elle n’est pas utilisée. Donc c’est une perte sèche. On utilise ce surplus d’énergie pour chauffer de l’eau dans ce petit ballon de 20 litres. 20 litres d’eau, ça chauffe assez vite. Du coup, j’ai récupéré un ballon avec échangeur thermique en plus, ce qui va permettre de brancher le poêle sur le ballon, pour récupérer les calories du poêle et l’envoyer dans le ballon d’eau chaude pour, en plus, quand il n’y a pas de soleil et qu’il n’y a pas de surplus d’énergie, c’est-à-dire l’hiver, on allume le poêle et du coup, on chauffe de l’eau. Clairement, là, je peux témoigner qu’entre un poêle en fonte et un petit poêle de masse, en tout cas dans notre cas, parce que si j’avais une plus grosse maison, il me faudrait un plus gros poêle de masse, le confort thermique est radicalement différent. À savoir que le soir, on n’a plus ce phénomène de surchauffe parce que le feu réchauffe la masse et ensuite la masse diffuse la chaleur doucement. Et en fait, la température, elle est tout le temps à 20, 21 degrés sans forcer.
termes de dimensionnement du poil, ça pour le coup, c’est hyper compliqué et j’ai fait… Je me suis un peu penché sur la question, je n’ai pas réussi vraiment à trouver de réponse parce que c’est… hyper dépendant. Il y a plein de calculs qui existent et j’ai l’impression qu’ils ne donnent pas tous ces… J’arrivais à des calculs de l’ordre où il fallait un kilowatt ou quatre kilowatts, hyper variable, avec des différentes formules. Du coup, j’ai un peu fait confiance à Agir LowTech et j’ai un peu sauté sur l’occasion du fait qu’ils construisaient un poêle pour petit habitat pour essayer. Et en fait, Il convient hyper bien, on fait une heure de feu par jour avec trois kilos de bois. Trois kilos de bois, c’est quatre à six bûchettes comme ça. Vraiment très peu de bois. Et voilà, ça fait une heure de flambée pour… et 24 heures après, la température, vu qu’on est dans un habitat où il y a de l’inertie, parce qu’il y a les murs en terre, le sol, il y a de l’inertie aussi dans la maison, les murs ne bougent pas en température.
La démarche qui est en cours, c’est poser des panneaux solaires sur vos toits et vous serez des écolos. Ce qui est clairement, à mon avis, pas la bonne démarche. Il faut d’abord réviser sa consommation. Et ça, ça marche pour tout, pour l’eau, pour l’électricité, pour tout ce qu’on veut. Et après, penser en production. Donc nous, c’est ce qu’on a fait. On a emménagé dans la yourte, on a révisé notre consommation et après, on a dit OK, avec cette consommation, qu’est-ce qu’il va me falloir comme panneaux solaires, comme stockage, etc. Et du coup, j’ai conçu l’installation solaire électrique autonome en fonction de ces besoins-là.
Ça a été un peu long et fastidieux. J’ai lu des bouquins, rencontré des gens. J’ai plein de fois, je me suis dit je ne vais pas y arriver. Notre installation solaire, elle est prévue pour un kilowatt heure jour de besoin journalier. Donc un kilowatt. Ça fait qu’en gros, par personne, on va considérer qu’on est deux et pas trois, parce que notre fille, pour l’instant, ne consomme pas vraiment beaucoup d’énergie. On va considérer que c’est 500 watts heure jour. En français moyen, c’est 7 kilowatts heure jour. Donc on a une installation solaire qui est 14 fois moins grosse que les besoins d’un français moyen. Donc c’est pour ça qu’une installation solaire autonome, elle peut être pertinente que si déjà elle est petite, pertinente en termes d’écologie, et si elle est petite et sobre.

Conclusion & ouverture

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Transcription

Si je pouvais donner un conseil pour ceux qui ont envie de s’installer, ça serait d’essayer, en fait. Il y a un adage qui dit que c’est en se plantant qu’on prend en racine. Il faut essayer, il faut se risquer. D’autant que je trouve que le risque n’est pas ouf. Ça peut être un changement de vie progressif. En tout cas, moi, je l’ai vécu comme ça, ça a été assez progressif. L’achat de la yourte, nous, on s’en est sorti pour 16 000 euros. Ça ne me semble pas l’investissement d’une vie comparé à pas mal d’autres investissements. C’est une somme, mais c’est pas… Et puis, comme je l’ai dit, ça se revend hyper bien. Donc il y a zéro… Le risque financier est maigre. Après, il y a le risque… Il n’y a pas le risque, il y a les peurs qui bloquent et tout ça. Donc ça, il faut arriver à mettre le doigt dessus. Qu’est-ce qui me bloque ? Pourquoi je ne suis pas déjà là ? Donc moi, ce qui m’a pas mal débloqué, c’est de participer au jeu du Tao, donc le livre du Tao. Ça fait partie du chemin qui m’a amené jusque-là. Je ne sais pas si c’est le seul truc, peut-être que c’était le moment pour moi, j’étais prêt et tout, mais en tout cas, ça a participé à mettre le doigt sur mes peurs, en tout cas, et à faire en sorte que j’avance vers ce truc-là. Donc voilà, le conseil c’est juste, faut essayer, faut arrêter de dire, faut le faire. Et c’est des choses qui m’ont valu des peurs, pas mal, notamment par rapport à la structure, en fait, cette histoire d’aller pousser les limites un peu plus loin pour la science, pour que demain on fasse des maisons comme ça ou différemment, mais en tout cas qu’on voit si ça marche ou ça marche pas. ça m’a causé des nuits blanches parce que, sur le coup, j’étais hyper content de contribuer. Et en même temps, une fois que c’était fait, que je l’avais au-dessus de ma tête, je me disais, oh là là, mais si ça se pète la gueule. Et qu’il y a moi et ou ma chérie et ma fille en dessous, c’est quand même pas terrible. Donc j’ai fait quand même pas mal de nuits blanches et j’étais complètement… Je psychotais complètement. J’avais un altimètre numérique et je regardais la descente de charge jour par jour. Enfin, voilà, je…

J’ai vraiment suivi ce truc-là. Et puis, j’ai fini par lâcher, au bout d’un moment, qu’on était, nous, dans la yourte et que la yourte vivait sa petite vie tranquille. On arrivait à la fin du chantier sur les finitions. Ça, c’était pas péter la tronche. Je me suis dit, bon, bah, allez, on verra bien. Et aussi, je me suis quand même auto-rassuré en me disant que c’est des maisons qui préviennent. C’est des maisons souples.

C’est un peu la fable du chêne et du roseau, de La Fontaine. Le roseau, il plie sous la tempête, alors que le chêne, il est fier, mais à un moment donné, il casse. C’est un peu ça avec ce type de maison. C’est des maisons souples qui vont prévenir s’il y a un problème. Les enduits vont fissurer. Ça va se voir, quoi. Ça va pas se péter la tronche tout de suite, alors qu’une maison en parpaing, généralement, ça tombe brutalement. Ou une maison en phénix ou un truc comme ça, c’est assez brutal. et chute. Voilà.


Retrouvez tout le contenu du MOOC ainsi que d’autres témoignage à l’adresse : https://mooc.hameaux-legers.org/

[vidéo] MiniMasse / Poêle de masse et chauffage au bois…

Si vous voulez comprendre pourquoi un poêle de masse est-ce pertinent ? Et avoir une présentation rapide du MiniMasse, cette vidéo est faite pour vous :

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Vous trouverez ici le diaporama (avec le lien vers les sources)

Pour vos questions poêles de masse : un forum dédié aux poêles de masse open source existe ! Venez discuter du MiniMasse, du poêlito et compagnie…
forum.poeledemasse.org

C’est le contenu d’une conférence que j’ai donné en 2023.

Diminuer son impact numérique : comment envoyer des pièces jointes

Petit tuto vidéo pour vous expliquer comment envoyer des pièces jointes en limitant votre impact sur l’environnement. Il s’agit d’un service (open source) d’envoi de fichier avec expiration

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Le service tourne avec un logiciel libre en PHP (sans base de donnée) que c’est « moi qui l’a fait » : file2link mais il y a beaucoup d’autres alternatives :

PvMonit 3.0 : Cloud + Programmation surplus d’énergie par Blockly

Je ne maintient actuellement plus PvMonit. Je tâche de faire prochainement un article pour vous donner quelques alternative.

La version 3.0 de PvMonit vient de sortir ! Au programme service de Cloud et gestion simplifié de la programmation des relais pour gérer le surplus d’énergie via Blobkly.

PvMonit c’est un logiciel libre de monitoring de système électrique solaire autonome qui est capable de gérer le surplus d’énergie solaire. Pour en savoir plus c’est par ici

Un petit tour vidéo des nouvelles fonctionnalités :

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Démonstration de l’interface blockly dans PvMonit c’est par ici.

Pour souscrire au service Cloud c’est par ici.

Programmer les ordres (surplus électrique)

La doc écrite est ici : https://framagit.org/kepon/PvMonit/-/blob/master/domo/relay.script.d/README.md et la doc vidéo c’est juste en dessous :

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Installation / mise à jour

Pour l’installation de PvMonit le tuto se trouve dans le INSTALL.md du projet : https://framagit.org/kepon/PvMonit/-/blob/master/INSTALL.md

Pour les mises à jours, reportez vous au UPGRADE.md : https://framagit.org/kepon/PvMonit/-/blob/master/UPGRADE.md

Si vous n’avez pas les compétences (ou pour soutenir le projet) je propose le service d’installation sur mesure « clef en main » ou le téléchargement d’une image pour la carte SD prêt à l’emploi.

Vous pouvez soutenir le projet par ici.

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